Prévention : Quatre pistes pour encourager les Français à faire de l’activité physique
SEDENTARITE•Les indicateurs sur l’obésité et la sédentarité sont sans appel, et la France doit faire mieux sur la prévention. C’est pourquoi les Acteurs de la prévention proposent plusieurs idées pour encourager les Français à bouger davantage
Oihana Gabriel
L'essentiel
- Le constat est sans appel : les Français ne font pas assez d’activité physique. Alors que notre système de soins souffre d’une pénurie de médecins et d’une épidémie de maladies chroniques, la prévention devrait être une priorité du gouvernement.
- C’est en tout cas l’espoir de l’association Acteurs de la prévention, qui fête ses 10 ans et salue quelques signaux encourageants, comme la nomination, pour la première fois, d’une ministre de la Santé et de la Prévention.
- Ce mercredi, lors d’un point presse, les acteurs de la santé et du sport ont listé des pistes qui pourraient encourager les Français à se mettre au sport et à bouger davantage.
On le sait, entre les mauvaises habitudes, le télétravail et le manque de temps, beaucoup (trop) de Français sont sédentaires. En février dernier, l' Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publiait un chiffre choc : « 95 % de la population française adulte » est trop sédentaire. Deuxième facteur aggravant : notre système de santé est certe très performant côté curatif… mais beaucoup moins côté prévention. Et il se dégrade à vitesse grand V, entre un manque de soignants, une population vieillissante et l’augmentation des pathologies chroniques.
Le constat est donc sans appel : il serait temps que la France parle prévention. Les Acteurs de la prévention, une association qui réunit des professionnels de tous horizons, phosphore et milite depuis dix ans pour imposer ce sujet. « Il y a dix ans, notre livre blanc proposait comme première mesure de faire pratiquer dès l’école primaire une activité physique aux enfants, se remémore Stéphanie Pistre, fondatrice d’Acteurs de la prévention, lors d’une conférence de presse ce jeudi. On n’avait pas été très ambitieux, on proposait un quart d’heure par jour… Le président réélu promet une demi-heure. Il a fallu dix ans… mais on est ravi ! » Autre proposition de l’association qui s’est retrouvée dans le programme d’Emmanuel Macron : des bilans de santé complets et gratuits à 25, 45 et 60 ans.
Troisième raison d’espérer : Brigitte Bourguignon est devenue ministre de la Santé et de la Prévention. « C’est pour nous un signal fort, la prévention doit être la préoccupation de tout le monde », salue Thierry Doll, président d’ Active FNEAPL (Fédération Nationale des Entreprises d’Activités Physiques, Sportives et de Loisirs). Alors que les Jeux Olympiques à Paris en 2024 se préparent, certains regorgent d’idées pour que cette volonté affichée d’améliorer la prévention se concrétise avant que la maladie ne s’invite dans la vie. Et 20 Minutes en a sélectionné quatre.
Créer des « oasis de prévention » dans les zones rurales
« L’objectif, c’est de rendre la prévention attractive et accessible, notamment dans les territoires ruraux, introduit Stéphanie Pistre. On a imaginé des "oasis de prévention", des tiers-lieux qui pourraient constituer une réponse au problème des déserts médicaux. On y proposerait des cours de yoga, de zumba, de gym douce, du dépistage, de la vaccination… Mais aussi un accompagnement aux jeunes parents pour avoir des conseils sur les 1.000 premiers jours, faire de la sensibilisation sur l’AVC alors que la France a un gros retard dans les connaissances. C’est aussi des lieux de vie, où les personnes isolées peuvent se retrouver. » Et donc aussi un moyen pour lutter contre la solitude, qui entraîne parfois des problèmes psychologiques. Où peut-on imaginer ces oasis de prévention ? « On peut commencer par trouver un espace près de la mairie, dans un supermarché… », reprend-elle.
Faciliter l’accès aux salles de sport
« L’étude de l’Anses est alarmante, mais elle ne vient que confirmer d’autres enquêtes qui vont dans le même sens, prévient Thierry Doll. Le Covid-19 n’a fait qu’accentuer cette sédentarité. Mais il va être difficile de remettre tout le monde au mouvement ! » Pour preuve : les salles de sport ont perdu entre 25 et 30 % de clients. Pour lui, réfléchir à une fiscalité innovante pour les lieux de sport pourrait être une piste intéressante. « Sous la forme d’une défiscalisation du premier abonnement à une salle de sport pour les étudiants, pour des précaires », précise ce dernier, qui assure être en discussion avec le gouvernement. Et qui, du bout des lèvres, souffle une autre idée : les salles de sport pourraient accueillir des scolaires aux heures creuses.
Elargir le Pass’Sport
Sous la précédente mandature, un dispositif visait justement à encourager les jeunes éloignés de l’activité physique à les remettre au sport : le Pass'Sport. Une enveloppe de 50 euros versée uniquement aux Français entre 6 et 17 ans qui bénéficient soit de l’allocation de rentrée scolaire, soit de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé ou encore de l’allocation aux adultes handicapés (entre 16 et 18 ans). « Pour l’instant, ça s’arrête à 18 ans, mais on pourrait l’étendre après », renchérit la présidente d'Acteurs de la prévention.
Deuxième limite qui pourrait sauter : cette somme peut être dépensée uniquement dans le secteur associatif, pour s’inscrire dans un club de foot, par exemple. Est-ce qu’une prochaine version étendra ce dispositif sur la somme distribuée, sur le public bénéficiaire et sur le lieu où l’on peut dépenser pour que d’autres jeunes, particulièrement éloignés du sport, retrouvent le goût de la sueur, du collectif, de l’effort et le sourire ? « Il ne nous appartient pas de flécher l’argent public, seul le gouvernement est en capacité de le faire. Mais tout ce qui permettrait de mettre les Français, en particulier les jeunes, en activité sera une bonne chose que ça soit d'installer des rameurs dans des parcs ou une activité encadrée.
Donner des repères plus clairs aux Français
Beaucoup ont en tête l’exigence des 10.000 pas par jour, mais est-ce vraiment suffisant ? Et pour quel âge ? Améliorer la prévention pourrait déjà passer par des campagnes de communication claires, inclusives, adaptées aux âges, afin que chacun sache quelle est l’activité physique minimale pour rester en bonne santé. « Ce serait important d’avoir un référentiel et un spectre d’activités qu’on ne connaît pas forcément, adapté aux différents moments de la vie, par exemple pendant la grossesse », reprend la fondatrice d’Acteurs de la prévention.
« Une autre piste serait d’accoucher d’un Activescore, sur le modèle du Nutriscore, ajoute Thierry Doll. En fonction de l’âge, de la situation de la personne, de son emploi, on va lui dire de faire tel ou tel exercice physique pendant tant de temps. » Si pour le moment, les législatives freinent toute annonce, la nouvelle ministre de la Prévention est attendue au tournant.