applicationEt si, contre le cancer, les salariés profitaient de préventions ciblées ?

Et si, contre le cancer, les salariés pouvaient profiter d’une prévention ciblée ?

applicationAu travail, la prévention a un impact beaucoup plus important qu’à la maison, selon le Groupement des entreprises françaises dans la lutte contre le cancer
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • En Occitanie, le Groupement des entreprises françaises dans la lutte contre le cancer (Gefluc) a créé une application qui permet aux salariés d’évaluer leur mode de vie, et de prendre conscience des risques, pour se prémunir contre la maladie.
  • Car au travail, la prévention a un impact beaucoup plus important qu’à la maison, assure l’association, qui intervient dans les entreprises depuis des décennies.
  • Ces résultats permettent aux entreprises de mettre en place des opérations de prévention ciblées. Avec des prises de conscience en hausse, parmi les salariés.

Si la prévention contre le cancer s’invitait dans les entreprises, serait-elle plus audible ? En Occitanie, le Groupement des entreprises françaises dans la lutte contre le cancer (Gefluc) a développé une application, Ge-Test, qui permet aux salariés d’évaluer leur mode de vie. Et de prendre conscience des risques, pour se prémunir contre la maladie.

Car sur le lieu de travail, dans « un temps contraint », les messages de prévention ont un impact beaucoup plus important qu’à la maison, assure l’association, qui mène des actions auprès des salariés depuis plusieurs décennies. « Des messages de prévention, on en voit partout, dans le temps, confie Didier Cupissol, médecin oncologue, président des Gefluc de France, et de l’antenne occitane. A la télé, dans les journaux… On les regarde plus ou moins, parce que ça peut paraître un peu gonflant. Là, nous sommes dans le cadre du travail. Les patrons acceptent de nous accorder du temps pour faire passer des messages. On utilise l’entreprise comme un vecteur de communication. »



Des questions sur le tabac, l’alcool, le poids, l’alimentation, le sport…

Mais jusqu’alors, les thèmes abordés par les bénévoles auprès des employés (le tabac, l’alcool, l’activité physique, etc.) étaient fixés par les patrons eux-mêmes, ou leurs chefs du personnel. Avec cette nouvelle application, les entreprises ont la possibilité d’adapter leurs actions de prévention ciblées en fonction des retours dont ils disposent sur les salariés. Pensé par des cancérologues, des nutritionnistes et des médecins du sport, ce petit logiciel, accessible sur les smartphones, les tablettes et les ordinateurs, invite ainsi les employés à répondre à une trentaine de questions sur leur métier, l’activité physique, l’alimentation, l’alcool, le tabac, le poids, la respiration… Chacun des salariés obtient ensuite une évaluation personnelle (et strictement confidentielle), et les employeurs, de leur côté, une photographie globale (et anonyme) des risques, au sein des entreprises.


Les salariés disposent d'un bilan personnalisé, et les employeurs d'un topo global sur leurs employés.
Les salariés disposent d'un bilan personnalisé, et les employeurs d'un topo global sur leurs employés. - Gefluc Occitanie

« Après le Covid-19, ce ne sont pas l’alcool et le tabac qui se sont avérés être les principaux facteurs de risques, mais la sédentarité, c’est logique. Et la malbouffe, détaille Didier Cupissol. Parce qu’on mangeait un peu tout et n’importe quoi. Depuis, l’alcool et le tabac sont revenus en tête. » Et, selon les entreprises, les risques ne sont pas toujours les mêmes. « Dans une société où les salariés travaillent dans des bureaux, et sont essentiellement statiques, les résultats ne seront pas les mêmes que pour les services techniques d’une mairie, dont les employés bougent toute la journée », note le médecin.

« Qu’un tel dispositif ait lieu dans le cadre du travail, c’est encore mieux »

Ces résultats permettent au Gefluc et aux entreprises de mettre en place des opérations de prévention ciblées. Avec des prises de conscience en hausse, parmi les salariés. « Au début, nous étions à 20 % de prises en charge, avec un sevrage sur le tabac ou l’alcool par exemple, confie Didier Cupissol. Désormais, dans certaines branches, on atteint 50 à 70 %, lorsque l’on intervient de façon répétitive. Il arrive qu’une véritable dynamique, des challenges, se mettent en place. Entre eux, les salariés s’autostimulent. »


NOTRE DOSSIER SUR LE CANCER

En 2022, un millier de salariés ont testé l’application, notamment à la ville et la métropole de Montpellier, à la Régie des eaux ou à la Caisse d’allocations familiales (Caf). Une étude a également été menée au sein de la mairie de Saint-Georges d'Orques (Hérault). Le poids et le tabac semblent les deux facteurs de risques qui ont été mis en évidence, à l’hôtel de ville. « La prévention, c’est évidemment très important, confie Jean-François Audrin (Horizons), le maire de cette commune de 5.600 habitants. Qu’un tel dispositif ait lieu dans le cadre du travail, c’est encore mieux. Il y a une véritable émulation, qui se crée. Les agents ont été très nombreux à participer. » Le Gefluc espère qu’en 2023, 10.000 employés aient évalué leur mode de vie grâce à ce petit logiciel innovant.