Polluants éternels : Tout comprendre aux multiples procédures judiciaires en cours
danger•Face à cette pollution, en France comme à l’étranger, particuliers et collectivités se mobilisent pour alerter et augmenter le niveau de vigilanceO.O avec AFP
L'essentiel
- Très présents dans la vie courante, les « polluants éternels » sont ainsi surnommés à cause de leur cycle de vie très long. Ces substances per et polyfluoroalkylés peuvent provoquer des effets néfastes sur la santé.
- Un accord de 12,5 milliards de dollars a été conclu aux Etats-Unis pour solder des poursuites relatives aux effets des « polluants éternels ».
- En France, vingt communes de la ville de Lyon ont annoncé leur intention de porter plainte contre des industriels de la chimie.
L’étau judiciaire se resserre autour de l’utilisation des PFAS, des produits chimiques baptisés « polluants éternels ». Plusieurs communes lyonnaises préparent une plainte collective. 20 Minutes revient sur la chronologie de cette affaire.
C’est quoi les polluants éternels ?
Ce terme regroupe les PFAS, acronyme issu de la langue anglaise (per- and polyfluoroalkyl substances). Ce sont des substances chimiques extrêmement nocives présentes dans l’environnement, mais aussi dans de nombreux objets du quotidien (emballages alimentaires, poêles antiadhésives, textiles…) et produits industriels, comme la mousse anti-incendie. Il en existerait entre 5.000 et 12.000 mis sur le marché.
Les PFAS disposent d’un cycle de vie très long et certaines d’entre elles sont néfastes, avec des conséquences lourdes (cancers, perturbations endocriniennes…). Pour prévenir ces risques, des communes du sud de Lyon, particulièrement exposées, réclament auprès des autorités la tenue d’une « étude d’imprégnation ».
Au niveau réglementaire, l’Etat a sévi. Des milliers de sites industriels vont devoir mener une campagne « d’identification et d’analyse » de leurs rejets de PFAS, selon un arrêté publié mardi au Journal officiel. Vingt substances seront obligatoirement analysées.
Pourquoi plusieurs communes lyonnaises passent à l’action ?
« Etablir les responsabilités de chaque acteur pour réparer ce préjudice environnemental et sanitaire. » Tels sont les mots du maire de Pierre-Bénite, Jérôme Moroge. Sa commune, située à 8 kilomètres au sud de Lyon dans « la vallée de la chimie », abrite une usine d’Arkema implantée sur une trentaine d’hectares, grosse utilisatrice et émettrice de PFAS. Un autre mauvais élève, l’entreprise chimique Daikin, est aussi dans le collimateur. Avec 19 autres villes de la zone, il s’associe pour mener une action judiciaire. Une plainte devrait être déposée d’ici septembre auprès du parquet de Lyon.
Cette initiative des élus fait suite à une autre action judiciaire. Le 25 mai dernier, 37 habitants de la région, dont les représentants de 16 enfants, ainsi que 10 associations et syndicats ont saisi le tribunal judiciaire de Lyon dans le cadre d’un « référé pénal environnemental ». Ces requérants réclament à Arkema « l’arrêt immédiat de ses rejets aqueux contenant des PFAS à 1 kilo par mois » et une « étude des risques sanitaires visant à évaluer l’ampleur de la contamination ».
Dans le monde, une multiplication des plaintes contre les polluants éternels
Aux Etats-Unis, certaines entreprises sont prêtes à verser de grosses sommes pour éviter un procès. C’est le cas du groupe américain 3F qui s’apprête à débourser 12,5 milliards d’euros entre 2024 et 2036 pour financer des technologies de traitement des eaux testées positives aux PFAS. La mousse développée par 3F et utilisée par les pompiers pour éteindre des incendies était pointée du doigt.
Le groupe est déjà mis en cause en Belgique, où il a conclu un accord avec l’Etat à hauteur de 571 millions, et avec les Pays-Bas. Pour éviter des poursuites, trois autres groupes chimiques américains, accusés de contaminer l’eau potable, ont paraphé un accord de plus d’un milliard de dollars. Le gouvernement australien a lui réglé à l’amiable en mai dernier une action collective après l’utilisation présumée de polluants éternels sur des bases militaires.
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