toujours plusL’extenseur de pénis est-il vraiment efficace et quels sont ses risques ?

L’extenseur de pénis est-il vraiment efficace et quels sont ses risques ?

toujours plusCe dispositif médical vendu entre 100 et 200 euros et non remboursé s’avère contraignant et ses résultats… plutôt modestes
Lise Abou Mansour

Lise Abou Mansour

L'essentiel

  • À l’occasion de la sortie de « Supersex » sur Netflix, série racontant l’histoire de la star du porno Rocco Siffredi (au chibre prétendument démesuré), on s’intéresse à une méthode d’allongement de la verge : l’extenseur de pénis
  • Ce dispositif médical est utilisé dans le cadre de pathologies comme la maladie de Lapeyronie, mais aussi par des hommes souffrant de dysmorphophobie, sensation d’avoir un pénis trop petit bien qu’il se trouve dans la norme.
  • « Certains s’attendent à des trucs de dingue alors que le gain est plutôt modeste, témoigne la chirurgienne urologue Charlotte Methorst. D’après plusieurs études, seuls 30 % des patients sont satisfaits du résultat final. »

L’instrument a des allures d’outil de torture. Deux anneaux dans lequel on insère sa verge sont reliés par deux tiges latérales qui vont être progressivement allongées. Une sorte d’écartèlement du phallus. Le petit nom de ce dispositif : un extenseur de pénis. Vous avez mal rien que d’y penser ? Nous aussi.

Un extenseur de pénis. (Illustration)
Un extenseur de pénis. (Illustration) - Jes-Extender/Caters News

De nombreux hommes jugent la taille de leur sexe insuffisante. Une source de complexe qui peut virer à l’obsession et en pousser certains à tenter par tous les moyens d’agrandir leur organe. Chirurgie, médicaments mais aussi dispositifs médicaux comme l’extenseur de pénis. Le pari de cet objet vendu entre 100 et 200 euros sur Internet (non remboursé) : étirer de manière progressive et continue la verge afin de l’allonger. Sur Internet, on assure que ce « dispositif médical » a une « efficacité redoutable » « prouvée cliniquement » et que tout cela ne présente « aucun risque pour la santé ». À l’occasion de la sortie de « Supersex » sur Netflix, série racontant l’histoire de la star du porno Rocco Siffredi (au chibre prétendument démesuré), on a voulu vérifier.

Un faible gain pour une utilisation contraignante

Vous l’aurez compris, l’instrument est légèrement contraignant. La personne doit le porter cinq à neuf heures par jour pendant trois à six mois avant de pouvoir constater les premiers résultats. « On ne mange, plus, on ne dort plus, on ne peut plus travailler », ironise l’urologue sexologue Vincent Hupertan. « Même si le télétravail ouvre la voie à pas mal de possibilités », blague Stéphane Droupy, professeur d’urologie au CHU de Nîmes et à l’université de Montpellier.

Une utilisation astreignante pour une efficacité toute relative. « Les quelques publications ayant été réalisées montrent des résultats positifs mais pas extraordinaires avec un gain allant d’un et deux centimètres de longueur », explique le professeur d’urologie. Des études qui évaluent seulement la taille du phallus au repos. La circonférence, elle, n’est pas modifiée. « D’après les dernières études, l’effet perdurerait dans le temps », selon la chirurgienne urologue Charlotte Methorst.

Car le pénis n’est rien d’autre qu’un corps caverneux composé de fibres de collagène. « A force de tirer sur le tissu conjonctif, on peut avoir un relâchement qui se fait après un certain temps », précise Vincent Hupertan. Un peu comme une boucle d’oreille trop lourde qui distendrait progressivement le lobe.

Pour des cas pathologiques… mais pas seulement

Charlotte Methorst prescrit régulièrement des extenseurs de pénis. La médecin s’occupe essentiellement d’hommes et d’adolescents ayant des pathologies de la verge, tels que la maladie de Lapeyronie. Une maladie qui consiste en un épaississement fibreux contractant et déformant le pénis, le rendant à la fois moins droit mais aussi plus court. Une pathologie qui n’est pas grave en soi mais qui peut s’avérer psychologiquement dévastatrice.

Mais des hommes n’ayant aucun problème médical ont aussi recours à cet instrument. « L’homo sapiens rêve depuis toujours d’un pénis plus grand que celui qu’il a », résume Vincent Hupertan. Pour cette catégorie de patients, le remède est avant tout psychologique. « On prend des mesures pour les rassurer sur le fait que la taille de leur pénis est tout à fait dans la norme. Sans les dissuader, on leur explique que ce n’est pas forcément cela qui va rendre leur sexualité plus épanouissante. En consultation d’urologie, dans 90 % des cas, cela suffit à les rassurer. » Le but étant d’éviter que ces patients passent par la case chirurgie esthétique.

Des risques liés à une mauvaise utilisation

Selon les médecins, les extenseurs qu’ils prescrivent sont des dispositifs médicaux testés sur des patients dont ils connaissent la fiabilité et l’absence de dangerosité, développés par des professionnels de santé et vendus par des prestataires médicaux. Mais les extenseurs sont aussi fournis dans des sex-shops ou via les réseaux sociaux. Des produits alors bien moins sûrs. « L’ANSM [Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé] a mis en place des normes pour ces dispositifs, avec un marquage CE [conformité européenne] permettant d’en assurer la sûreté », prévient Charlotte Methorst.

Des effets secondaires tels qu’une baisse de la sensibilité du gland qui peut être légèrement engourdi mais aussi des ecchymoses et hématomes sur le pénis ont été remontés. « Mais cela ne concerne qu’une minorité de patients », assure la médecin. L’extenseur doit aussi être utilisé correctement, au risque de se blesser. « Si on s’endort avec, le gland peut être étranglé et cela va créer une perte de sa sensibilité », souligne Vincent Hupertan.

Des promesses folles pour 70 % d’insatisfaction

Autre risque, moins grave : la déception. Car certains sites promettent un gain de près de cinq centimètres de longueur en érection et une augmentation de plusieurs centimètres de la circonférence. De quoi faire des déçus. « Certains s’attendent à des trucs de dingue alors que le gain est plutôt modeste, témoigne Charlotte Methorst. D’après plusieurs études, seuls 30 % des patients sont satisfaits du résultat final. »

Pour éviter d'aller jusque-là, on le rappelle, la taille ne fait pas tout. Ce qui compte, c’est avant tout ce qu’on en fait. Et en plus d’un pénis, on est également dotés de doigts et d’une langue qui permettent de donner bien du plaisir.