La France va mal. Le cul aussi ? Telle est la question qui se pose à la vue d’un tag le long du canal de l’Ourcq à Paris : « Macron a tué ma libido ». Et si c’était vrai ? Et si en plus de dissoudre l’Assemblée nationale, le chef de l’État avait aussi dissous la libido des Français et des Françaises. Au cœur d’une actualité politique anxiogène et d’une république incertaine, sommes-nous encore capables de prendre notre pied au lit ?

Avant de parler sexe, il faut discuter moral. A l’heure de la dissolution, une enquête menée par la Fondation Jean-Jaurès (think tank reconnu d’utilité publique) et le journal L’Opinion, montre que celui des Français est clairement en berne. Ce sondage, mené du 19 au 21 juin dernier, sur un échantillon de 1.000 personnes de plus de 18 ans, de tout sexe, catégorie socioprofessionnelle et commune de résidence confondus, révèle que les Français oscillent entre « tristesse » et « peur » depuis la convocation des législatives anticipées. Globalement ce sont 34 % des sondés qui se déclarent moins heureux voire triste pour 29 % d’entre eux. En parallèle, près de la moitié soit 47 % se disent moins sereins et 39 % se déclarent carrément angoissés.

Le stress ennemi d’une libido épanouie ?

« Le stress a un impact direct sur la libido puisqu’il crée des tensions et des contractions du corps qui empêchent la détente nécessaire à la sexualité », explique d’entrée de jeu Jane Oberdorff, sexothérapeute et thérapeute de couple à Paris. « Le cerveau a du mal à faire deux choses en même temps et si on ne parvient pas à lâcher prise ou à prendre du recul sur des situations négatives, cela devient compliqué », ajoute l’experte. En d’autres termes s’envoyer en l’air en imaginant un leader du RN en chef du gouvernement peut s’avérer contre productif dans l’intimité.

En revanche, pour d’autres, la sexualité est parfois un défouloir et dans ce contexte le stress peut avoir du bon. « Dans les moments d’incertitude comme on peut le vivre actuellement, la pulsion de vie va prendre le relais et va s’exprimer par la sexualité », explique ainsi Jane Oberdorff.

Si la thérapeute reconnaît recevoir de nombreux patients en proie à une baisse de leur libido dans le contexte actuel, elle confesse que ces mêmes patients lui confient aussi des soucis intimes liés à la météo morose de ces dernières semaines. « Pour la majorité, ce sont des patients que je voyais déjà pour des difficultés de libido avant le contexte politique du moment », conclut la spécialiste.

Minés par les inquiétudes et une certaine forme de pessimisme voire de fatalisme face à la situation du pays – et sans parler de la météo grenobloise de ces derniers mois –, certains et certaines ont ainsi du mal à faire l’amour. Alors que les macronistes avaient choisi « Besoin d’Europe » comme slogan de campagne aux dernières élections européennes, tout porte à croire que les Français ont surtout besoin d’orgasmes. Cela passera-t-il dimanche en premier lieu par bourrer les urnes ?