Coronavirus : Contagiosité, mortalité, résistance aux vaccins… Que sait-on sur le variant Omicron ?
RECHERCHE•Alors qu’Omicron affole une partie de l’Europe, une étude sud-africaine vient de sortir, montrant que le vaccin de Pifzer resterait efficace à 70 % contre les hospitalisations dues à ce variantOihana Gabriel
L'essentiel
- Découvert en Afrique du Sud en novembre, le variant Omicron inquiète la communauté internationale.
- La Grande-Bretagne craint un « raz-de-marée » des contaminations dû à ce variant et accélère la campagne de rappel vaccinale.
- Les scientifiques, eux, commencent à publier des données sur ce variant. Contagiosité, létalité, résistance aux vaccins… 20 Minutes récapitule ce que l’on sait pour le moment.
«Nous faisons face à deux challenges en parallèle : administrer le plus rapidement possible la 3e dose pour contrer la cinquième vague de Covid-19 et s’organiser pour faire face au variant Omicron à court terme si on en croit les modélisations », résumait jeudi dernier Odile Launay, la coordonnatrice du centre d’investigation clinique de vaccinologie Cochin-Pasteur.
La riche actualité de ces derniers jours confirme qu’Omicron s’impose et inquiète… Si les données sont encore parcellaires sur ce nouveau variant, plusieurs études viennent éclairer la lanterne des scientifiques. 20 Minutes fait le point.
Est-il plus contagieux que Delta ?
Il semblerait que oui. Dimanche, l’Organisation mondiale de la Santé dressait un premier profil de ce variant : Omicron semble se propager davantage que le variant Delta. Cette diffusion plus rapide est constatée non seulement en Afrique du Sud, mais également au Royaume-Uni. Avec plus de 58.000 nouvelles contaminations au Covid-19 enregistrées vendredi, du jamais-vu depuis janvier, Boris Johnson parle de « raz-de-marée ».
Déjà 30 % des cas signalés à Londres sont liés au variant Omicron, identifié dans le pays il y a seulement quinze jours. L’Agence britannique de sécurité sanitaire (UKHSA) a déclaré qu’Omicron devrait devenir le variant dominant au Royaume-Uni d’ici à la mi-décembre et que le nombre d’infections risquait de dépasser le million.
La France se dirige-t-elle tout droit vers ce scénario ? Selon l’avis du Conseil scientifique publié lundi, ce variant pourrait « circuler en Europe plus rapidement que prévu initialement, en remplaçant progressivement le variant Delta dans les premières semaines de 2022. ». Pour le moment, selon Santé Publique France, trois cas avaient été repérés le 1er décembre, et 133 le 12 décembre.
Mais la France séquence-t-elle assez pour suivre de près l’émergence de ce variant ? « Certes, les Britanniques séquencent plus que nous, mais ils ont aussi plus de relations avec l’Afrique du Sud, ça joue sur le nombre de contaminations, nuance Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Bichat (AP-HP) et membre du Conseil scientifique. On n’est pas dans une situation où on ne voit pas parce qu’on ne séquence pas assez. En Norvège et au Danemark, [où le variant s’impose également], il y a eu des clusters. Si on avait d’énormes clusters, on les verrait. »
Interrogé mardi matin sur France Bleu, Jean Castex a précisé : « Même si la circulation d’Omicron aujourd’hui en France demeure faible, notre devoir c’est d’anticiper sur la base de ce qu’on sait. Les Anglais disent qu’il est beaucoup plus contagieux que Delta, qui lui-même était plus contagieux que ses prédécesseurs. »
Est-il plus létal ?
En Afrique du Sud, où a émergé ce variant, peu de cas graves sont répertoriés, alors même que les tests et le taux de positivité (28,9 %) atteignent des records. Seuls les décès n’ont pas connu d’augmentation significative jusqu’ici, la plupart des patients présentant de faibles symptômes à ce stade. Reste que la population de ce pays est nettement plus jeune que la nôtre… Anthony Faucci, le « Monsieur Covid » américain, suggérait le 7 décembre que ce variant pourrait être moins dangereux que Delta.
Pourtant lundi, le premier mort avec Omicron, en Grande-Bretagne, a jeté un froid. Pour le moment, la France ne compte aucun décès lié à ce variant. Jeudi dernier, Vincent Calvez, chef du département de virologie à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), se voulait optimiste : « il y a beaucoup d’hôpitaux qui séquencent tous leurs patients. Pour l’instant, on n’a pas Omicron dans les patients hospitalisés, donc les plus graves. »
Cela veut-il dire que l’on pourrait avoir une 6e vague d’Omicron qui ne pèserait pas sur le système de santé ? Dans son avis publié lundi, le Conseil scientifique se montre très prudent : « si on peut s’attendre à ce que la vaccination protège contre les formes graves, la très grande circulation du virus, y compris en population immunisée, finira par toucher les personnes à risque de formes graves : les sujets non vaccinés, les sujets à risque n’ayant pas réalisé leur dose de rappel, et les sujets présentant des déficits immunitaires chez qui la vaccination n’est pas efficace. Il en résultera un surcroît d’hospitalisations qui se rajoutera à celles liées à la vague Delta. »
Les vaccins restent-ils efficaces contre Omicron ?
C’est LA question aujourd’hui. Plusieurs études de ces derniers jours apportent des informations précieuses, mais préliminaires. Une première vient d’Afrique du Sud et suggère une baisse importante du pouvoir neutralisant des vaccins, mais elle ne porte que sur douze patients. Ce mardi, une deuxième étude, également réalisée en Afrique du Sud et beaucoup plus vaste, nuance ce résultat inquiétant. Ce travail, élaboré par la première assurance maladie privée du pays, Discovery, avec les scientifiques du Conseil sud-africain de la recherche médicale (SAMRC), se base sur 78.000 tests PCR réalisés entre le 15 novembre et le 7 décembre.
« La double dose du vaccin Pfizer montre une efficacité de 70 % dans la réduction des hospitalisations », a déclaré le président de Discovery, Ryan Noach. Le vaccin était auparavant efficace à 93 % contre les cas sévères. De manière générale, « l’efficacité du vaccin est sensiblement réduite avec un nombre élevé de contaminations brèves chez les personnes vaccinées », a-t-il poursuivi. L’étude montre une efficacité de seulement 33 % contre le risque de contamination, avec un nombre élevé de réinfections, contre 80 % contre le précédent variant dominant Delta.
Alors, la troisième dose protège-t-elle davantage ? Mercredi dernier, Pfizer a présenté une étude dévoilant que face à Omicron, deux doses ne suffisaient plus à protéger contre les formes graves. « Par contre, ce qui est un peu rassurant, même s’il faut prendre ces résultats avec prudence, c’est qu’après une troisième dose, il reste un pouvoir neutralisant contre Omicron », nuance Odile Launay. Qui conclut : « ce variant va impacter la protection. Cela nécessite d’accélérer la 3e dose. »