Toulouse : Daisy, le projet étudiant pour « détecter des allergies à haut débit »
RECHERCHE•Face au fléau des allergies, et à leur multiplicité, des étudiants toulousains planchent sur un mode de détection rapide et personnalisé au détour d’un concours mondial de biologie synthétique
Hélène Ménal
L'essentiel
- Des étudiants toulousains développent une nouvelle méthode pour détecter et traiter les allergies.
- Ils utilisent une bactérie et un procédé de chimie synthétique mais pour l’éventuel patient, la technique se résumera à une prise de sang.
- Ce projet scientifique, baptisé Daisy, sera présenté fin octobre lors du concours iGEM qui réunit le gratin mondial des étudiants en biologie.
Pollens, acariens, fruits… Dans les pays développés, 25 % à 30 % des habitants sont touchés par des allergies. Et parmi eux, il y a Samy. Cet étudiant en biotechnologie à l’université Paul-Sabatier (UPS) de Toulouse présente une bonne et « contraignante » collection d’allergies. Les pommes, très peu pour lui, certains médicaments ont sur sa gorge et ses voies respiratoires des effets inquiétants. Et c’est grâce à ses déboires qu’une équipe d’étudiants toulousains a choisi de plancher tout l’été sur une nouvelle méthode de détection des allergies en vue, fin octobre, du fameux concours mondial iGem, qui réunit le gratin de la biologie synthétique.
Ils sont huit – trois étudiants de l’UPS et 5 de l’Insa – à avoir passé l’été en blouses blanches dans leur labo, à jongler avec les tubes, les pipettes, les bactéries et les tests PCR. Ils ont failli s’atteler au recyclage du CO2 produit par la fermentation du vin, mais Samy étant convaincant, ils ont opté pour le projet Daisy.
Détection « à haut débit »
« Chaque allergène est reconnu par anticorps spécifique. Notre système repose sur l’utilisation de bactéries conçues pour se lier spécifiquement aux anticorps, explique Charline, membre Insa de l’équipe. A partir d’une prise de sang, on pourra observer des agrégats synonymes d’une prédisposition allergique. » Et le patient obtiendra un bilan personnalisé des allergies classiques qu’il développe mais aussi, éventuellement, de « dizaines, voire de centaines d’autres » actuellement non détectées par les tests sanguins ou cutanés. C’est ce que l’équipe iGem Toulouse appelle « la détection des allergies à haut débit ». « Et une fois l’allergie connue, on peut procéder à la désensibilisation », ajoute Juliette.
L’idée, avant le concours, est de « faire la preuve du concept » en travaillant sur des anticorps de synthèse. Et en vivant les mêmes tribulations que leurs aînés comme avec cette erreur de programmation sur un brin d’ADN qui leur a fait perdre « une bonne semaine ».
La troupe va encore passer un mois complet penchée sur les paillasses du laboratoire. Dans une ambiance plutôt studieuse, où la pression ne transparaît pas. Pourtant, les Toulousains ont un titre mondial à défendre. Celui décroché en 2021 par leurs prédécesseurs avec leur extrait synthétique du parfum de la violette.