SANTELe parcours du combattant des candidates à l'IVG

Le parcours du combattant des candidates à l'IVG

SANTEPour une adolescente, un avortement n'est jamais anodin et s'obtient au bout d'un chemin semé d'embûches...
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no-caption - S.POUZET / 20 MINUTES / SIPA
Corentin Chauvel

Corentin Chauvel

«C'est une injure faite aux femmes de penser qu'elles prennent l'IVG pour un simple moyen de contraception». Contactée par 20minutes.fr, Anne-Marie, animatrice dans un centre de planification du Val-de-Marne est formelle: avorter est toujours une épreuve traumatisante.


Des délais souvent longs


En moyenne, ce sont des adolescentes de 15 à 17 ans que l'association prend en charge, selon Anne-Marie. «A partir de 18-20 ans, elles sont plus débrouillardes et appellent directement les hôpitaux». Mais il y a toujours des jeunes femmes plus âgées qui font appel au Planning familial parce qu'elles ne trouvent pas de centres ou qu'elles sont «un peu paumées».


Première nécessité, s'y prendre tôt. L'idéal est d'agir vers la troisième semaine de grossesse car les délais pour obtenir une place dans un centre d'IVG peuvent être longs, jusqu'à trois semaines en Ile-de-France, rappelle l'animatrice, qui précise: «au Planning familial, on trouve toujours une solution grâce à notre réseau. Si ce n'est pas à l'hôpital, on s'adresse en dernier recours à un cabinet privé ou un médecin militant, les échecs sont rares.»


L'épreuve de l'échographie


La loi de 2001 relative à l'IVG fixe le délai maximum pour se faire avorter à la douzième semaine de grossesse (quatorzième semaine d'aménorrhée). Ensuite, c'est trop tard pour la France, mais le Planning familial peut organiser un transfert vers un centre à l'étranger, en Espagne ou aux Pays-Bas.


Si trouver un centre d'IVG représente la difficulté majeure, le passage obligé par l'échographie n'est pas non plus simple à appréhender. Pour les adolescentes qui se font avorter en cachette, c'est cher et parfois rédhibitoire, notamment si elles tombent sur un échographiste qui voudrait sournoisement les dissuader d'avorter. «On trouve encore des salopards qui commencent carrément l'album de famille, en leur montrant l'image d'un bébé, c'est atroce», s'indigne Anne-Marie.

«On entre le matin et on sort l'après-midi»


Et ensuite, il faut «téléphoner, téléphoner et encore téléphoner» pour trouver une place libre dans un centre. Avec un peu de chance, l'adolescente avortera dans son département. Là encore, elle pourra trouver des obstacles sur son chemin. «Parfois, elles sont très mal reçues dans les centres, elles tombent sur des infirmières anti-IVG qui leur racontent des choses fausses», témoigne l'animatrice qui assure que, «sauf pépin», «on entre le matin et on sort l'après-midi».


«On essaye de dédramatiser la situation au maximum, de rassurer les jeunes filles parce qu'elles sont vraiment traumatisées. Il n'y en a aucune qui prend cet acte à la légère», ajoute Anne-Marie. Une fois l'IVG effectuée, un suivi est assuré par le Planning familial pour les adolescentes qui le souhaitent: «On leur dit qu'on a besoin d'elles, pour continuer à suivre leur contraception». Mais, selon l'animatrice, «celles qui habitent loin ne reviennent pas».

Si vous avez déjà entrepris des démarches pour subir une Interruption Volontaire de Grossesse et que vous avez rencontré des difficultés, apportez-nous votre témoignage dans les commentaires...