Nutella-Camembert, frites-compote… Nos petits plaisirs chelous souffrent juste du « regard des autres »
Votre vie votre avis•Phobie d’un aliment, associations improbables, manies culinaires. « 20 Minutes » a demandé à ses lecteurs d’avouer leurs plus étranges habitudes alimentaires et a soumis les réponses à un médecin nutritionnisteMikaël Libert
L'essentiel
- 20 Minutes a demandé à ses lecteurs de raconter leurs habitudes alimentaires les plus insolites, improbables, inavouables avant de soumettre leurs réponses à l’avis d’un médecin nutritionniste.
- Il en ressort que beaucoup de ces habitudes remontent à l’enfance, sortes de madeleine de Proust.
- Si étranges peuvent paraître certaines associations, la plupart renvoient à des goûts généralement appréciés comme le mix sucré-salé ou acide-salé.
C’est grave docteur ? En France, pays de la gastronomie, il existe pléthore d’adages concernant la nourriture. Mais c’est grâce à ses lecteurs, interrogés sur leurs habitudes alimentaires les plus cheloues, que 20 Minutes a pu en vérifier deux en particulier : « dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es » et « tous les goûts sont dans la nature ». Les dizaines de témoignages reçus, aussi surprenants que variés, ont été soumis au regard expert de Pamela Nesslany, médecin nutritionniste à l’hôpital privé d’Arras les Bonnettes, dans le Pas-de-Calais. Pas de panique, la plupart sont sans autre conséquence que le regard perplexe de vos proches.
Il ne s’agissait pas ici de s’attarder sur des spécialités régionales qui, si normales semblent-elles aux autochtones, peuvent surprendre le visiteur. C’est au cœur de leur intimité que nos lecteurs nous ont invités, dévoilant l’inavouable, à l’image de Matthieu, 43 ans, qui déclare, au risque de se faire conspuer par toute une nation : « J’aime la bouffe anglaise ». Il y a aussi Marie, 56 ans, qui fuit les supermarchés et ne peut manger que du végétal bio, davantage par conviction politique que par goût. Au lieu d’ingurgiter du pop-corn lorsqu’il mate un film, David, 49 ans, « aime grignoter des spaghettis crus ». Etrange, certes, mais beaucoup plus healthy.
Des associations appréciées mais étrangement faites
« Dans les réponses, on retrouve souvent les associations sucré-salé ou acide-salé, des goûts qui sont généralement appréciés, même si c’est fait parfois de manière un peu étrange », constate Pamela Nesslany. Ainsi, Pierre, 61 ans, kiffe manger du gruyère avec du sucre en poudre. Helena, elle, savoure tranquillement du pop-corn salé avec un verre de lait à la menthe. Et la fameuse association Nutella-Camembert, c’est Elodie, 36 ans qui s’y colle avec plaisir.
« Au risque de passer pour un fou, j’avoue craquer totalement sur mon mélange artisanal petit beurre, chocolat au lait et oignon cru », confie Pierre. Un combo improbable que le sexagénaire pratique depuis sa plus tendre enfance. « Pour beaucoup en effet, ces habitudes remontent à l’enfance. C’est un peu leur madeleine de Proust », estime la nutritionniste. Selon elle, cela crée une sorte de mécanisme dont on a du mal à se défaire : « Il y a une notion de répétition. Plus on mange quelque chose, plus on entraîne la palatabilité et le circuit de récompense et plus on aura de plaisir à le manger », explique-t-elle.
« Du pain dans un verre de coca n’a pas son pareil »
On aime, mais on n’assume pas toujours. « Tremper du pain dans un verre de coca n’a pas son pareil en termes de saveur », affirme Pierre. « Je mange les trognons de pommes et la peau des kiwis », lâche Delphine, en plus d’avaler les noyaux d’olives et de cerises. Et, au pays du fromage, certains souffrent, comme Quentin qui, à 26 ans, n’en supporte ni le goût, ni la texture. « C’est lassant de devoir demander à enlever le fromage et frustrant quand le cuisinier oublie », concède-t-il, reconnaissant aussi se « prendre quelques vannes » à ce sujet. Même problème pour Marlon, 24 ans, pour qui « l’hiver est un calvaire avec les raclettes et fondues à esquiver ». Pour Pamela Nesslany, le problème ne vient pourtant pas de ces habitudes : « La norme sociale, le regard des autres, va renvoyer une image de vous comme étant bizarre alors que, dans le cadre familial, cela semble tout à fait normal », estime-t-elle.
Rien de bien méchant donc, les habitudes et les goûts étant des notions très personnelles relativise le médecin nutritionniste. En revanche, certaines petites manies lui semblent plus inquiétantes, à l’image de celle de Jean-Yves qui s’enfile « un camembert entier par jour minimum ». Ou d’Emilie, qui étale sur ses tartines « beurre et Nutella ». Ou encore d’Adrien, 38 ans, qui déteste faire la cuisine : « J’ai formulé une ration pour avoir mon compte en calories et un bon équilibrage des macros. Je bouffe la même chose tous les jours. Jamais d’écarts. Rien. Invité quelque part, j’aporte ma bouffe », assure-t-il. Et s’il déclare n’avoir jamais été aussi en forme depuis deux ans, le Dr Nesslany a quand même un doute : « Une alimentation équilibrée ne veut pas forcément dire viande blanche et haricots verts. Supprimer un élément, même s’il s’agit de la matière grasse, rompt l’équilibre alimentaire », insiste-t-elle. « Tout est important et il faut surtout avoir une alimentation variée. »
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