Vaccination : « Scandale » ou « geste citoyen »… La campagne de rappel contre le coronavirus divise nos internautes
VOTRE VIE, VOTRE AVIS•Pour booster la campagne de rappel des vaccins contre le Covid-19 et freiner la reprise épidémique, Emmanuel Macron a annnoncé que le pass sanitaire serait conditionné à une troisième dose pour les plus de 65 ansOihana Gabriel
L'essentiel
- A partir du 1er décembre, l’ensemble des Français de plus de 50 ans seront éligibles à une dose de rappel de vaccin contre le Covid-19. Cependant, cette injection ne sera pas nécessaire pour garder leur pass sanitaire.
- En revanche, pour les plus de 65 ans qui auraient fait leur deuxième dose depuis six mois et cinq semaines, ce rappel sera obligatoire s’ils souhaitent continuer à aller au cinéma, restaurant ou voyager.
- Ces annonces d’Emmanuel Macron ont suscité chez nos internautes des réactions très contrastées. Pour beaucoup, ce rappel coule de source. Pour d’autres, il est injuste puisque l’épidémie actuelle concerne en priorité des non-vaccinés. Enfin, parmi les récalcitrants, cette nouvelle contrainte ne fait qu’accentuer leur colère.
Vent de panique ou de fureur ? Les Français semblent un peu sonnés par l’annonce faite mardi par Emmanuel Macron : le rappel du vaccin anti-Covid-19 sera ouvert aux plus de 50 ans en décembre… et obligatoire pour les plus de 65 ans à partir du 15 décembre pour obtenir ou conserver leur pass sanitaire.
Cette nouvelle campagne de rappel a suscité de (nombreuses) réactions très contrastées parmi les internautes de 20 Minutes qui ont répondu à notre appel à témoignages. Une illustration de plus de la scission que le débat sur la vaccination génère au sein de la société française.
« Je ne tiens pas à courir le risque de "remettre le couvert" »
Pour une grande partie de nos lecteurs, accepter de faire ce rappel va de soi. « Je vais faire cette troisième dose et celles qui suivront si besoin, anticipe Marie, 52 ans. Je ne souhaite pas engorger les hôpitaux. Je me protège et je protège les autres. Je mets un casque à moto et ma ceinture au volant. » Même évidence pour Murielle, 54 ans : « j’ai eu le Covid deux fois. Les séquelles m’ont mise sur les genoux pendant des semaines. J’ai fait le vaccin dès que j’ai pu, et je ferais la dose booster dès que j’en aurai la possibilité. Je ne tiens pas à courir le risque de "remettre le couvert". » Pour Jany, 72 ans, la contrainte annoncée par Emmanuel Macron n’a rien changé. « J’ai pris rendez-vous pour mon rappel avant l’allocution, car c’est pour moi la meilleure chose à faire et un geste citoyen ».
« Il y a tant de pays qui nous envient… »
Certains ne cachent pas une certaine amertume vis-à-vis de ceux qui refusent de se faire vacciner contre le Covid-19. Frédéric, 53 ans, fera sa troisième dose sans hésiter dès décembre. « Je suis exaspéré par toutes les rumeurs conspirationnistes. Les motivations des antivax sont très inquiétantes pour l’avenir de notre société : défiance envers le pouvoir démocratique, envers les grands médias supposés liés à la grande conspiration mondiale, recherches d’informations uniquement sur des sites alternatifs qui ont beau jeu de manipuler et pousser ces incrédules (pourtant souvent bien insérés socialement) à rejeter le discours gouvernemental et médiatique. » Martine, 62 ans, invite à regarder ailleurs… « Je ferai la troisième dose dès que possible. Nous avons eu depuis notre naissance une multitude de vaccins. Nous avons la chance de pouvoir échapper à cette saleté de Covid. Il y a tant de pays qui nous envient… Que les résistants aillent faire un petit voyage en Colombie ou à Madagascar. »
Martine, 71 ans, pense aussi qu’il faudrait aller plus loin. « J’ai reçu ma troisième dose de vaccin il y a deux jours, et celui de la grippe il y a une semaine. Je crois en l’efficacité des vaccins en général et je pense qu’on devrait rendre obligatoire la vaccination contre le Covid pour qu’on puisse enfin sortir de cette crise sanitaire mondiale. »
