Mediator: le point sur un «désastre sanitaire»
DECRYPTAGE•Le médicament aurait causé au moins 500 morts...Julien Ménielle
Le Médiator c’est quoi?
Du chlorhydrate de benfluorex, un médicament autorisé depuis 1976. Initialement, il a été présenté comme un hypolipidémiant (un traitement chargé de faire baisser les lipides dans le sang). En 1987, les laboratoires Servier qui le commercialisent obtiennent que Mediator reçoive l’autorisation d’être employé comme adjuvant dans les régimes pour les patients qui ont trop de triglycérides. En 1990, une nouvelle indication est autorisée: le diabète de type 2. Il est cependant fréquemment présenté comme un médicament «coupe-faim».
Pourquoi est-il interdit?
Des cas de valvulopathies ont été rapportés. C’est pour cette raison que le médicament est interdit depuis novembre 2009. Un rapport de la Cnam rendu lundi à l’Afssaps estime que 500 personnes au moins sont mortes en 33 ans à cause du Mediator. Le benfluorex a une structure chimique apparentée à celle des dérivés del’Isoméride, coupe-faim des laboratoires Servier retiré de la vente en 1997 en raison de risque d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP). La revue médicale Prescrire réclamait l’interdiction de son cousin Mediator depuis plusieurs années.
Que doivent faire les patients qui ont pris du Mediator?
L’Afssaps a recommandé à toute personne ayant suivi ce traitement pendant au moins 3 mois entre 2006 et 2009 de consulter son médecin. De son côté, le nouveau ministre de la Santé Xavier Bertrand a appelé tous le patients qui ont pris du Mediator à se rendre chez leur médecin.
>> Tout ce que vous devez savoir si vous avez pris du Mediator est par ici.
Depuis quand sait-on qu’il est dangereux?
Pour l’Afssaps, le premier cas de valvulopathie a été identifié en 2006, et le second fin 2008. Avant cela, trois cas avaient été rapportés sans qu’ils puissent être attribués au Mediator. Au total, 42 cas ont été étudiés, pour la plupart déclarés courant 2009. Depuis la suspension de commercialisation, l’Afssaps a eu connaissance de 19 autres cas. Irène Frachon, pneumologue à Brest, dénonce depuis 2006 ce qu’elle estime être un «désastre sanitaire». En juin dernier, les laboratoires Servier ont même assigné en référé l’éditeur de son ouvrage Mediator, combien de morts? Et ont obtenu le retrait de la mention «combien de morts?»