Les étudiants médecins s'entraînent sur des mannequins qui coûtent un bras
Médecine•On a visité le centre de simulation de la faculté de médecine de l’université catholique de Lille. C’est là que les étudiants pratiquent sur des mannequins high-tech les gestes qui vous sauveront la vieMikaël Libert
L'essentiel
- La faculté de médecine de l’université catholique de Lille dispose d’un véritable centre de simulation où les étudiants sont mis en immersion clinique au plus proche de la réalité hospitalière.
- Il s’agit de former les futurs médecins et sages-femmes sur des mannequins et simulateurs avant qu’ils ne soient en contact avec de vrais patients, ce qui « n’est plus éthiquement possible puisque ces gestes sont possibles sur des simulateurs », explique le Dr Thierry Van Der Linden, médecin réanimateur et responsable du Prismm.
- Le centre dispose de mannequins de haute technologie capables de reproduire de nombreux symptômes pour un coût allant jusqu’à 80.000 euros, ainsi que des simulateurs de parties du corps humain.
Si vous pensiez encore que les étudiants en médecine s’exerçaient sur les patients des hôpitaux, vous avez tort. Enfin presque. Certes, dès la 2e année, les futurs médecins effectuent des stages dans les services jusqu’à soigner eux-mêmes des malades lorsqu’ils deviennent internes. Mais avant cela, tous passent par la case simulation. Ainsi, chaque faculté de médecine possède désormais des mannequins de haute technologie qui essuient les plâtres des débutants. C’est notamment le cas à la faculté de médecine et maïeutique de l’université catholique de Lille.
C’est un étage complet de la faculté qui a été transformé en hôpital pour accueillir le centre de simulation, appelé Prismm. Tous les codes sont fidèlement reproduits, à l’exception de l’odeur spécifique qui règne dans les établissements de soins. Il n’y a pas non plus de patients, du moins pas vivants, mais en ouvrant une première porte, on tombe sur Simone, les pieds accrochés aux étriers d’une table d’obstétricien. Ce mannequin de femme enceinte qui coûte plus de 30.000 euros, est utilisé pour les simulations de maïeutique, notamment par les élèves sages-femmes. Aux côtés de Simone, son enfant, Johnny, n’est pas moins perfectionné et l’addition s’en ressent : 40.000 euros.
Dans une autre chambre, allongé dans un lit d’hôpital, un mannequin d’homme sans nom. Facturé 80.000 euros par le fabricant, il permet de simuler tout un tas de pathologies avec des symptômes plus vrais que nature.
Un simulateur pour disséquer
« Il s’agit de faire de la simulation en immersion clinique au plus proche de la réalité hospitalière », explique Guillaume Ficheux, médecin et coordinateur du centre de simulation. Depuis sa cabine, caché derrière un miroir sans tain, il pilote par ordinateur le mannequin. Rythme cardiaque, saturation en oxygène, transpiration, dilatation des pupilles, respiration, gonflement de la langue… Tout est paramétrable pour simuler une pathologie et faire évoluer l’état du malade en fonction des interventions des étudiants. Idem pour la femme enceinte, laquelle subira aujourd’hui une hémorragie du post-partum.
Outre les mannequins entiers, la fac possède aussi des faux « morceaux de corps » servant à simuler des actes précis, comme une ponction lombaire ou une intubation. « Avant, on apprenait sur des malades, maintenant, ce n’est plus éthiquement possible puisque ces gestes sont possibles sur des simulateurs », nous explique Thierry Van Der Linden, médecin réanimateur et responsable du Prismm. Il y a bien encore quelques sessions de dissection sur de vrais corps généreusement légués à la science, même si, pour cela aussi, la fac possède un simulateur. C’est une sorte d’iPad géant figurant une table de dissection virtuelle. Les images 3D que les étudiants manipulent sont issues de la numérisation de vrais corps, coupés en tranches micrométriques. Le résultat est bluffant, un peu comme si l’on voyageait à l’intérieur d’un corps humain. « On y passerait des heures », reconnaît le Dr Ficheux.
Découvrez les mannequins high-tech de l’université catholique de Lille dans la vidéo placée en tête de cet article.
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