Virus du Nil occidental : Que sait-on des contaminations recensées dans le Var et en Guadeloupe ?
Virus•Trois cas d’infection au virus West Nile (ou du Nil occidental) ont été identifiés dans le département du Var, ainsi qu’un autre en Guadeloupe
Anissa Boumediene
L'essentiel
- Trois cas de contaminations autochtones au virus West Nile, ou virus du Nil occidental, ont été identifiés en région Paca, a indiqué l’Agence régionale de santé ce lundi.
- Quelques jours plus tôt, un cas avait également été rapporté par l’ARS de Guadeloupe.
- Comment se transmet ce virus ? Quels symptômes provoque-t-il ? Et comment lutter contre sa diffusion ? « 20 Minutes » vous explique ce que l’on sait de ce virus.
Trois contaminations autochtones au virus West Nile, ou virus du Nil occidental, ont été identifiées dans le département du Var, a indiqué l’Agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) ce lundi. Quelques jours plus tôt, le 7 août, l’ARS Guadeloupe était informée de la détection du premier cas humain d’infection sur son territoire.
Comment se transmet-il ? Quels sont les risques pour la santé en cas de contamination ? 20 Minutes vous explique ce que l’on sait du virus du Nil occidental.
Un virus transmis par les moustiques
L’infection à virus West Nile (WNV) est « une maladie virale, transmise par les moustiques qui se contaminent exclusivement au contact d’oiseaux infectés, explique l’ARS Paca. L’homme et le cheval sont des "hôtes accidentels" du virus. Il n’y a pas de transmission du virus d’homme à homme (ou du cheval à l’homme) via le moustique ». En pratique, « dans les zones tempérées, la transmission du VWN est saisonnière, lors de la période d’activité des moustiques, soit de juin à fin novembre pour la France métropolitaine, complète Santé publique France. Le virus peut également être transmis, plus rarement, par les produits d’origine humaine : transfusion sanguine et transplantation d’organes, de tissus ou de cellules. Des cas de transmission de la mère à l’enfant durant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement ont également été décrits ».
Mais dans la très grande majorité de cas, les contaminations se font par piqûre de moustique « Culex, le moustique commun en France métropolitaine, poursuit l’ARS Paca. Il pique essentiellement en soirée et la nuit, contrairement au moustique tigre qui pique essentiellement le jour ». Il s’agit plus précisément de « Culex pipiens, qui est originaire d’Europe et présent dans l’ensemble de l’UE/EEE » (Union Européenne et Espace économique européen), selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).
Et dans le sud de la France, l’agence sanitaire précise que « trois cas autochtones d’infection à virus West Nile ont été identifiés dans le département du Var : une personne à Ollioules, une personne à Six-Fours-les-Plages et une personne à La Seyne-sur-Mer ». En parallèle, « un cas équin a été détecté dans la même période à Six-Fours-les-Plages ». En dans les Antilles, la personne qui a contracté le WNV est « un homme qui a été contaminé par la piqûre de moustiques porteurs de la maladie, lors de son séjour en Guadeloupe, informe l’ARS de Guadeloupe. Ce patient est actuellement pris en charge à l’hôpital ».
Les arboviroses en hausse
Des contaminations pour l’heure isolées, mais qui préoccupent les autorités sanitaires. Les arboviroses, ou maladies liées aux moustiques, sont en nette hausse en Europe, le changement climatique créant des conditions plus favorables à la propagation de moustiques invasifs, a averti le 6 août l’ECDC. « L’Europe constate déjà que le changement climatique crée des conditions plus favorables à la propagation des moustiques invasifs dans des zones auparavant épargnées et à l’infection d’un plus grand nombre de personnes par des maladies telles que la dengue », a souligné Andrea Ammon, directeur de l’agence de santé de l’UE.
Pour ce qui est du virus du Nil occidental, 713 cas autochtones ont été enregistrés dans 123 régions de neuf pays de l’UE en 2023, avec 67 morts. S’il s’agit d’un recul par rapport aux 1.133 cas de 2022, le nombre de régions touchées est au plus haut depuis 2018. Et la France figure donc sur la liste des pays touchés.
« Il est largement anticipé que le changement climatique ait un impact important sur la propagation des maladies transmises par les moustiques en Europe, par exemple en créant des conditions environnementales favorables à l’établissement et à la croissance des populations de moustiques », souligne l’ECDC.
Lutter contre les moustiques responsables
A ce jour, il n’existe ni traitement ni vaccin contre le WNV. Seule une prise en charge des symptômes peut être proposée. En cas de contamination, « 80 % des personnes infectées restent asymptomatiques ou peu symptomatiques », indique Santé publique France. Mais « dans 20 % des cas, la maladie se présente sous forme d’un syndrome de type grippal avec une fièvre, des maux de tête, des courbatures, complète le ministère de la Santé. Et dans des cas beaucoup plus rares (un cas sur 150 environ), la maladie se présente sous une forme neurologique sévère (méningite aseptique, méningo-encéphalites, paralysie flasque aiguë, syndrome de Guillain Barré) principalement décrite chez des sujets fragilisés. La létalité a été évaluée à 2 % des infections ».
D’où l’importance d’agir à la racine en contenant la prolifération des moustiques responsables des contaminations. Pour l’ECDC, des mesures coordonnées de lutte, telles que les moustiquaires, insecticides et les pulvérisations à domicile d’insecticide à effet rémanent, sont cruciales pour endiguer ces maladies transmises par des moustiques infectés. Enlever l’eau stagnante des balcons et jardins et se protéger constituent également des mesures indispensables, ajoute l’ECDC.
En région Paca, les cas déclarés à l’ARS ont fait l’objet d’une enquête, menée en collaboration avec « la cellule régionale de Santé publique France, afin d’identifier les lieux possibles de contamination, précise l’agence sanitaire. L’Entente interdépartementale de démoustication (EID) Méditerranée mène des investigations dans ces secteurs afin d’identifier les éventuels lieux de prolifération de moustiques Culex ». En parallèle, « l’ARS Paca a renforcé le dispositif de surveillance des infections à virus West Nile en sensibilisant les établissements et les professionnels de santé du secteur à l’identification et au dépistage de tout cas suspect ». Et des « mesures de sécurisation des dons de sang et d’organes dans le Var ont temporairement été mises en œuvre par l’Etablissement français du sang et l’Agence de biomédecine ».