« Certaines femmes veulent augmenter leur point G mais ne savent même pas où il se trouve », explique une chirurgienne
sexualité•Pour décupler leur plaisir, certaines femmes se rendent chez leur chirurgien afin de se faire augmenter le volume de leur point G. Bonne ou mauvaise idée ?
Lise Abou Mansour
L'essentiel
- Pour décupler leur plaisir, certaines femmes décident de se faire augmenter le volume de leur point G, une zone érogène située sur la paroi antérieure du vagin.
- Une injection pratiquée chez des femmes ayant déjà ressenti des orgasmes « vaginaux » (qui sont en réalité clitoridiens) mais qui en ont moins, voire plus du tout, notamment après la ménopause ou un accouchement.
- Mais attention à l’arbre qui cache la forêt. « Quand j’interroge une patiente, je me rends parfois compte que ce n’est pas elle la responsable mais son partenaire qui ne s’intéresse pas du tout à son plaisir à elle », raconte Sylvie Abraham, chirurgienne plastique et esthétique. « Et une injection dans le point G n’y changera rien. »
Pour augmenter son plaisir sexuel, à chacune sa solution. Certaines femmes explorent leur sexualité en solo, d’autres tentent de nouvelles expériences avec leur partenaire quand d’autres quittent ledit partenaire pour multiplier les aventures. Mais il existe une autre option choisie par certaines femmes : l’intervention médicale. L’idée ici n’est pas de se faire gonfler ses lèvres ou sa poitrine mais… son point G. Oui, vous avez bien lu.
Pour comprendre de quoi il s’agit, petite parenthèse sexo pour commencer : le point G est « une zone érogène située à 1 à 4 centimètres de profondeur sur la paroi antérieure du vagin », explique Sylvie Abraham, chirurgienne plastique et esthétique. Et l’orgasme provoqué par la stimulation de cette zone est en réalité un orgasme clitoridien car « le point G est une partie interne du clitoris ». Fin de la parenthèse.
Une injection d’acide hyaluronique
S’il est difficile d’obtenir des chiffres exacts sur la fréquence des augmentations du point G, Sylvie Abraham en réalise « chaque semaine » dans son cabinet parisien. Et leur nombre serait, selon elle, en augmentation.
Concrètement, il existe deux types d’augmentation, celle médicale et celle chirurgicale. La première consiste à injecter de l’acide hyaluronique dans la zone concernée pour augmenter son volume. Ce procédé médical peut être réalisé sans anesthésie mais ses effets ne durent que quelques mois. L’augmentation chirurgicale permet, elle, de grossir la zone de manière définitive. Pour ce faire, le médecin y injecte de la graisse issue d’une autre partie du corps de la patiente.
Une atrophie du point G à la ménopause
Si le point G n’est pas profond (1 à 4 centimètres pour ceux qui suivent) et semble facilement atteignable avec un doigt d’une taille normale, alors pourquoi augmenter son volume ? La chirurgienne parle de « bonnes » et de « mauvaises » indications. Première catégorie : des femmes ayant déjà ressenti des orgasmes « vaginaux » et qui ne ressentent désormais plus de plaisir ou beaucoup plus difficilement. « C’est notamment le cas à la ménopause, où une atrophie du point G se produit, ainsi qu’après l’accouchement car il y a un élargissement vaginal et le point G devient moins saillant », explique la médecin. En grossissant la zone érogène, elle deviendra plus facilement repérable et donc stimulable.
A contrario, la chirurgienne n’effectuera aucune augmentation sur une jeune fille ayant des rapports sexuels depuis peu de temps et étant déçue après ne pas avoir eu d’orgasme vaginal. « Je conseille plutôt de tenter d’améliorer la technique des rapports. Il ne faut pas médicaliser la quête du plaisir sexuel à un âge très jeune. »
Une éducation sexuelle
« Entre ces deux catégories, il y a un panel de femmes qui n’ont pas trop de plaisir et voudraient améliorer les choses », poursuit Sylvie Abraham. Dans ce cas, il s’agit de comprendre d’où vient le manque de plaisir. C’est la raison pour laquelle la chirurgienne ne réalise jamais d’augmentation dès la première consultation. Un rendez-vous préalable permet d’abord d'éliminer une cause organique, comme un vaginisme, mais aussi, parfois, de lever des tabous. « Certaines femmes viennent pour qu’on augmente leur point G mais ne savent même pas où il se trouve. » La médecin doit alors faire preuve de pédagogie. « Je leur montre, puis je leur donne un doigtier ou un gant pour qu’elles le trouvent. Je leur dis ensuite de s’entraîner chez elle et de revenir si ça ne fonctionne pas. »
Mais tout n’est pas qu’une question physiologique. « Certaines patientes reviennent deux ans après pour une autre intervention et me disent qu’elles n’ont plus besoin d’injection dans le point G car c’est encore efficace. Pourtant c’est impossible puisque au bout de quelques mois, l’acide hyaluronique n’est plus présent. » La médecin l’assure, c’est seulement le mécanisme du plaisir qui est réactivé. Une sorte de rééducation.
Le manque de plaisir cache parfois autre chose
Mais derrière le manque de plaisir se cache parfois une réalité difficile à accepter, comme un manque de désir pour son partenaire, voire des violences sexuelles subies par le passé. « Quand j’interroge une patiente, je me rends parfois compte que ce n’est pas elle la responsable mais son partenaire qui ne s’intéresse pas du tout à son plaisir à elle. Et une injection dans le point G n’y changera rien. »
Plus d'infos sur l'actu sexoD’où notre stupéfaction à la lecture d’un paragraphe sur le site Internet d’une clinique parisienne cossue pratiquant cette intervention. « Vous pourrez garder votre petit secret pour vous et bien souvent votre partenaire pensera que l’amélioration et l’épanouissement de votre vie sexuelle sont liés à ses excellentes performances. » On vous en supplie, ne faites pas ça. Car la meilleure solution reste avant tout la communication.