Bordeaux : Pour remédier à la fatigue visuelle et aux yeux qui brûlent, un outil de dépistage chez l’opticien
santé•Depuis le premier trimestre 2023, l’entreprise Eyesoft commercialise un dispositif qui permet, en cas de symptômes de fatigue visuelle par exemple, de tester gratuitement l'équilibre de ses yeux chez son opticienElsa Provenzano
L'essentiel
- L’entreprise Eyesoft a mis au point un dispositif via un casque de réalité virtuelle qui aide à l'évaluation des déséquilibres entre les deux yeux chez l’opticien, en cas de plaintes spécifiques.
- Le test est gratuit et ne dure que quelques minutes. Il évalue la capacité des deux yeux à bien travailler ensemble.
- Selon les résultats, le client peut être orienté pour un bilan complet vers un orthoptiste, spécialiste de ces troubles oculomoteurs, et éventuellement faire de la rééducation.
Vous avez des maux de tête chroniques, des yeux qui brûlent ou pleurent, ou vous vous endormez facilement en lisant ? Ces symptômes de fatigue visuelle peuvent être la manifestation de troubles oculomoteurs, c’est-à-dire de difficultés des deux yeux à bien travailler ensemble. L’entreprise Eyesoft, créée en 2018 par Audrey Persillon et Thomas Didier, tous les deux orthoptistes, déploie depuis le premier semestre 2023 un nouvel outil de détection précoce de ces troubles, notamment auprès d’opticiens de la Bordelaise de lunetterie. Le test est proposé gratuitement et il n’est pas soumis à l’obligation d’acheter des lunettes chez cet opticien.
Les deux orthoptistes, spécialistes du dépistage et du traitement des troubles fonctionnels de la vision binoculaire et de la motricité oculaire, ont mis au point un dispositif qui permet de faire un premier pr-test à un client, en cas de plainte, en seulement quelques minutes. Si le test montre un éventuel déséquilibre, il est conseillé au client de consulter un orthoptiste pour un bilan complet. Celui-ci lui proposera éventuellement de la rééducation.
Un test gratuit de quelques minutes
« Gardez vos lunettes et vous pouvez rester assise », indique Vincent Roques, opticien, responsable d’un magasin Bordelaise de lunetterie à Bordeaux, à Letitia, une cliente de 47 ans qui porte des verres progressifs. Il l’équipe d’un casque de réalité virtuelle qui va lui permettre de réaliser un test, en seulement quelques minutes. On lui demande de déterminer différentes formes, de fixer une étoile alors qu’un de ses yeux puis l’autre est caché. « J’ai l’impression de loucher », témoigne la quadragénaire. Verdict seulement trois minutes plus tard : l’harmonie entre les deux yeux ne semble pas optimale. « On a une petite explication de pourquoi le cinéma 3D ne vous va pas », commente Audrey Persillon. Letitia ne peut en effet pas suivre une séance en 3D, cela lui donne immédiatement la nausée.
La perception du confort de vision est très personnelle, d’où l’intérêt pour l’opticien d’échanger en amont avec son client sur ses ressentis. « Le dispositif est une aide à l’identification précoce des déséquilibres oculomoteurs, précise la cofondatrice d’Eyesoft. Il est utile pour anticiper des problèmes d’adaptation aux lunettes, en particulier quand on porte des verres progressifs à partir de 45 ans. Il faut que les yeux travaillent parfaitement ensemble pour qu’il n’y ait pas de symptôme. » « Ce premier test en amont permet de renforcer les liens des trois acteurs de la filière visuelle (les ophtalmologistes, les orthoptistes et les opticiens) » , complète Mathieu Perguihem, directeur commercial de la Bordelaise de lunetterie.
La vision de près sursollicitée
Dans nos sociétés contemporaines, la vision de près est de plus en plus sollicitée, de surcroît sur des écrans en surbrillance. « On n’a pas un système visuel qui est fait pour ça », souligne Audrey Persillon, qui rappelle que plus de 10 millions de Français souffrent de troubles oculomoteurs, selon les derniers chiffres. Ceux-ci datent d’avant le Covid-19, la tendance n’ayant pu que s’accentuer depuis. Le test d’Eyesoft proposé chez l’opticien, que tous les Français vont voir au moins une fois dans leur vie après 45 ans, est une bonne façon d’identifier le problème de façon massive. « Il y a, d’après moi, plus de 20 % de nos clients à qui on doit proposer cette solution au bénéfice de leur confort visuel », estime le directeur commercial de la Bordelaise de lunetterie.
A l’échelle nationale, 550 praticiens (cabinets et magasins confondus) sont équipés des différentes solutions Eyesoft, puisqu’il existe également des logiciels spécifiques pour la rééducation dédiés aux orthoptistes. Le casque ouvre, lui, la possibilité de télé soin puisqu’il peut être prêté au patient pour des séances depuis chez lui. La rééducation, qui relève d’un travail musculaire, est efficace pendant environ cinq ans.