Est-ce la fin de la décrue du coronavirus en France ?

Coronavirus : Est-ce la fin de la décrue épidémique en France ?

EPIDEMIEDepuis quelques jours, les principaux indicateurs de la circulation virale remontent légèrement
Jean-Loup Delmas

Jean-Loup Delmas

L'essentiel

  • Depuis mi-avril, la France a connu une baisse vertigineuse de la circulation du coronavirus.
  • Mais depuis quelques jours, les indicateurs sanitaires repartent très légèrement à la hausse.
  • Est-ce un effet passager ou va-t-on vers une remontée des cas ?

Ce jeudi, 2.664 cas positifs au coronavirus ont été recensés en France, soit 1.948 par jour en moyenne sur la semaine écoulée. Un chiffre très faible, mais il s’agit du quatrième jour consécutif de légère hausse du nombre de cas. Le taux d’incidence en France augmente quant à lui très légèrement pour le deuxième jour consécutif, à 19 cas pour 100.000 habitants, tout comme le taux de positivité des tests à 0,77 %.

Faut-il s’inquiéter de ces légères hausses ? Est-ce la fin de la décrue épidémique ? 20 Minutes fait le point.

Que se passe-t-il ?

Les trois indicateurs principaux de la circulation du virus (incidence, taux de positivité des test, et nombre de cas) sont en légère hausse, après plusieurs semaines de baisse. Alors qu’à la mi-avril, on comptait, en moyenne sur la semaine écoulée, près de 35.000 cas par jour, tous les indicateurs ont connu une chute vertigineuse. Il n’y en avait plus que 12.500 à la mi-mai, et moins de 3.000 à la mi-juin. Idem pour l’incidence, passée de plus de 400 cas pour 100.000 habitants à moins de 50 en deux mois.

Depuis quelques semaines, la baisse marque le pas, entraînant un effet de stagnation. « Mais c’est normal que plus on baisse, moins la chute soit marquée. A force, on tombe sur des proportions de cas tellement faibles qu’il y a forcément une impression de stagnation », note Michaël Rochoy, médecin spécialiste en épidémiologie. La fin de la décrue est donc un phénomène normal, ou en tout cas, attendu.

Comment interpréter cette faible remontée ?

Pour l’instant, il est un peu tôt pour tirer des conclusions. Comme exposé précédemment, la situation n’a rien de surprenant une fois qu’on arrive à ce nombre de cas et qu’on ne met pas en place une politique d’extermination du virus, comme peut le faire l’Australie par exemple, prête à mettre une ville en confinement pour dix cas.

Bien sûr, le variant Delta menace. Plus transmissible à 60 % que le variant Alpha, lui-même plus contagieux entre 50 et 74 % que souche originelle, il est notamment responsable de la flambée épidémique au Royaume-Uni, qui est repassé pour la première fois depuis début février à plus de 20.000 cas par jour. Or, ce variant, représentant près de 95 % des contagions outre-manche, est déjà recensé dans 25 % des nouvelles contaminations en France. Il n’était séquencé qu’à 10 % il y a encore une dizaine de jours, preuve de sa progression. Mais une fois encore, il est bien tôt pour garantir que la légère hausse des indicateurs sanitaires de ces quelques jours soit réellement une remontée épidémique. « D’autant plus qu’avec le déconfinement, le retour en intérieur des lieux clos non ventilés sans masque, il était certain qu’on n’arriverait pas à zéro cas de coronavirus », rappelle Michaël Rochoy.

La remontée est-elle inéluctable ?

La situation française est souvent comparée au Royaume-Uni : les Britanniques aussi ont connu une chute vertigineuse, puis une légère stagnation, avant de voir le nombre de cas repartir en hausse quasi-exponentielle en raison du déconfinement et du variant Delta.

Néanmoins, ce scénario, présenté comme étant une quasi-fatalité pour la France dans quelques semaines, n’est peut-être pas aussi inéluctable qu’il n’y paraît. Deux facteurs peuvent tuer cette légère remontée dans l’œuf. Premièrement, « l’élimination de la France à l’Euro est sans doute une bonne nouvelle sanitaire. Pas de déplacement en Russie ou en Angleterre, deux pays très touchés, moins de monde au bar, moins d’attroupements dehors, moins d’accolades… », liste Michaël Rochoy.

Mais au-delà de ces raisons footballistiques, la vraie bonne nouvelle sanitaire arrive prochainement : mardi 6 juillet, les vacances d’été commencent pour 13 millions d’élèves, soit un brassage beaucoup moins important dans les écoles, collèges, lycées, et surtout à la cantine sans masque. Michaël Rochoy prend espoir : « La vraie différence avec les Britanniques, c’est que les vacances d’été vont arriver avant que le variant Delta ne soit majoritaire ». Sans compter qu’avec les vacances scolaires des enfants, de nombreux parents posent également leur congé, entraînant là aussi un brassage moins important sur les lieux de travail.

« Bien sûr, en vacances et notamment dans les stations balnéaires très fréquentées, il y a aussi un peu de brassage, mais il est plus épisodique et microlocal. Les cantines – scolaires ou professionnelles – sont des brassages quotidiens, et sur l’ensemble du territoire », nuance Michaël Rochoy.

La remontée des cas n’est donc pas une fatalité, et pour le médecin, il est important de le rappeler : « On présente cela comme un scénario déjà écrit, on a un peu baissé les bras. Mais on peut aussi réfléchir à mettre des choses en place pour éviter toute éventuelle remontée ». Dans les Landes, où le variant Delta représente plus de 80 % des contaminations et où l’incidence est près de deux fois supérieure à la moyenne nationale, la dernière étape du déconfinement a été retardée d’une semaine, voire si la situation s’améliorait. Initialement, des mesures de freinage devaient être mises en place une fois que le seuil d’incidence d’un territoire dépassait 400. Dans les Landes, il est inférieur à 50. Preuve que la France cherche à mieux anticiper les problèmes.