Hôpital : Avec 1,2 milliard d’euros de déficit cumulé, les CHU alertent sur une « dégradation profonde et rapide »
(mauvaise) santé•Ces difficultés sont « peut-être les plus graves depuis la création des CHU en 1958 » s’inquiètent les instances représentatives des directeurs, doyens et médecins20 Minutes avec AFP
Une « dégradation profonde et rapide »… Les 32 centres hospitaliers universitaires (CHU) français ont atteint un déficit cumulé de 1,2 milliard d’euros fin 2023, soit trois fois plus qu’en 2022, où il était de 402 millions d’euros, alertent ce lundi les instances représentatives des directeurs, doyens et médecins, réclamant des « mesures d’urgence ».
« La capacité d’autofinancement des CHU, et par conséquent d’investissement, a chuté de 86 % », poursuivent-ils. Ces difficultés sont « peut-être les plus graves depuis la création des CHU en 1958 ».
Des chiffres qui « pèsent lourdement sur les espoirs d’embellie »
Cette dégradation « est liée à plusieurs facteurs externes », dont une explosion des dépenses en raison de l’inflation (avec un reste à charge pour les CHU de 585 millions d’euros en 2023), un manque de financement de mesures du Ségur de la santé et une baisse des recettes dues aux fermetures de lits après l’épidémie de Covid-19, expliquent les présidents.
Ces chiffres « pèsent lourdement sur les espoirs d’embellie », récemment constatée sur le plan de l’attractivité des carrières et de la fidélisation des soignants, estiment-ils. Les CHU ressentaient en effet « un léger mieux en matière d'absentéisme », malgré un « turnover toujours important chez les infirmiers ». « Même si on a pu rouvrir des lits ces derniers mois, plusieurs secteurs sont en grande difficulté, comme la gériatrie, la pédiatrie ou la psychiatrie », détaille dans le communiqué le Pr Rémi Salomon, qui représente les médecins.
« Stratégie de financement à long terme »
La situation actuelle va selon eux entraîner « un allongement des délais de paiement des fournisseurs et une fragilisation profonde des opérations d’investissement Ségur, dans un moment où le recours à l’emprunt est plus difficile et plus coûteux ». « A court terme, il est encore temps d’éviter le pire », plaident-ils.
Ils appellent les pouvoirs publics à « compenser l’inflation » élevée de 2023 et à « restituer aux hôpitaux publics » la part de l’Ondam (objectif national des dépenses de l’assurance maladie) réservée aux hôpitaux mais qui n’a pas été effectivement consommée - un montant qu’ils estiment à 800 millions d’euros. Ils réclament enfin une « stratégie de financement à long terme ».