La question du dosage des anticorps
Mais si beaucoup n’expriment aucune réticence, certains regrettent qu’on ne teste pas les anticorps avant d’injecter à nouveau un vaccin. « Pas besoin d’annonce du Président pour prendre soin de sa santé, d’ailleurs il est grand temps de passer le relais à nos médecins, s’agace Isabelle, 62 ans. Le mien m’a déjà prescrit il y a quelques semaines une analyse de sang à faire six mois après ma deuxième dose, soit début janvier, pour vérifier le taux d’anticorps. Dès lors que le taux ne sera plus satisfaisant, je ferai sans hésiter une troisième dose… Puis les suivantes quand ce sera nécessaire. »
Même exigence pour Marie, 54 ans. « J’ai eu le Covid en novembre 2020 avec des symptômes classiques, fatigue, toux, rhume, maux de gorge et perte de l’odorat, comme un virus banal hivernal. Je me suis fait vacciner en juin (une dose donc) pour obtenir le pass sanitaire surtout, et donc voyager sans contrainte. Le vaccin me semble indispensable pour protéger les plus fragiles, mais doit rester libre dans les autres situations, comme pour la grippe. Je n’irai pas me faire à nouveau vacciner, sans au préalable faire une prise de sang pour connaître mon taux d’anticorps. »
Autre critique : l’accès à ces doses ne semble pas évident, alors que beaucoup de centres de vaccination ont fermé. Une difficulté qu’a déjà rencontrée Jeanine, 74 ans, qui a fait sa troisième dose le 24 novembre. « Pour trouver un centre de vaccination, c’est le parcours du combattant, le centre où j’ai été deux fois est depuis fermé, certains médecins et pharmaciens ne la font pas. » D’autant qu’avec les annonces du président, beaucoup de Français se précipitent déjà sur les rendez-vous… Elisabeth, 71 ans, s’inquiète également des moyens logistiques. « Pas de souci pour faire la 3e dose, ce que je trouve regrettable c’est la date butoir du pass sanitaire, on est pris en otage. Il faudrait qu’il y ait suffisamment de doses chez les pharmaciens et les médecins. »
Vaccinés, ils s’opposent à la troisième dose
Jacques, 66 ans, se montre beaucoup plus critique sur cette décision injuste selon lui. « Je ne vois pas pourquoi on contraint les personnes en règle (vaccinées, deux doses) à une troisième dose alors que pour les non vaccinés aucune mesure, des contrôles très aléatoires du pass sanitaire en certains endroits… » Certains, convaincus de l’intérêt du vaccin lors de la primo injection, émettent des craintes quant à ce rappel. Nadia, 51 ans, a connu des nausées, vomissements, tremblements, malaise et une phlébite après sa deuxième dose. « Du coup, je suis très inquiète des risques qu’il peut y avoir avec une troisième dose, je ne la ferai donc pas. »
D’autres s’insurgent contre l’obligation de faire un rappel avec de l’ARN messager. « Je suis vacciné au Janssen et on veut me donner une soi-disant deuxième dose qui est en fait un nouveau vaccin : le Pfizer + le vaccin contre la grippe, tempête Gilbert, 65 ans. Jusqu’où iront-ils ? »
« Le pass est un scandale »
Pour beaucoup d’internautes, le vaccin contre le Covid-19 c’était non et ça le restera. « L’annonce du président ne m’a pas fait changer d’avis bien au contraire : je ne me vaccinerai toujours pas, martèle Nicole, 65 ans. Je ne suis pas un cobaye et le pass sanitaire je n’en ai nullement besoin, je me gère comme une grande. »
Rose, qui vient tout juste de fêter ses 65 ans, est aussi opposée à la vaccination. « Je n’ai eu aucune injection et je ne compte certainement pas commencer quand j’entends parler autour de moi des personnes ayant eu des effets indésirables suite à cette injection forcée. Les sorties, je m’en passe volontiers, si je veux voir des amis, ma porte est ouverte. » Et Béatrice de tempêter : « le pass est un scandale : c’est juste parce que l’hôpital est à l’os. Ce n’est pas notre santé qui inquiète Macron, mais la capacité des hôpitaux à pouvoir soigner tout le monde en cas d’épidémie. »