Qu’est-ce que cette campagne grand public sur le bon usage des médicaments ?
Prescription•Trois Français sur dix adaptent, par eux-mêmes, la dose ou la durée des médicaments qui leur ont été prescrits20 Minutes avec AFP
«Les médicaments ne sont pas des produits ordinaires, ne les prenons pas à la légère. » Ce mercredi, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) lance une campagne grand public sur leur bon usage. Elle estime qu’il s’agit d’un « enjeu de santé public majeur ».
« Nous sommes les plus gros consommateurs de médicaments en Europe, ce qui rend cet enjeu d’autant plus important », a souligné mardi Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale de l’ANSM, en présentant cette campagne à la presse. Mais pourquoi lancer cette campagne ? Les médicaments sont-ils plus dangereux que ce que l’on pourrait penser ? 20 Minutes fait le point pour vous.
Pourquoi lancer cette campagne ?
Les chiffres sont alarmants. D’après une étude menée en 2021 pour l’ANSM par l’institut Viavoice, trois Français sur dix adaptent, par eux-mêmes, la dose ou la durée des médicaments qui leur ont été prescrits. Un Français sur cinq prend des doses plus fortes ou plusieurs médicaments en même temps pour soulager plus vite les symptômes. Près d’un Français sur deux donne un médicament à un proche car il a des symptômes similaires, un sur dix le fait même systématiquement ou souvent. Et 34 % considèrent comme plutôt pas risqué ou pas du tout risqué de prendre un médicament périmé.
Pourquoi un mésusage des médicaments peut-il être dangereux ?
Les médicaments ne sont pas des substances à prendre à la légère. « Il y a toujours une notion de bénéfice-risque, un médicament n’est jamais anodin », insiste Carine Wolf-Thal, présidente du conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Des médicaments prescrits ou conseillés pour une personne peuvent se révéler inutiles ou dangereux pour une autre. Des anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’ibuprofène ou l’aspirine, qui figurent parmi les traitements les plus utilisés en automédication, sont par exemple interdits chez la femme enceinte. Après le 5e mois de grossesse, une seule prise peut entraîner le décès du futur bébé.
Ne pas respecter une dose ou une durée de traitement peut aussi le rendre inefficace, voire dangereux. Par exemple, en cas de surdosage, le paracétamol - l’un des médicaments les plus utilisés pour soulager les douleurs ou pour lutter contre la fièvre - peut entraîner des lésions graves du foie, susceptibles de nécessiter des greffes. « En cas de surdosage, la personne risque sa vie », avertit Catherine Simonin, administratrice à France Assos Santé, associée à la campagne. Une fois périmés ou mal conservés, les médicaments peuvent aussi perdre en efficacité ou être contaminés par des bactéries.
Quels conseils prodigue l’ANSM ?
La campagne digitale de l’Agence du médicament sera déclinée jusqu’à la fin de l’année, sur Internet, YouTube, les réseaux sociaux, les plateformes de streaming, les sites d’actualité… Dans celle-ci, l’ANSM prône quatre réflexes à adopter. Elle recommande de respecter la prescription ou le conseil du professionnel de santé que ce soit sur la dose, la fréquence ou la durée du traitement.
Elle incite à utiliser uniquement des médicaments prescrits ou conseillés par un soignant, et non par un de ses proches. Elle préconise de ne pas prendre plusieurs médicaments en même temps sans l’avis d’un professionnel. Enfin, elle invite enfin à faire attention aux modalités et à la durée de conservation des médicaments. Un médicament doit être rapporté en pharmacie lorsqu’il est périmé ou non utilisé. Il ne doit pas être jeté à la poubelle ou dans les toilettes.
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