Covid-19 : Similaire à l’alcootest, un test de dépistage par l’haleine autorisé aux Etats-Unis
SOUFFLE•L’agence sanitaire américaine vient d’autoriser un test de dépistage du Covid-19 par l’haleine, qui promet un résultat fiable et rapideAnissa Boumediene
L'essentiel
- La Food and Drug Administration (FDA), l’agence sanitaire américaine, a délivré une autorisation d’urgence pour un test de dépistage du Covid-19 par l’haleine.
- Le dispositif fonctionne selon la même technologie que celle employée par l’éthylotest, qui mesure l’alcoolémie dans l’air expiré.
- Cet appareil saura-t-il se faire une place en France ?
«Soufflez, soufflez, soufflez ». Et le résultat va tomber. Non, il ne s’agit pas d’un contrôle de votre alcoolémie via un éthylotest, mais du « InspectIR Covid-10 Breathanalyzer », le tout dernier appareil de dépistage du Covid-19 par l’haleine. Il a été approuvé jeudi par la Food and Drug Administration (FDA), l’agence sanitaire américaine, qui a délivré une autorisation d’urgence à la société qui le produit. « Cette autorisation est un autre exemple de l’innovation rapide qui se produit avec les tests de diagnostic pour le Covid-19 », a déclaré le Dr Jeff Shuren, directeur du Centre pour les appareils et la santé radiologique de la FDA.
La promesse de ce dispositif : un dépistage qui laisse nos narines tranquilles et offre un résultat ultrarapide. Mais est-ce un dispositif miracle ? Et pourrait-il trouver sa place en France ?
Un dépistage simple et rapide
Ce dispositif a plusieurs atouts. Le premier, et pas des moindres – les natures douillettes seront d’accord – : il n’est pas question ici d’écouvillon qui vient vous racler le fond des fosses nasales et vous fait pleurer après s’être frotté de trop près à vos glandes lacrymales. Et rien que pour ça, on serait tenté de dire qu’on l’aime déjà, cet appareil ! En pratique, il suffit de souffler dans une paille en carton à usage unique connectée à l’appareil.
« C’est un laboratoire de chimie dans une boîte », a déclaré John Redmond, cofondateur d’InspectIR Systems, au New York Times. La machine procède ensuite à l’analyse de cinq composés organiques volatils dans l’échantillon d’haleine, selon la technique de chromatographie en phase gazeuse. Soit celle de l’éthylotest, qui mesure, elle, le taux d’alcool dans l’air expiré. Des composés qui constituent une « empreinte respiratoire » du Covid, a-t-il ajouté. Et les résultats sont livrés en moins de trois minutes tout compris, précise la société. En cas de test positif, le résultat doit ensuite être confirmé par un PCR, a décidé la FDA. Soit le même protocole qu’en France en cas de test antigénique positif.
« C’est vraiment rapide et assez impressionnant », a commenté auprès du média américain Nathaniel Hafer, biologiste moléculaire et expert en tests à l’UMass Chan Medical School. D’autant que « tout le monde ne peut pas fournir un échantillon nasal très facilement », poursuit-il, voyant dans ce nouveau type de prélèvement un outil « vraiment précieux ». « Si le produit est fiable, cela peut rendre le prélèvement plus simple pour certaines personnes, notamment les très jeunes ou les plus âgés et vulnérables », abonde-t-on du côté de l'Union des syndicats des pharmaciens d'officine (USPO).
Une fiabilité intéressante
Pour tester l’efficacité de son invention, InspectIR Systems a mené une étude sur 2.409 personnes. Et les résultats communiqués par sont plus que prometteurs, avec une fiabilité observée de 91,2 % pour les échantillons positifs et une spécificité de 99,3 % pour les échantillons négatifs. Soit une fiabilité comparable à celle des tests PCR et antigéniques, et supérieure à celle des autotests.
Comme le souligne la Haute Autorité de santé (HAS), les autotests détectent la présence du Covid-19 dans 80 % des cas chez les personnes contaminées et symptomatiques, lorsqu’il est utilisé correctement. En revanche, des chercheurs suisses rapportent que la fiabilité de ces autotests chute à 44 % pour les personnes asymptomatiques. Sans oublier qu'« en cas de recours à l’autotest, on sait que très souvent, les gens ne rentrent pas beaucoup l’écouvillon dans la narine, ce qui peut fausser le résultat et avec un faux négatif », renchérit-on à l’USPO.
Quelques réserves à lever
Reste à savoir si cet appareil, de la taille d’une valise cabine, trouvera son public, alors que nombre de pharmacies et centres de dépistage ont depuis des mois une logistique bien rodée entre tests antigéniques et tests PCR. « Il faut attendre les résultats de travaux complémentaires, estime L’USPO, notamment sur les différents variants : certains sont moins présents dans la sphère buccale, donc moins présents dans l’air exhalé ».
En outre, l’appareil doit être manipulé par un opérateur qualifié et formé, et l’utilisation doit être supervisée par un professionnel de santé, à l’instar des tests antigéniques. Dans l’Hexagone, l’heure est pour l’instant à l’optimisme prudent. « Dans les stratégies de dépistage, on est sur des technologies qui évoluent très vite, rappelle l’USPO, des tests capables de détecter la grippe saisonnière et le Covid-19 sont ainsi en développement. Mais s’il est confirmé que ce nouveau dispositif donne de très bons résultats, on sera preneur. Pour l’heure, prudence ! »
A ce jour, environ 125.000 personnes sont contaminées par le Covid-19 quotidiennement en France.