Coronavirus : Le variant Omicron résiste au vaccin de Pfizer mais ne lui échappe pas complètement, selon une étude
SCIENCES•Ces premiers résultats suggèrent qu'une troisième dose de vaccin devrait encore offrir une solide protection contre les effets les plus graves du virusP.B. avec AFP
Pour le chercheur qui a supervisé cette première étude en urgence, le verre est à moitié plein. Des résultats préliminaires publiés mardi (archive zip ici) suggèrent que si le variant Omicron est bien plus résistant aux anticorps neutralisants que la souche originelle du sars-CoV-2 ou que le variant Delta, il n’échappe pas complètement à l’action du vaccin de Pfizer. Cela signifie que les vaccins à ARN messager, avec trois doses, devraient encore offrir une protection efficace pour prévenir les décès et les effets les plus graves du Covid-19.
L’étude a été menée par les équipes d’Alex Sigal à l’Africa Health Research Institute de Durban. C’est la première à se pencher sur le comportement du variant Omicron chez des personnes vaccinées. Attention, elle ne porte que sur les anticorps neutralisants, qui ne constituent qu’une partie de la réponse immunitaire, et sur un échantillon de seulement 12 patients. Les résultats préliminaires n’ont pas encore été évalués par la communauté scientifique mais ont malgré tout été publiés car ils relèvent de l’intérêt général.
Chute importante de la neutralisation chez les doubles vaccinés
Chez les six patients qui avaient reçu deux doses du vaccin de Pfizer mais n’avaient jamais été infectés par le Covid-19, la neutralisation des anticorps chute lourdement, par un facteur 41 – par rapport à la souche originelle. Mais la lueur d’espoir, c’est que les cinq patients infectés préalablement par le Covid-19 « bénéficient d’une neutralisation relativement élevée face à Omicron ». C’est pour cette raison que les chercheurs estiment que les personnes ayant reçu trois doses vaccinales devraient bénéficier d’une protection relativement similaire à ce groupe. En effet, une troisième dose booste le taux d’anticorps neutralisants par un facteur d’au moins 35.
« C’est mieux que ce à quoi je m’attendais », écrit Alex Sigal sur Twitter. « Le fait (qu’Omicron) ait toujours besoin des récepteurs ACE2 (pour s’accrocher à une cellule) et qu’il n’échappe que partiellement (au vaccin) signifie que c’est un problème auquel on peut s’attaquer avec les outils que l’on a. »
L’OMS relativement optimiste
« Il n’y a aucune raison de douter » du fait que les vaccins actuels protègent les malades contaminés par Omicron contre les formes sévères du Covid-19, avait estimé mardi, Michael Ryan, le responsable des urgences de l’OMS, dans un entretien avec l’AFP.
« Nous avons des vaccins très efficaces qui ont démontré leur pouvoir contre tous les variants jusqu’à présent, en termes de sévérité de la maladie et d’hospitalisation, et il n’y a aucune raison de penser que cela ne serait pas le cas » avec Omicron, a expliqué le docteur Ryan, tout en soulignant que l’on en était au tout début des études d’un variant détecté seulement le 24 novembre et qui a depuis été repéré dans une quarantaine de pays.
Des signaux « encourageants », selon le Dr Fauci
Selon Michael Ryan, il n’y a pas non plus d’indications, à ce stade, qu’Omicron provoque des formes plus sévères de Covid-19. Ses propos font écho à ceux du Dr Anthony Fauci, conseiller de la Maison Blanche sur la crise sanitaire. « Clairement, en Afrique du Sud, Omicron se transmet davantage », commence le Dr Anthony Fauci, conseiller de la Maison Blanche sur la crise sanitaire, dans une interview à CNN ce dimanche, en se référant à la courbe « verticale » du nombre de nouveaux cas dans ce pays. « Mais jusqu’ici, même s’il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives, on ne dirait pas qu’il présente un haut degré de gravité », a-t-il déclaré. « Jusqu’ici, les signaux concernant la gravité sont un peu encourageants », a-t-il répété.
Sur le terrain, plusieurs hôpitaux sud-africains ont indiqué que de nombreux patients positifs au variant Omicron ne semblaient pas présenter des symptômes plus sérieux. Mais dans un pays très jeune, avec un âge médian de 26,4 ans, il n’est pas exclu que des cas graves émergent dans les prochaines semaines.