Vos lunettes bientôt remboursées tous les trois ans au lieu de deux ?
on va voir flou•Les complémentaires santé tirent la sonnette d’alarme face à une envolée des dépenses d’optique20 Minutes avec AFP
La bataille est engagée entre les complémentaires santé et les opticiens. Face à une facture de l’optique jugée « déraisonnable », le syndicat professionnel des mutuelles, la Mutualité Française, préconise un remboursement de nouvelles lunettes tous les trois ans contre deux actuellement. De leur côté, les opticiens refusent d’être stigmatisés, dénonçant une « provocation ».
La consommation d’optique médicale (verres, montures, lentilles) a accéléré de plus de 29 % par rapport à 2013, pour atteindre 8,1 milliards d’euros, selon le service statistique public du ministère de la Santé (Drees). Les deux-tiers (plus de 66 %) de ces dépenses sont pris en charge par les mutuelles. Les verres représentent 65 % de la dépense d’optique médicale en 2023, les montures 25 % et les lentilles 10 %.
« Ce dynamisme de la consommation d’optique médicale pourrait s’expliquer par une fréquence de renouvellement accrue », un phénomène « encouragé par la réforme du 100 % santé » qui a mis en place depuis 2020 un remboursement d’un ensemble de verres et de montures, souligne la Drees.
Colère des opticiens
La mesure proposée par les mutuelles conduirait « les patients à espacer tout contact avec les professionnels de santé visuelle (opticien, ophtalmologue, orthoptiste) au détriment d’un suivi et d’un dépistage adéquats », a réagi le Rassemblement des opticiens de France (Rof), syndicat majoritaire du secteur, interrogé par l’AFP. Et ce, « dans un contexte où le vieillissement de la population et l’exposition aux écrans accroissent la prévalence des troubles de la vision […] ».
« Les opticiens n’ont pas aujourd’hui à solvabiliser l’incapacité qu’ont les complémentaires à maîtriser leurs coûts de gestion », a pour sa part rétorqué Hugues Verdier-Davioud, qui préside la fédération nationale des opticiens de France (Fnof).
Par ailleurs, entre 2020 et 2024, les opticiens n’ont reporté les coûts liés à l’inflation « que très marginalement sur les prix de vente » et les plafonds tarifaires du 100 % Santé n’ont « pas été revalorisés », alors qu’ils occupent aujourd’hui 20 % du marché de l’optique en volume, souligne-t-il.
Agir sur les fraudes
Parmi les autres pistes transmises au gouvernement qui cherche à réduire les dépenses publiques, la Mutualité Française appelle aussi à « lutter contre toutes formes de fraudes ».
« Cela doit être la priorité afin d’éviter la sanction collective » que représenterait un allongement des délais de renouvellement optique pour les Français, abonde le syndicat national des ophtalmologues de France (Snof).
« Il faut faire en sorte que la publicité sur ces dispositifs médicaux s’arrête ou bien soit fiscalisée » au lieu de répercuter son coût sur le prix de l’équipement, préconise Hugues Verdier-Davioud.