prévention« Les jeunes ne sont pas au courant » de la gratuité des préservatifs

Sexualité : Pourquoi le préservatif gratuit en pharmacie n'est pas un réflexe pour les jeunes ?

préventionSi les moins de 26 ans bénéficient depuis le 1er janvier 2023 de préservatifs gratuits délivrés en pharmacie, ils semblent bien peu à être au courant de cette mesure
Lise Abou Mansour

Lise Abou Mansour

L'essentiel

  • Une vaste campagne de communication débute ce lundi, avec pour objectif d’informer les jeunes de leur droit à bénéficier, depuis le 1er janvier 2023, de préservatifs masculins gratuits dans toutes les pharmacies de France.
  • Car ils semblent bien peu à être au courant de cette mesure.
  • Pourquoi ? Nous avons posé la question à des représentants de syndicats de pharmaciens.

A partir de ce lundi, dans certains fast-foods, via des plats commandés en ligne ou dans votre salle de ciné, se cacheront des emballages de préservatifs. A l’intérieur, aucun objet en latex, et sur l’enveloppe, une inscription : « Les capotes gratuites, c’est pas ici. C’est dans toutes les pharmacies. RDV sur capotes-gratuites.fr » But de cette campagne : informer les jeunes hommes et femmes de moins de 26 ans de leur droit à bénéficier de préservatifs masculins gratuits dans toutes les pharmacies de France depuis le 1er janvier 2023.

Près de 7,8 millions de préservatifs remboursés ont été délivrés de janvier à juin, selon les chiffres du ministère de la Santé, alors que les 15-24 ans représentent 8,2 millions de personnes en France. La dynamique a baissé au cours de l’année, puisque 2 millions de protections avaient été données au mois de janvier. Si le ministère de la Santé y voit « un véritable succès », plusieurs représentants de syndicats de pharmaciens regrettent le manque de communication à ce sujet.

Un manque d’information

« Nous avons eu pas mal de demandes au tout début mais depuis, plus grand-chose, résume Christophe Le Gall, président de l’Union nationale des pharmaciens de France (UNPF). L’information n’a pas vraiment circulé jusqu’aux patients. » Même constat pour Pierre-Olivier Variot, président de l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Les jeunes ne sont pas au courant. »

Exemple assez parlant : les pharmaciens dispensent bien plus de préservatifs d’autres marques, non pris en charge, que de préservatifs Eden et « Sortez couverts », les marques de protections remboursées, selon Pierre-Olivier Variot. « Cela s’explique peut-être aussi par un manque d’attractivité car les préservatifs gratuits sont basiques. Il y a deux tailles mais pas différents parfums et textures. » Selon le président de l’USPO, c’est davantage le manque d’information qui est en cause. « Au vu de la faible campagne de communication, on s’attendait à des chiffres pareils. »

Le rôle du pharmacien

Pour le président de l’UNPF, le pharmacien a aussi un rôle à jouer dans la démocratisation de cette mesure. Dans certaines officines, en effet, impossible de savoir que les capotes sont gratuites pour les jeunes. Aucun affichage ni information. « La manière dont le pharmacien propose les choses et les met en avant joue beaucoup. » Lorsqu’un jeune patient vient pour une pilule du lendemain ou une autre contraception, Christophe Le Gall lui demande : « je vous mets des préservatifs en plus, ça peut vous servir ? » La plupart du temps, la personne acquiesce. « L’idée est de les proposer aux jeunes de manière quasi-systématique. » Mais certains ados semblent davantage intimidés et déclinent l’invitation. « A nous aussi d’être discrets et sympathiques pour les mettre à l’aise. »

Lorsqu’un jeune homme ou une jeune femme prend directement une boîte de préservatifs d’une autre marque, le président de l’UNPF invite les pharmaciens à l’informer de la présence de protections remboursées. « On peut lui donner une boîte de gratuits en lui disant d’essayer et que si cela lui convient, il peut revenir pour en reprendre. »

Communiquer via les réseaux sociaux

Christophe Le Gall aimerait aller plus loin en diffusant l’information directement auprès des jeunes patients. « Les pouvoirs publics doivent davantage communiquer ou permettre aux groupements de pharmaciens de relayer ces informations, ce que nous n’avons pas le droit de faire aujourd’hui, ajoute Christophe Le Gall. Il faut aussi adapter son mode de communication à la tranche d’âge avec des vidéos explicatives sur les réseaux sociaux ou par SMS, par exemple. »

En ciblant des chaînes de fast-food, des applications de rencontres ou de livraison de repas à domicile, les laboratoires Majorelle, fabriquants des préservatifs Eden, semblent avoir entendu le message. Cette nouvelle campagne de communication va-t-elle porter ses fruits ? Réponse dans quelques mois.