BILANA la maternité des Lilas, la pandémie n'a pas eu d'effet sur les IVG

Coronavirus en Seine-Saint-Denis : A la maternité des Lilas, « la baisse des IVG est là, mais n’est pas impressionnante »

BILANL'Observatoire régional de santé (ORS) une constate « baisse de 5,6 % du recours à l’IVG chez les résidentes d’Ile-de-France en 2020 »
Mathilde Desgranges

Mathilde Desgranges

L'essentiel

  • Le dernier « Focus santé » de l’Observatoire régional de santé (ORS) fait le point sur l’évolution des indicateurs d’interruption volontaire de grossesse (IVG) en Île-de-France, après la crise sanitaire liée à l'épidémie de coronavirus.
  • « Le recours à l’IVG a baissé en 2020 comparativement aux années antérieures à la crise sanitaire, constate l’observatoire. Cette réduction, plus prononcée au deuxième trimestre de l’année, concerne plus fortement les IVG réalisées à l’hôpital. »
  • A la maternité des Lilas, pionnière en matière d’IVG, « la baisse est là mais n’est pas impressionnante ».

Après cinq années consécutives d’augmentation, le nombre d’interruption volontaire de grossesse [IVG] baisse en Ile-de-France. « La crise sanitaire, particulièrement le premier confinement, a entraîné une baisse du nombre de grossesse, un recul de recours à l’IVG et une baisse de natalité en 2020 », avance l’Observatoire régional de santé (ORS) Île-de-France dans son dernier « Focus santé ». La région fait partie des celles où le recours à l’IVG est le plus élevé en France. Elle connaît « une baisse de 5,6 % du recours à l’IVG […], par rapport à 2019 », détaille l’observatoire.

« Des disparités territoriales sont observées avec une forte réduction du recours à l’IVG chez les Parisiennes mais une évolution moins marquée en Seine-et-Marne », précise tout de même l’ORS. Dans la région, c’est dans le département de la Seine-Saint-Denis que le nombre d’avortements est le plus important.

Une baisse « pas impressionnante » à la maternité des Lilas

Pourtant les couloirs blancs de la maternité des Lilas (Seine-Saint-Denis) continuent de voir défiler « des patientes, venues pour une interruption volontaire de grossesse, qui arrivent tôt le matin, vers 8h30, puis reviennent l’après-midi pour leur intervention », affirme Céline Le Negaret, sage-femme depuis vingt-sept ans à la maternité des Lilas et membre du Planning familial. Ayant milité pour le droit à l’avortement avant sa légalisation en 1975, le personnel de la maternité des Lilas place le combat pour les IVG au cœur de son identité. Il réalise aujourd’hui plus de 10 % des IVG chirurgicales de Seine-Saint-Denis. « L’année dernière, sur les 8.500 IVG réalisées dans le département, on en a fait près de 900 », précise Céline Le Negaret.

Ces deux dernières années « la diminution du recours à l’IVG est là mais elle n’est pas si impressionnante », estime la sage-femme. Le personnel de la maternité a réalisé 828 IVG en 2020, 915 IVG l’année précédente. Et, « les chiffres sont de nouveau assez stables, précise-t-elle. Cependant, notre service n’est pas forcément le plus représentatif. »Régulièrement menacée de fermeture, la maternité des Lilas se trouve dans une position délicate. « Beaucoup ne viennent plus, parce qu’ils pensent qu’on est déjà fermé », explique Cécile Le Negaret. La maternité a bénéficié, en avril dernier, d’une prolongation du droit d’exercer, accordée par l’Agence régionale de santé (ARS).

Davantage d’IVG médicamenteuses

Sage-femme de profession, Cécile Le Negaret fait le choix de préparer les interventions d’un praticien et ne réalise pas elle-même d’IVG. Pourtant, depuis 2016, les sages-femmes sont autorisées à réaliser des IVG médicamenteuses, prescrites par des médecins. Aussi, « l’idée que l’IVG médicamenteuse est plus simple s’est beaucoup répandue », affirme Céline Le Negaret. Et l’année 2020 se distingue « par une baisse marquée du nombre des IVG réalisées dans les établissements de santé, tandis que les IVG médicamenteuses hors établissement ont augmenté au même rythme que les années précédentes », confirme la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).

« Mais "la médicamenteuse" n’est pas toujours ce qu’il y a de mieux, surtout pour les femmes dans le secret », avertit la sage-femme. Et d’ajouter : « Plus on approche des neuf semaines [date limite pour une IVG médicamenteuse], et plus la patiente va avoir des douleurs importantes. Et puis, il faut être préparée à ce qu’on peut voir lors de l’expulsion.»


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A neuf semaines de grossesse, par exemple, un embryon mesure 2,5 centimètres et peut être identifié à l’œil nu. Pour elle, « il est important de prévoir les démarches au cas par cas, et de les adapter aux besoins de chacune ». A noter qu'aux Lilas comme en Ile-de-France, la baisse du recours à l’IVG concerne surtout les jeunes femmes mineures. En 2020, comme depuis cinq ans, l’augmentation se maintient chez les femmes âgées de plus de 35 ans.