Nord : L’ordre départemental des médecins part à la chasse aux lapins
LAPINS•Le conseil de l’Ordre des médecins du Nord alerte sur la problématique des rendez-vous médicaux non honorés qui pénalise les praticiens et surtout les patients
Mikaël Libert
L'essentiel
- Le Nord est l’un des départements les plus concernés par la problématique des déserts médicaux.
- Une des causes des tensions de l’offre de soins est, selon l’Ordre départemental des médecins, les rendez-vous médicaux non honorés.
- Une étude locale montre que ce sont en moyenne 7,6 % des créneaux de consultation qui sont ainsi perdus.
Le Nord est l’un des départements les plus impactés par un déficit de l’offre de soins, phénomène aussi appelé déserts médicaux. « Aucun des territoires qui le composent n’est épargné. Gynécologues, pédiatres, médecins généralistes… Toutes les spécialités sont concernées », assurait, en décembre dernier, la sénatrice socialiste du Nord, Martine Filleul, face au ministre de la Santé. Certes, on peut déplorer que les praticiens boudent les zones rurales, mais ce n’est pas la seule explication. Selon le conseil départemental de l’Ordre des médecins du Nord, les rendez-vous médicaux non honorés, les « lapins », en sont une autre.
C’est un fait, les patients rencontrent de plus en plus de difficultés pour obtenir une consultation chez un médecin, quelle que soit la spécialité. L’Ordre des médecins du Nord a donc diligenté une étude auprès des praticiens pour établir un diagnostic et tenter de trouver une solution. Sur les 168 médecins interrogés, l’immense majorité a reconnu être confrontée à un nombre plus ou moins conséquent de rendez-vous où les patients ne venaient pas, entre 2 et 7 lapins posés chaque semaine. « Cela représente en moyenne 7,60 % des créneaux perdus toutes spécialités confondues », déplore le Dr Franck Roussel, secrétaire général du conseil départemental de l’Ordre des médecins du Nord.
Une question « de civisme et d’égoïsme »
Alors, non, il ne s’agit pas de guérisons spontanées. « C’est le fait de personnes qui prennent plusieurs rendez-vous, essentiellement sur internet, et qui se rendent au premier sans décommander les autres », précise le Dr Roussel. Ces créneaux perdus sont parfois réalloués, mais 85 % sont perdus. « C’est une question de civisme et d’égoïsme qui pénalise surtout les autres patients. Le médecin, lui, perd en moyenne deux heures par semaine », poursuit-il.
Selon l’ordre, éradiquer les lapins pourrait résoudre en partie la problématique de l’offre de soins et, notamment, l’engorgement des urgences. Et parmi les solutions proposées, deux sont particulièrement plébiscitées par les médecins ayant répondu à l’étude : la sensibilisation des patients et de blacklister les poseurs de lapins récidivistes. « On pourrait aussi imaginer de prendre une caution à la prise de rendez-vous ou une retenue sur les futurs remboursements », imagine le Dr Roussel.