Lyon : HAL, un exosquelette qui réapprend aux patients à marcher à l’aide de la pensée
PROUESSE•L’hôpital Henry-Gabrielle près de Lyon, est le seul en France à posséder cette machine révolutionnaire
Caroline Girardon
L'essentiel
- Depuis la rentrée, les kinés de l’hôpital Henry-Gabrielle utilisent un exosquelette de modèle HAL pour réapprendre à leurs patients à marcher.
- Une machine révolutionnaire capable de multiplier par 10 la force musculaire.
- Sa particularité par rapport aux autres modèles existants : c’est le cerveau du patient qui le commande et non un ordinateur.
Penché sur son déambulateur, Jean-Philippe Lemaître fredonne joyeusement I believe I can fly. Savourant chaque petit pas effectué. Chacun de ses gestes demande un effort intense de concentration. Et ce qu’il accomplit, à savoir marcher, relève quasiment du miracle. Durant l’été, ce Lyonnais de 41 ans a eu un accident, des « palettes » l’ont écrasé. « Je me suis retrouvé avec un pincement de la moelle épinière et plusieurs cervicales touchées », raconte-t-il. On lui diagnostique alors une tétraplégie incomplète.
Hospitalisé depuis deux mois à l’hôpital Henry-Gabrielle à Saint-Genis-Laval près de Lyon, il a été l’un des premiers patients à tester un exosquelette. Le modèle HAL, du même nom que l’ordinateur de 2001, l’Odyssée de l’espace. L’établissement est d’ailleurs le seul en France à posséder ce robot japonais capable de multiplier par 10 la force musculaire. A raison de trois séances de rééducation d’une heure par semaine durant six semaines, Jean-Philippe a réappris à « se remettre debout » et à « décomposer les pas ». « Comme un bébé », sourit-il. L’exosquelette de 23 kg est devenu « une seconde peau » qu’il a appris patiemment à endosser.
Un modèle guidé par la pensée
« J’ai fait beaucoup de progrès. Aujourd’hui, je ne sens presque plus la machine », raconte-t-il en déambulant autour de tables. Le robot auquel il est harnaché, lui permet de « finir les gestes » qu’il n’arrive pas à effectuer seul. « Contrairement aux autres exosquelettes qui proposent une aide mécanique, ce modèle-là est guidé par la pensée », explique Bernard Massenet, cadre de rééducation. Les électrodes branchées sur la cuisse du patient détectent les contractions musculaires, commandées par le cerveau. Même les plus faibles d’entre elles. « En captant l’intention du mouvement de la personne, la machine va apporter l’aide nécessaire pour renforcer le mouvement et marcher », poursuit Damien Nivesse, lui aussi cadre de rééducation.
Si Jean-Philippe se dit « persuadé » que le robot a « accéléré » sa progression, le corps médical se montre plus prudent. « L’objectif premier est bien d’obtenir une récupération accélérée des fonctions de la marche. Ce système permet au cerveau de réapprendre à solliciter la motricité et à améliorer la mobilité des membres inférieurs. Mais, nous avons trop peu de recul pour en tirer des conclusions. Nous ne pouvons pas dire combien de temps cela peut faire gagner aux patients dans leur rééducation, même si les débuts sont prometteurs », répond Damien Nivesse.
Perçu comme un « outil complémentaire » aux séances classiques de kinésithérapie, l’exosquelette HAL est encore loin de débarquer au domicile des patients. L’un des freins ? Son coût, chiffré à 219.000 euros.