Covid-19 : Non, l’Agence américaine des médicaments n’a pas donné son approbation pour l’ivermectine
Fake Off•Aux Etats-Unis, les médecins sont autorisés à prescrire des médicaments même hors autorisation de mise sur le marché, et cela ne vaut pas une recommandationMaïwenn Furic
«La FDA annonce finalement que les médecins peuvent prescrire de l’ivermectine pour traiter le COVID », annonce une publication d’un compte pro-trump sur Twitter. Et la raison est toute trouvée, et est d’ailleurs un refrain déjà bien connu depuis le début de la pandémie : « La FDA a menti sur l’ivermectine pour protéger les bénéfices de Big Pharma et pousser à la vaccination. »
Florian Philippot et Nicolas Dupont-Aignan, des politiciens français connus pour leur opposition à la politique sanitaire pendant la pandémie et aux vaccins anti-Covid, ont également relayé le message. Et d’affirmer que « si on l’avait prescrit dès le départ, des milliers de vies auraient pu être sauvées ». Mais qu’en est-il vraiment ? 20 Minutes fait le point.
FAKE OFF
L’ivermectine a fait débat durant toute la pandémie. Certains médecins, dont le Pr Raoult qui a fait parler de lui pour son opposition aux vaccins, en recommandait l’utilisation. Pour la majorité des experts, le traitement n’était pas efficace et ne devait pas être utilisé face au Covid-19.
Et l’administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments (FDA) n’est jamais revenue sur sa décision en recommandant son utilisation. Aux Etats-Unis, l’ivermectine est autorisée uniquement pour les animaux et les humains pour traiter les infestations de vers, ainsi que les poux et la rosacée.
La fausse information vient en réalité de débats qui se sont tenus le 8 août devant un tribunal, et ensuite diffusés sur YouTube. Trois médecins devenus des promoteurs de l’ivermectine, et qui l’ont notamment prescrit hors recommandation à des milliers de patients atteints du Covid, ont poursuivi la FDA en justice.
Ces derniers ont affirmé que la FDA a dépassé « la frontière critique entre l’autorité fédérale et les Etats en répétant au public – dont les professionnels de santé, les organisations professionnelles et les patients – de ne pas utiliser l’Ivermectine pour le Covid-19, alors que ce médicament reste totalement autorisé pour un usage humain ».
Une autorisation ne vaut pas une recommandation
Sur la vidéo diffusée, l’avocate représentant la FDA a expliqué que l’agence américaine avait « explicitement reconnu que les médecins avaient le droit de prescrire de l’ivermectine pour soigner le Covid ». Mais il ne s’agit en rien d’une recommandation, ou d’un changement de position.
Le fonctionnement du système de santé n’est pas le même en France et aux Etats-Unis. La FDA a d’ailleurs expliqué sur Twitter que « les professionnels de santé peuvent choisir de prescrire un médicament approuvé pour l’usage humain pour une indication hors autorisation de mise sur le marché (AMM) lorsqu’ils estiment que cet usage hors AMM est médicalement approprié pour chaque patient ».
Ainsi, aux Etats-Unis les médecins sont autorisés à prescrire des médicaments « hors autorisation de mise sur le marché », c’est-à-dire en dehors des indications pour lesquels ils ont été approuvés par la FDA, que ce soit pour le Covid-19, ou autrement. Sur son site, la FDA explique aux patients la conduite à adopter s’ils se vont vus prescrire de l’ivermectine : « Si un professionnel de santé vous a prescrit de l’ivermectine, utilisez la auprès d’un fournisseur autorisé comme une pharmacie, et prenez-le exactement comme il a été prescrit », et de rappeler qu’une « surdose d’ivermectine peut être dangereuse ».