fake offOui, Pfizer n’a pas évalué son vaccin sur la transmission du Covid-19

Covid-19 : Pfizer n’a pas évalué l’efficacité de son vaccin sur la transmission virale ? C’est vrai

fake offMais cette absence d’essai concernant l’efficacité du vaccin sur la transmission du Covid-19 avant sa commercialisation est connue et n’a rien « d’étonnant », selon une immunologiste
Emilie Jehanno

Emilie Jehanno

L'essentiel

  • Une déclaration d’une représentante de Pfizer au Parlement européen a été reprise pour pointer que l’entreprise avait « avoué » que le vaccin anticovid-19 « n’avait pas été testé » sur la transmission.
  • Mais dans sa recommandation du 24 décembre 2020, la Haute Autorité de santé (HAS) indiquait que « l’efficacité vaccinale sur la transmission virale n’[avait] pas été évaluée ».
  • « Que le vaccin n’ait pas été testé sur la chaîne de transmission, ce n’est pas très étonnant, relève Morgane Bomsel, immunologiste et chercheuse au CNRS. Ce sont des expériences compliquées à monter. »

Une « arnaque ». « Un aveu terrible ». Des « essais cliniques falsifiés ». Depuis le 10 octobre, les accusations pleuvent sur les réseaux sociaux contre le vaccin anticovid-19 de Pfizer et BioNTech. En cause ? Les propos tenus par Janine Small, présidente des marchés internationaux développés de l’entreprise pharmaceutique, tenus lors d’une réunion du comité spécial sur la pandémie de Covid-19 au Parlement européen le 10 octobre.

A la question : « A-t-il été considéré que le vaccin de Pfizer arrêtait le virus avant d’être commercialisé ? », elle a expliqué que « non », l’entreprise ne savait pas si le vaccin était efficace sur la chaîne de transmission avant la commercialisation. Cette déclaration a été reprise pour pointer que Pfizer avait « avoué » que le vaccin « n’avait pas été testé » sur la transmission.

« Cet aveu est important et sur le fond scandaleux, s’est indigné Virginie Joron, eurodéputée du Rassemblement national sur Sud Radio le 12 octobre. Pendant deux ans, on nous a dit que ça protégeait, ça empêchait la transmission du virus et là, on nous dit qu’ils n’ont pas testé quelque chose qui était la base de la campagne vaccinale. »


Capture d'écran d'un des tweets viraux mentionnant la "révélation incroyable" de Pfizer.
Capture d'écran d'un des tweets viraux mentionnant la "révélation incroyable" de Pfizer.  - Capture d'écran/Twitter

Dans la foulée, des internautes ont dénoncé, s’appuyant sur cet aveu, une obligation vaccinale « injustifiée scientifiquement » pour le personnel soignant et remis en cause le pass sanitaire.

FAKE OFF

Or, l’absence d’essais concernant l’efficacité du vaccin anticovid-19 sur la transmission avant sa commercialisation est connue. La Food and Drug Administration américaine écrivait ainsi, en autorisant la commercialisation du vaccin le 11 décembre 2020, qu’il n’y avait « pas de preuves que le vaccin empêchait la transmission du SARS-CoV-2 ». Dans sa recommandation du 24 décembre 2020, la Haute Autorité de santé (HAS) française indiquait également que « l’efficacité vaccinale sur la transmission virale n’[avait] pas été évaluée ».



Contre le Covid-19, la HAS recommandait de proposer la vaccination « prioritairement aux populations les plus à risque de formes graves et les plus exposées au risque d’infection, c’est-à-dire les populations associant notamment un âge élevé, des comorbidités et des conditions d’hébergement collectifs ».

« Ce n’est pas très étonnant »

« Que le vaccin n’ait pas été testé sur la chaîne de transmission, ce n’est pas très étonnant, relève Morgane Bomsel, immunologiste et chercheuse au CNRS. Ce sont des expériences compliquées à monter parce qu’on transmet à quelqu’un d’autre. Quand vous vaccinez quelqu’un, c’est la personne qui s’engage à rentrer dans l’essai clinique, mais si vous voulez rentrer dans la transmission, c’est tout l’entourage qu’il faut recruter. »

Démarré fin juillet 2020, l’essai clinique randomisé du vaccin candidat de Pfizer-BioNtech, dont les résultats ont été connus en novembre 2020, a ouvert les portes à une autorisation de commercialisation. Il faisait état d’un taux d’efficacité de 95 % dans la prévention de l’infection au Covid-19. Cela signifiait que 162 membres du groupe placebo de l’essai avaient contracté le Covid-19, contre seulement 8 dans le groupe vacciné, dans les sept jours suivant la seconde dose du vaccin.

Comprendre le taux d’efficacité

L’Organisation mondiale de la santé a détaillé sur son site ce qu’était cette efficacité potentielle, obtenue lors d’essais cliniques. Elle permet de savoir « dans quelle mesure le vaccin diminue le risque de contracter la maladie. Si l’efficacité potentielle d’un vaccin est élevée, il y a beaucoup moins de personnes qui sont tombées malades dans le groupe qui a reçu le vaccin que dans celui qui a reçu le placebo. »


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Ce « taux d’efficacité » est une formule qui mérite d’être précisée : « Il n’y a rien de faux là-dedans, mais quand vous interrogez le grand public, ce que comprennent les gens c’est qu’on est protégé contre le Covid, souligne Morgane Bomsel. Or, ce n’est pas ça : on a essayé de faire de la pédagogie pour expliquer justement que ce vaccin protégeait, mais il ne protège pas tout court, il protège contre les cas graves. »

Une baisse d’efficacité vis-à-vis de l’infection à partir du 3e mois

L’efficacité des vaccins anticovid contre les formes graves et les hospitalisations a été largement évaluée. En octobre 2021, une vaste étude française confirmait que la vaccination réduisait de 90 % le risque d’hospitalisation, en comparant les données de 11 millions de personnes vaccinées de plus de 50 ans avec celles de 11 millions de personnes non vaccinées dans la même tranche d’âge sur une période six mois et demi.


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Cependant, concernant la prévention de l’infection, les études récentes montrent « une baisse de l’efficacité progressive à partir du troisième mois de tous les vaccins, vis-à-vis de l’infection et les formes symptomatiques », rappelle le site Vaccination-info-service, géré par Santé publique France. L’efficacité des vaccins varie en fonction des personnes et des variants, mais, contre les formes graves, elle reste « à un niveau élevé, quel que soit le vaccin administré », est-il indiqué.

« On peut regretter qu’on n’ait pas travaillé davantage sur un vaccin pour qu’il prévienne mieux l’infection en aval de la transmission, soutient Morgane Bomsel. Mais, Pfizer ou Moderna n’ont jamais prétendu que leurs vaccins bloquaient la transmission. Les autorités auraient pu dire : on ne valide pas, on travaille un peu plus pour bloquer l’infection, mais le monde était tellement désemparé que ce qui a primé, c’était de diminuer les cas graves pour désengorger les hôpitaux. »