conflit socialUn accord signé entre les biologistes en grève et la Sécurité sociale

Les biologistes médicaux mettent fin à leur grève après un accord avec la Sécu

conflit socialLes biologistes libéraux avaient baissé le rideau ce lundi pour une semaine de grève dure
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

L'essentiel

  • En désaccord avec le gouvernement et l’Assurance maladie sur le montant des économies à réaliser dans leur profession, les biologistes médicaux ont entamé ce lundi une grève dure.
  • Un mouvement suivi à plus de 95 % sur le territoire.
  • Ce mardi, un accord a finalement été trouvé entre les biologistes et la Sécu et la grève sera levée ce mercredi.

Le bras de fer a finalement payé. En conflit avec l’Assurance maladie et le gouvernement qui voulaient leur imposer des économies drastiques, les biologistes libéraux ont accepté, ce mardi, de lever leur grève entamée la veille. Après deux mois de tensions, un accord a finalement été trouvé dans la journée entre les laboratoires privés d’analyses médicales et l’Assurance maladie (Cnam). « Nous sommes parvenus à un accord avec la Cnam, nous confirme le Dr François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes. Les parties prenantes ont trouvé un terrain d’entente satisfaisant pour tout le monde. »

Le compromis trouvé prévoit une baisse de 250 millions d’euros répartis sur l’ensemble des examens de biologie médicale et une nouvelle négociation pour la période 2024-2026, qui devra être conclue avant le 1er septembre, ont indiqué l’Assurance maladie et le Syndicat des biologistes. Ce dernier a, par conséquent, appelé à mettre fin dès mercredi à la fermeture des laboratoires et au blocage des résultats de tests Covid. Mais

« Un janvier noir pour éviter des années noires »

La mobilisation des biologistes avait commencé la semaine dernière par l’arrêt des remontées de tests Covid. « Nous avions annoncé un janvier noir, pour éviter des années noires pour notre profession, et nous avons été contraints de passer à une grève dure pour nous faire entendre », explique le Dr Lionel Barrand, président du Syndicat Les biologistes médicaux - Les Biomed.

Une riposte graduée liée à un désaccord avec le gouvernement et l’Assurance maladie. « La profession s’est toujours montrée prête à participer à l’effort, nous avions d’ailleurs proposé un plan d’économies, poursuit-il. Mais ce qui nous était demandé n’était pas viable : des économies supérieures à nos bénéfices. C’est comme si un patron vous demandait de faire des heures supplémentaires, ne vous les payait pas et baissait votre salaire ! »

La négociation bloquait sur la période 2024-2026, pour laquelle les syndicats avaient fixé leur ligne rouge à 145 millions par an. Sans cela, les professionnels redoutaient de devoir procéder à des licenciements ou de devoir augmenter leur délai de traitement. « Nous nous sommes sentis pointés du doigt comme des profiteurs de guerre alors qu’on a fait exactement ce que nous a demandé le gouvernement au pied levé, au prix de lourds investissements, d’embauches massives et de cadences de travail infernales au plus dur de la pandémie de Covid-19 », rappelle le médecin biologiste.



Levée de grève, mais poursuite des négociations

Il y avait urgence à trouver une sortie de crise : ce lundi, pour la première journée du mouvement de grève dure, « 95 % des laboratoires ont baissé le rideau, c’est même 100 % en Alsace », assure le Dr Barrand. Tous les patients ou presque munis d’une prescription d’analyses ont trouvé porte close. « Nous nous étions organisés pour rester en capacité de gérer les situations urgentes – bilans préopératoires, bilans de chimiothérapie ou de dialyse, etc. – via les infirmiers à domicile ou directement en laboratoire. Tout patient nécessitant une prise en charge dans la journée a pu être reçu, s’il nous était adressé par son médecin ou son infirmier ».

Avec la levée de la grève nationale dès ce mercredi, tous les laboratoires vont de nouveau fonctionner normalement, et toutes les analyses, y compris non urgentes, pourront être réalisées. « Nous allons pouvoir retourner auprès de nos patients et nous nous en réjouissons », commente le Dr Blanchecotte. Mais plusieurs points de négociation doivent encore être éclaircis. « Nous attendons maintenant du ministre de la Santé des Etats généraux de la biologie médicale pour construire un partenariat soutenable jusqu’en 2026, réagit ce mardi l’Alliance de la biologie médicale, qui regroupe les syndicats du secteur. La vigilance reste de mise : cet accord n’est qu’un premier pas avant la négociation du prochain protocole triennal. »