Assises de la santé mentale : Le « gros malaise » des psychologues, de nouveau dans la rue ce mardi
MANIFESTATION•Comme dans d'autres villes de France, des psychologues ont manifesté à Nantes, ce mardi midiJulie Urbach
L'essentiel
- Les Assises de la santé mentale se tiennent ces lundi et mardi.
- A Nantes comme dans d’autres villes, les psychologues s’inquiètent d’une « remise en cause de fondamentaux » de leur métier.
Ce sont d’habitude eux qui écoutent mais cette fois, ils ont plein de choses à dire. Comme dans plusieurs villes de France, quelque 200 psychologues se sont de nouveau mobilisés ce mardi midi à Nantes, devant le CHU. Une date pas choisie au hasard puisque se tiennent depuis ce lundi les Assises de la santé mentale en visioconférence, à l’issue desquelles sont attendues des annonces du président de la République. « C’est une mascarade qui ne réglera rien, pense pourtant Thierry Creis, secrétaire du syndicat Sud santé sociaux, qui appelait à un autre rassemblement devant l’hôpital Saint-Jacques. On nous dit que la population a besoin de nous, surtout depuis le Covid, mais on ne nous donnera jamais assez de moyens pour bien s’occuper des patients. »
Alors que la santé mentale des Français s’est dégradée pendant la crise, les professionnels font état de conditions de travail qui se détériorent, de collègues non remplacés, et de listes d’attente de patients qui s’allongent… « Dans les centres médico-psychologiques, qui accueillent gratuitement toute personne qui se présente, on a des délais de 4 ou 5 mois, voire un an pour les enfants !, déplore une professionnelle du CHU de Nantes. Les locaux sont trop petits, on est parfois interrompus en plein milieu d’un entretien… Il nous faut davantage d’embauches et de moyens dans ces structures publiques pour pouvoir répondre à la demande qui explose. »
Le remboursement, une fausse bonne idée ?
Une piste qui ne semble pas privilégiée par le gouvernement, qui pourrait, en revanche, annoncer le remboursement par la Sécurité sociale des consultations en cabinet. Une mesure rejetée par Alexia, Claire, Caroline et Albane, quatre psychologues libérales qui ont fait le déplacement depuis Cholet. « S’il s’agit des dix séances de trente minutes remboursées à 22 euros, comme cela a déjà été dit, alors ça ne nous convient pas, estiment-elles. On ne met pas les patients dans des cases, par exemple en prédéfinissant un nombre de séances ! Par ailleurs, ce n’est pas possible de pratiquer des tarifs aussi bas. »
Ce que redoutent aussi les professionnels, c’est que ces patients soient obligatoirement adressés par un médecin généraliste et perdent ainsi « leur liberté de choix ». « Il y a un gros malaise car on va vers une paramédicalisation de notre profession, résume Marie*, psy au CHU de Nantes. On va perdre cet espace intime avec les patients, mais aussi les outils pluriels dont on dispose et qui fait nos spécificités. Ce sont des fondamentaux de nos métiers qui sont remis en cause. » Autre piste évoquée qui ne fait pas l’unanimité, la création d’un ordre des psychologues.
Revalorisations salariales
Les syndicats mobilisés rappellent enfin que ces professionnels n’ont pas été pris en compte dans les revalorisations salariales du Ségur de la santé. « Un psychologue à bac + 5 en début de carrière gagne actuellement moins qu’un infirmier (bac + 3) dans le même cas », dénonce une représentante de la CGT au micro. Une délégation a été reçue en début d’après-midi par l’Agence régionale de santé des Pays-de-la-Loire. « Mais quelque chose me dit qu’on devra très bientôt ressortir dans la rue », glisse une manifestante.