Enfants malades: une poupée pour adoucir l'hospitalisation

Enfants malades: une poupée pour adoucir l'hospitalisation

L'hospitalisation des enfants s'humanise progressivement en France, non sans mal, et l'arrivée dans une vingtaine de services pédiatriques de "Plume", une drôle de poupée blanche à colorier, marque une avancée des droits de l'enfant à l'hôpital.
L'hospitalisation des enfants s'humanise progressivement en France, non sans mal, et l'arrivée dans une vingtaine de services pédiatriques de "Plume", une drôle de poupée blanche à colorier, marque une avancée des droits de l'enfant à l'hôpital.
L'hospitalisation des enfants s'humanise progressivement en France, non sans mal, et l'arrivée dans une vingtaine de services pédiatriques de "Plume", une drôle de poupée blanche à colorier, marque une avancée des droits de l'enfant à l'hôpital. - Boris Horvat afp.com
© 2010 AFP

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L'hospitalisation des enfants s'humanise progressivement en France, non sans mal, et l'arrivée dans une vingtaine de services pédiatriques de "Plume", une drôle de poupée blanche à colorier, marque une avancée des droits de l'enfant à l'hôpital.

Avec ses deux oreilles, la poupée en tissu lavable, très légère, ressemble un peu à un lapin sur deux jambes.

"Poupée, lapin, doudou: c'est en fait un objet neutre qu'on propose aux soignants pour qu'ils l'offrent aux enfants et avec lequel chacun va pouvoir exprimer un certain nombre de choses", explique Sylvie Rosenberg-Reiner, 67 ans, ancienne pédiatre et anesthésiste, qui préside Apache (Association pour l'amélioration des conditions d'hospitalisation des enfants).

Le début de la distribution de "Plume" dans certains hôpitaux français coïncide avec le 21e anniversaire de la Convention internationale des droits de l'enfant, commémoré samedi prochain.

Cet "outil de médiation", tel qu'il est dénommé dans le langage médical, va permettre au jeune enfant, avec l'aide de feutres de couleur rétractables, d'exprimer ce qu'il ressent, de dialoguer avec les infirmières.

De son côté, le personnel soignant va pouvoir représenter sur cette poupée par exemple les soins qui vont être administrés à l'enfant.

"Nous montrons déjà les gestes que nous allons effectuer sur les poupées ou les nounours que les enfants apportent à l'hôpital, mais parfois ils ne veulent pas que l'on touche à leur compagnon, ce sera plus facile de partager +Plume+", estime Catherine Lepeltier, infirmière en gastro-entérologie à l'hôpital Necker-enfants malades (Paris XVe).

"C'est un outil formidable car il sollicite à la fois l'imaginaire des enfants mais aussi des soignants" estime pour sa part Michel Spodenkiewicz, pédopsychiatre à Necker, qui l'utilise déjà.

Financée par la MACSF, une mutuelle de professionnels de santé, la distribution de "Plume" marque une nouvelle étape dans l'amélioration des conditions d'hospitalisation des enfants.

Mais la France a mis longtemps avant de suivre l'exemple de certains de ses voisins, notamment de l'Angleterre, où les services pédiatriques sont couverts de décorations enfantines et où une loi, dès 1956, imposait la présence de la mère pour l'hospitalisation d'un enfant de moins de deux ans.

"Avec un petit groupe d'autres pédiatres, nous étions choqués par ce qui se passait dans les hôpitaux en France, dans les années 70", se souvient Mme Rosenberg-Reiner, qui milite depuis 40 ans pour adapter l'hôpital à l'enfant.

"Ce qui nous est apparu comme fondamental, c'est de considérer l'enfant comme une personne avec des besoins, des peurs, des angoisses et surtout des droits, le premier étant d'avoir ses parents" auprès de lui, affirme-t-elle.

Apache, créée en 1988, et d'autres associations comme Sparadrap ont fait peu à peu progresser les choses. Les clowns, la musique et autres activités ont pu faire leur entrée dans les hôpitaux

Mais si, selon Mme Rosenberg-Reiner, "75% des services pour enfants laissent entrer les parents, pratiquement tout le temps, 25% ne le font pas", s'offusque-t-elle.

Il reste un certain nombre de médecins hospitaliers en France qui "sont très bons techniquement, mais sur le plan des rapports humains, il y a quelque chose qui ne va pas", regrette-t-elle.

De fait, les enquêtes montrent que les familles se plaignent toujours du peu de temps accordé par le corps médical pour les informer sur les soins en cours.

"Mon petit garçon a passé un an en chirurgie viscérale et j'ai vu passer tous les jours les médecins, sans jamais s'adresser à moi", témoigne à Necker une jeune mère, Delphine de Chassey.