Si le pass vaccinal a beaucoup fait débat à l’Assemblée ces derniers jours et continue de mobiliser sur la question des privations de liberté, son grand frère, le pass sanitaire, est à l’heure du bilan. Selon une étude publiée mardi par le Conseil d’analyse économique (CAE), un organisme rattaché à Matignon, réalisée avec le concours de l’OCDE et de l’Institut Bruegel, le pass sanitaire aurait permis d’éviter 4.000 décès liés au Covid-19 en France, 1.100 en Allemagne et 1.300 en Italie.

Mais ce n’est pas tout. Avec un pass permettant de faire repartir un certain nombre de secteurs économiques (restauration, tourisme), tout en limitant les contaminations, le pass sanitaire permet au PIB du second semestre 2021 de gonfler de 6 milliards d’euros en France selon l’étude. Il « a pu avoir un impact sur l’activité économique directement en permettant aux personnes vaccinées d’avoir, avec moins de risque, davantage d’interactions sociales et économiques et indirectement en réduisant la nécessité de restrictions mises en place par les autorités », rapportent ses auteurs.

Un taux de vaccination inférieur de 13 points sans pass

En utilisant des données de l’OCDE, les chercheurs sous la direction des économistes Philippe Martin (CAE), Patrick Artus et Guntram Wolff (Institut Bruegel), ainsi que de l’épidémiologiste Arnaud Fontanet ont calculé que sans pass sanitaire, le produit intérieur brut (PIB) hebdomadaire aurait été 0,6 point de pourcentage inférieur à ce qu’il a été en France, de 0,3 point en Allemagne et de 0,5 point en Italie. Ils ont également comparé la situation de ces trois pays à celle de la Belgique et de la République tchèque qui n’ont pas mis en place de pass sanitaire.

En France, le taux de vaccination contre le Covid-19, qui était de 78,2 % à la fin 2021, n’aurait été que de 65,2 % sans pass, soit 13 points inférieur, avancent les auteurs qui ont calculé un écart moins important, de 9,7 points, en Italie (80,1 % contre 70,4 %) et encore plus faible en Allemagne de seulement 6,2 points (73,5 % contre 67,3 %). « A peu près la moitié de l’augmentation » du nombre de vaccinés au deuxième semestre 2021 « est due au pass sanitaire », a déclaré sur BFM Business Philippe Martin, président délégué du CAE.

Selon les chercheurs, la moindre hausse de la vaccination en Allemagne pourrait venir de ce que « contrairement à la France, la communication autour du pass sanitaire a été moins claire, les restrictions d’activités sans pass moins fortes et la mise en place moins centralisée ». Les auteurs de l’étude estiment encore qu’en France, « le nombre de patients Covid en soins intensifs aurait été fin 2021 d’environ 45 % supérieur à ce qui a été observé avec le pass sanitaire », entraînant « des niveaux de pression hospitalière au-dessus des seuils atteints lors des confinements précédents ».