PréventionUne clinique bordelaise prend en charge les AIT pour éviter les AVC

Bordeaux : Une clinique de l’AIT ouvre pour guérir les signes annonciateurs d’un probable AVC

PréventionLa clinique de l’AIT (accidents ischémiques transitoires) a ouvert ce lundi au sein du CHU de Bordeaux. Sa responsable, Pauline Renou, répond aux questions de 20 Minutes
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • La clinique de l’AIT vient d’ouvrir ce lundi au CHU de Bordeaux. Elle prend en charge des personnes qui ont fait de « mini AVC » passagers, pour éviter qu’ils ne soient victimes d’un AVC.
  • Adressés par un médecin ou un régulateur du SAMU auprès de la clinique, les patients peuvent passer en urgence une IRM cérébrale et commencer un traitement préventif.
  • Les patients ne passent que quelques heures sur place, sur le modèle d’un hôpital de jour et peuvent arriver par leurs propres moyens s’ils ne prennent pas le volant.

Prévenir les AVC (accidents vasculaires cérébraux) en proposant des diagnostics et des traitements préventifs aux personnes qui viennent de subir un AIT (accident ischémique transitoire), c’est la mission de la clinique de l’AIT qui vient d’ouvrir ce lundi au CHU de Bordeaux. Sa responsable, Pauline Renou, est neurologue au sein du service de neurologie et de l’unité neuro-vasculaire du docteur Igor Sibon.



Pouvez-vous commencer par nous expliquer la différence entre un AVC et un AIT ?

Un AVC se produit quand une artère se bouche dans le cerveau et que le patient présente une paralysie, des difficultés pour parler. Dans l’AVC ces symptômes vont persister pendant plusieurs jours, semaines ou années et l’artère reste bouchée. L’AIT c’est comme un « mini AVC », l’artère se débouche en quelques minutes et donc le patient présente des symptômes (les mêmes que pour un AVC), mais transitoires et il récupère très vite.

Actuellement, comment sont pris en charge ces AIT ?

Après avoir dressé un état des lieux avec les 1.100 médecins généralistes de l’agglomération bordelaise, on sait que chacun à affaire à un à deux AIT par mois, soit environ 30 AIT par jour sur Bordeaux Métropole. Dans 60 % des cas, ils sont gérés par le médecin généraliste en lien avec un cardiologue, dans 20 % ils viennent aux urgences de Pellegrin, et les 20 % restant se répartissent dans d’autres structures comme des cliniques.

Les patients n’ont pas forcément conscience que leurs symptômes présentent un caractère d’urgence ?

Ils sont faussement rassurés comme cela ne dure pas longtemps, donc, soit ils ne font rien, soit ils appellent leur médecin traitant, dans un délai plus ou moins long. Si celui-ci recommande les urgences, il y a parfois une réticence à s’y rendre, à cause des délais en salle d’attente. Dans le service de neurologie, on ne peut, malheureusement, pas les prendre en urgence et directement, car on doit gérer en priorité les AVC pour lesquels on a déjà un nombre de lits limité (16 en soins intensifs).

Le médecin généraliste se retrouve souvent à gérer la situation en externe avec son patient. Il va demander une IRM cérébrale (deux mois de délai), un bilan cardiologique (trois mois d’attente), alors que l’AIT est une urgence, un signe annonciateur d’un probable AVC, qui va survenir dans les heures, les jours ou les semaines à venir.

Comment sont pris en charge ces patients ?

Un patient qui fait un AIT n’a pas besoin de rester hospitalisé, il a besoin d’être vu par un neurologue et de faire des examens complémentaires. Cela peut être fait sur une durée assez courte : on estime qu’ils resteront entre trois et quatre heures au maximum à la clinique. On a un accès privilégié à l’IRM des urgences. Une de nos premières patientes en a passé une aujourd’hui, trente minutes après son arrivée dans notre structure. Ils repartent ensuite chez eux avec un traitement, qui permet essentiellement de fluidifier le sang pour éviter qu’un AVC ne survienne.

On sait qu’une personne sur quatre ayant eu un AVC, a eu un AIT avant. Il y en a donc un qu’on aurait pu éviter sur les quatre. Et, si on prend en charge un AIT (examens en urgence et prise de traitement préventif), on va éviter la survenue d’un AVC ultérieur dans 80 % des cas, ce qui est énorme.

Qui vous adresse cette patientèle ?

Les patients ne peuvent pas appeler eux-mêmes. Ce sont les médecins qui nous appellent ou le 15, ou SOS médecins. On a fait toute une campagne d’information auprès des médecins de la métropole (généralistes, régulateurs du Samu, cardiologues) et on leur a transmis notre ligne directe. Dès l’ouverture, on a déjà eu plusieurs appels.

On peut accueillir en même temps cinq à six patients, et, sur la journée, on peut facilement estimer la prise en charge à une quinzaine de personnes. Une infirmière expérimentée, issue du service de neurologie, répond aux appels des médecins et accueille les patients. C’est un projet auquel les infirmières du service ont adhéré et qui les a enthousiasmées. Le docteur Pierre Briau, assistant en médecine, est aussi rattaché à la clinique. Le but c’est d’avoir une petite structure, mais qui permette de faire le bilan de ces AIT en urgence.

Comment le patient se rend-il à la clinique après avoir été adressé par son médecin ?

Le patient va devoir venir à la clinique, idéalement par ses propres moyens s’il peut être accompagné par un proche. Il ne peut pas prendre le volant, ça, c’est sûr. S’il n’y a pas d’accompagnant, on envoie une ambulance.

Les horaires d’ouverture correspondent à ceux d’un hôpital de jour : du lundi au vendredi de 9 heures à 18h30. Ce sont des pathologies qu’on traite la journée et, évidemment, les moyens sont aussi plus difficiles à mettre en place la nuit et le week-end.

Les besoins semblent élevés et dépasser le périmètre de l’agglomération, la structure pourra-t-elle grandir ?

Aujourd’hui, on se limite à Bordeaux Métropole, mais, dans un second temps, si la structure fonctionne bien et qu’on peut l’agrandir en mettant plus de moyens humains, on pourrait élargir le territoire de recrutement. On va être évalués tous les six mois par le CHU, qui a soutenu cette initiative dès le début. Cette clinique va contribuer à désengorger les urgences en jouant un rôle de régulation : les AIT seront mieux pris en charge et on pourra parfois éviter le passage de certains patients qui ont des symptômes un peu saugrenus.