RECHERCHEA Nantes, un outil pour mieux comprendre la mort inattendue du nourrisson

Nantes : Un outil « unique au monde » pour enfin mieux comprendre la mort inattendue du nourrisson

RECHERCHEL'équipe de l'observatoire national de la mort inattendue du nourrisson, créé à Nantes, participe au premier congrès européen sur le sujet, qui se tient à Montpellier jusqu'à mardi
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Chaque année en France, 350 bébés sont en moyenne touchés par la mort inattendue du nourrisson.
  • Riche de milliers de données et d'échantillons, l'observatoire espère permettre de faire progresser la recherche sur le phénomène.

Avec environ 350 décès par an en France, c’est la première cause de mortalité infantile chez les enfants de moins d’un an. Pourtant, la mort inattendue du nourrisson (MIN) présente encore de nombreuses zones d’ombre, avec des chiffres qui ne baissent pas et inquiètent, d’autant qu’ils restent élevés par rapport à d’autres pays voisins. Jusqu’à mardi, des spécialistes sont réunis à Montpellier à l’occasion d’un premier congrès européen pour échanger sur le sujet. Il y est notamment question d’un outil créé il y a sept ans à Nantes, présenté comme « unique au monde », et qui pourrait permettre de faire progresser les connaissances sur ce phénomène encore difficile à expliquer.

Car pour environ la moitié des bébés concernés, malgré la réalisation de toute une palette d’examens et de prélèvements, « l’état actuel de la recherche ne permet pas de trouver une cause », déplore le docteur Karine Levieux pédiatre aux urgences du CHU de Nantes. Depuis 2015, l’observatoire de la mort inattendue du nourrisson (OMIN), dont elle est la coordinatrice médicale, s’attelle donc à recenser et compiler des données épidémiologiques dans toute la France pour aider à percer le mystère. Il y a deux ans, ce registre s’est enrichi d’une « biocollection », qui regroupe déjà quelque 1.800 échantillons, tous stockés au centre de ressources biologiques de l’hôpital nantais. « C’est un travail considérable, mais on commence enfin à arriver à un nombre intéressant, estime Léa Ferrand, chef de projet. Assez pour que les scientifiques s’en emparent et puissent démarrer des recherches, afin de faire baisser ce nombre de décès. On parle quand même de l’équivalent de 12 classes de maternelle… »

Insister sur la prévention

En présentant ces chiffres, l’OMIN espère aussi donner davantage de portée aux connaissances que l’on a déjà, même si celles-ci sont complexes. « Le décès d’un bébé est souvent multi-factoriel et l’observatoire le confirme, observe Karine Levieux. Un enfant avec une immaturité neurologique ou cardiaque, prématuré ou avec un petit poids, qui sera exposé à du tabagisme et dans un environnement de couchage non adapté a un risque de décès plus important avec tous ces éléments cumulés. » D’où la nécessité, selon l’observatoire, de mettre le paquet sur la prévention, après qu’une grande campagne avait réussi à faire baisser les chiffres dans les années 1990. « Il est recommandé que l’enfant soit sur le dos, seul dans son lit, à barreau et sans tour de lit, rappelle la pédiatre. On le couche en turbulette, dans une chambre où il fait entre 18 et 20 degrés. »

Prématurité, génétique… Plusieurs travaux sont actuellement en cours pour aller plus loin. « La recherche pourrait permettre de trouver d’autres facteurs de risque, par exemple la consommation de médicaments pendant la grossesse. On a de gros doutes sur certains d’entre eux, indique la pédiatre. On sait aussi que les chiffres sont plus élevés dans certaines régions que d’autres, donc n’y a-t-il pas des polluants dans l’atmosphère en cause ? » En attendant, l’OMIN cherche des financements pour pouvoir poursuivre son travail. « Je suis convaincue qu’on arrivera à mettre en évidence de nouvelles choses, confie Karine Levieux. Encore faut-il qu’on ait les moyens d’aller les chercher ».

La mort inattendue du nourrisson (MIN) est « le décès d’un nourrisson survenant brutalement alors que rien, dans les antécédents connus du nourrisson, ne pouvait le laisser prévoir », explique le CHU de Nantes.