Toulouse : Pour retrouver la mémoire olfactive après une chimio ou le Covid, des chercheurs créent un kit de senteurs
SANTE•Le Flav Lab, un laboratoire toulousain de recherches sur les arômes et saveurs, vient de créer un kit de senteurs pour aider les patients à retrouver une mémoire olfactiveBéatrice Colin
L'essentiel
- Le Flav Lab, un laboratoire toulousain spécialisé dans les arômes et saveurs, a créé un kit de senteurs pour aider les patients à recouvrer l’odorat après une maladie.
- Lancée l’année dernière avec la crise du Covid-19, dont un des symptômes est la perte d’odorat, ce kit est tourné vers les patients ayant subi une chimiothérapie.
- Les patients atteints d’un cancer et suivant une chimiothérapie sont en effet souvent victimes du ChemFog, une perte de repères du cerveau qui touche le sens de l’odorat.
Avec le Covid-19, beaucoup de personnes ont découvert une maladie jusqu’alors assez méconnue : l'anosmie, une perte partielle ou totale de l’odorat, souvent associée à une perte du goût. Que l’on retrouve aussi après certains traitements, comme la chimiothérapie.
Après un traitement contre le cancer, 70 % des patients sont victimes d’un ChemoFog, aussi appelé Chemobrain, une perte de repères du cerveau qui l’empêche notamment de bien reconnaître les odeurs. Pour rééduquer la mémoire olfactive de ces patients, le Flav Lab, un fab lab version arômes et senteurs créé il y a sept ans par le Laboratoire de chimie agro-industrielle (Toulouse INP-Inrae), vient de mettre au point un kit de senteurs pour aider les patients à retrouver la mémoire olfactive.
Une idée née l’an dernier après la multiplication du nombre de personnes touchées par la perte d’odorat à cause du coronavirus. Pour s’auto-évaluer, Thierry Talou, le responsable du Flav-Lab, et trois de ses étudiantes, se sont penchés sur la possibilité de rééduquer la mémoire grâce des extraits sous forme de gels hydroalcoolique, de sticks inhalateurs ou en extraits alcooliques à disperser sur des mouillettes.
Ils ont ainsi sélectionné douze odeurs, de l’oranger au clou de girofle, en passant par le café. « Elles sont issues de tous les continents et illustrent ce que l’on appelle " Le Champ des Odeurs ". Nous les avons fait tester à l’aveugle, pour savoir si les patients les reconnaissaient. S’ils n’arrivent pas à les renommer, il faut faire un réapprentissage, sur un temps plus ou moins long, pour rééduquer la mémoire olfactive », indique le responsable du Flav Lab.
Essais cliniques d’ici à la fin de l’année
Obligé de suivre un traitement par chimiothérapie, il s’est rendu compte rapidement qu’il y avait un intérêt à se servir de ce travail pour l’adapter aux patients suivant ce traitement. « Je trouvais que j’avais eu une perte d’odorat, car après une chimio, tout le système cognitif est perturbé. Le fait de s’entraîner, de se confronter à ces odeurs c’est important car on sait que la perte d’odorat est une source de stress, notamment de ne pas sentir ce que l’on mange ou l’on cuisine. Or le stress peut avoir un impact sur l’efficacité des traitements », poursuit Thierry Talou.
Le kit mis au point par l’équipe a eu une première validation. Une présérie a été mise au point, avec en ligne de mire des essais cliniques qui seront menés auprès des patients du service Oncologie du CHU Toulouse Rangueil-Larrey d’ici à la fin de l’année. Pour l’heure, la version sticks inhalateurs semble tenir la route si les kits sont validés. Ils seraient ensuite mis sur le marché par l’entreprise créée par une des étudiantes du Flav Lab.