Don du sang : Pourquoi l’EFS lance-t-il un appel « d’urgence vitale » pour la première fois de son histoire ?
URGENCE•Pour la première fois de son histoire, l’Etablissement français du sang a publié un « bulletin d’urgence vitale »Marie De Fournas
L'essentiel
- Alors qu’il faudrait que les réserves journalières de produits sanguins soient au nombre de 100.000, l’Etablissement français du sang (EFS) doit assurer opération et transfusions sanguines avec des réserves à 70.000.
- Un seuil en dessous duquel l’Etablissement français du sang n’était jamais descendu et qui l’oblige à lancer un « bulletin d’urgence vitale » et à demander à tous les citoyens de se mobiliser.
- Pour faciliter les collectes fortement pénalisées par la crise sanitaire, les conditions pour faire des dons ont été allégées.
Si vous avez un petit créneau d’une heure dans votre journée dont vous ne savez que faire, l’Etablissement français du sang a une solution toute trouvée pour vous : donner vos globules rouges. L’EFS a publié mardi dernier un « bulletin d’urgence vitale » appelant tous les citoyens à franchir la porte d’un centre de collecte pour y faire un don du sang. On vous explique pourquoi c’est la première fois de son histoire que l’EFS lance un tel appel.
Que veut dire « urgence vitale » concernant les dons du sang ?
Ces derniers jours, les réserves de l’EFS sont passées en dessous du seuil de sécurité à un niveau critique encore jamais atteint. Dans ses stocks, l’Etablissement ne dispose plus que de 70.000 produits sanguins au niveau national alors qu’il lui en faudrait 100.000. « Si cette baisse se pérennise, on risque de ne pas pouvoir fournir de produit sanguin à tous nos patients et donc de devoir différer des transfusions ou des opérations chirurgicales non urgentes », assure le docteur Michel Jeanne, directeur de l’EFS Nouvelle-Aquitaine où les réserves plafonnent aujourd’hui à 6.300.
Une priorisation des patients qui pourrait leur faire courir des risques, mais également entraîner un embouteillage au niveau de la prise en charge, car les produits sanguins « ne peuvent pas être remplacés par d’autre traitement thérapeutique », précise le docteur.
Comment en est-on arrivé là ?
Depuis deux ans, la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 a fortement pénalisé les collectes de sang. « Avec le télétravail qui s’est généralisé, on collecte moins dans les entreprises, mais aussi dans les universités et les établissements scolaires, car les étudiants sont en distanciel », constate le docteur Michel Jeanne. Avec les infirmières et les médecins réquisitionnés dans les hôpitaux, l’EFS a ainsi dû annuler des collectes , fautes de personnels.
Si l’Etablissement français du sang avait maintenu la tête hors de l’eau jusqu’à présent, la vague Omicron l’a définitivement fait plonger. Entre du personnel positif ou cas contact et des donneurs qui se sont moins mobilisés, « parce qu’ils se posaient des questions par rapport à la vaccination, la contamination, le pass sanitaire », la situation s’est aggravée en janvier, déplore le médecin.
Comment sortir de cette « urgence vitale » ?
Pour revenir à un niveau acceptable la solution est simple : « On a besoin de dons en urgence, maintenant et massivement », lance le Dr Jeanne. Les règles pour donner ont donc quelque peu été assouplies. Si les donneurs peuvent réserver un créneau sur le site de l’EFS ou sur l’application mobile « Don de sang » sur IOS ou Android, il est également possible d’aller dans un centre de collecte EFS sans rendez-vous. « Il n’est pas nécessaire d’être vaccinés contre le coronavirus, ni d’avoir un pass vaccinal », insiste le médecin.
Notre dossier sur le don du sang
Pour les personnes positives au Covid-19, les règles vont aussi être allégées à partir du mardi 15 février. Ainsi, celles disposant d’un schéma vaccinal complet doivent attendre sept jours à partir du début des symptômes avant de donner leur sang. Le délai tombe à cinq jours si elles présentent un test PCR ou antigénique négatif. Pour les personnes positives non vaccinées ou avec un schéma vaccinal incomplet, elles devront attendre dix jours après le début des symptômes. Avec un test de dépistage négatif, le laps de temps se réduit à sept jours.