DEPISTAGEPublic visé, fiabilité, mode d’emploi… Ce que l’on sait sur les autotests

Coronavirus : Public visé, fiabilité, mode d’emploi… Ce que l’on sait sur les autotests

DEPISTAGELa Haute Autorité de santé vient d’autoriser les autotests Covid-19, mais il reste encore beaucoup de questions sans réponse
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

L'essentiel

  • Après les tests PCR et les tests antigéniques, les autotests viennent d’être autorisés par la Haute Autorité de Santé.
  • Après cet avis positif, il reste au législateur à préciser de nombreux détails, notamment les marques commercialisées, le prix, le remboursement, l’accompagnement nécessaire.
  • Comment réaliser un autotest avec soin ? Qui pourra en acheter ? 20 Minutes fait le point sur ce que l’on sait (pour le moment).

Un café, un croissant, et un coton-tige dans le nez ? Les autotests ont été autorisés en France mardi par la Haute Autorité de Santé. Ces tests antigéniques, réalisables seul et à domicile, vous diront en un quart d’heure si vous êtes infecté et contagieux au Covid-19 . Un outil complémentaire aux tests PCR qui pourrait améliorer le dépistage à l’heure où le Premier ministre parle de « troisième vague ». 20 Minutes fait le point sur ce que l’on sait de ces autotests.

Qui peut s’en servir ?

Selon l'avis rendu par la Haute autorité de Santé (HAS), les autotests par prélèvement nasal, destinés à dépister une infection au Covid-19, peuvent être utilisés par tous les Français de plus de 15 ans, qu’ils soient symptomatiques ou asymptomatiques. Pourquoi cette limite d’âge ? « Il n’y a pas de données d’efficacité chez les moins de 15 ans », a souligné Mathieu Carbonneil, de la HAS.

Comme pour les tests antigéniques faits en pharmacie, s’il est positif, vous devez ensuite faire un test RT-PCR pour confirmer le résultat.

Comment s’en procurer ?

Jérôme Salomon avait annoncé le week-end dernier que ces autotests seraient disponibles dès cette semaine. Mais après le feu vert de la HAS, le gouvernement doit encore entériner cette décision. Et préciser un certain nombre d’informations via un décret : les marques labellisées, le prix, le remboursement, les lieux de distribution… La Direction générale de la santé (DGS) devrait donner les détails dans les prochains jours.

« On est prêt, assure Xavier Guérin, président d’Innova Medical Group pour l’Europe, l’un des groupes sur la ligne de départ pour commercialiser ces autotests. La HAS a donné un avis, ensuite la réglementation doit le mettre en musique. » Jérôme Salomon avait annoncé que ces autotests seraient vendus en pharmacie, mais aussi en supermarchés. Carrefour dit en avoir commandé un million, et Système U a aussi manifesté son intérêt. En Allemagne, les grandes surfaces ont été dévalisées dès le premier week-end d’autorisation… Quant au prix, on sait que nos voisins allemands vendent ces autotests autour de 5 euros (24,99 euros les cinq tests chez Aldi et 21,99 euros chez Lidl).

Comment réaliser un autotest ?

Le prélèvement nasal est moins profond (3-4 cm) et moins désagréable que le prélèvement nasopharyngé pour les tests RT-PCR classique. La HAS conseille de faire 5 rotations avec le coton-tige avant de le retirer, sans plus de précisions. De son côté, Xavier Guérin explique qu’il faut « tourner l’écouvillon une dizaine de fois dans une narine, puis dans l’autre ».

Deuxième étape : on verse six gouttes du réactif dans un tube souple, dans lequel on glisse l’écouvillon. Puis on dépose deux petites gouttes du mélange dans le « puits » - le petit trou - de la plaquette du test. Il n’y a plus qu’à attendre entre 15 et 30 minutes pour interpréter le résultat. Exactement comme pour un test de grossesse, si vous avez un trait, c’est que vous êtes négatif ; si deux bandelettes s’affichent, vous avez le coronavirus. Et si aucun trait coloré n’est visible, l’autotest est déficient, il faudra donc en refaire un.

Quelle est leur fiabilité ?

Des autotests sont déjà disponibles en Allemagne, on l’a dit, mais aussi en Autriche, aux Pays-Bas, et depuis quelques jours en Angleterre. « Ils présentent plusieurs avantages, mais leur déploiement n’est pertinent que s’ils répondent à des critères minimaux d’exigences, afin de ne pas rassurer à tort des personnes qui seraient porteuses du virus », prévient la HAS dans un communiqué. Un point déjà soulevé pour les tests antigéniques en pharmacie, moins fiables mais plus rapides que les PCR. « Il ne faut pas confondre : c’est un test de dépistage, pas médical, martèle Xavier Guérin, d’Innova Medical Group. Il dit si vous êtes en phase de contagiosité, quand un test PCR dit si vous êtes infecté. » Une information utile avant de se rendre chez ses parents à risque ou au restaurant (si un semblant de vie normale revient un jour).

« Les efficacités peuvent tomber à 50 %, mais monter jusqu’à 90 % s’ils sont bien réalisés, assure Xavier Guérin. La vraie question sera celle de l'"accompagnement" des patients ». Notamment pour le suivi. « Aujourd’hui, la réglementation demande que le résultat des tests remonte dans la base SIDEP pour produire les statistiques nationales, importantes pour le suivi de l’épidémie. » Mais les Français feront-ils remonter ces informations, et comment ?

Certains laboratoires proposent une application pour expliquer comment réaliser l’autotest pas à pas et comment réagir s’il est positif. Prudente, la HAS a souligné que « le suivi des performances de ces tests dans les conditions réelles d’utilisation est essentiel. La HAS pourra actualiser ces critères à l’issue de l’analyse exhaustive des données de la littérature en cours. »

Quelle sera leur utilité ?

Rapides et simples, ces autotests viendront compléter l’offre de dépistage. Ils pourraient donc être tout indiqués pour un usage répété avant d’aller au bureau, au cinéma ou à une réunion familiale. « C’est une solution qui apporte un plus énorme, mais ça ne va pas tout résoudre, reconnaît Xavier Guérin. Toutes les études montrent que la rapidité du test est plus importante que sa sensibilité. Si vous êtes dans une phase de transmission, il est important de le savoir tout de suite, sinon vous contaminez d’autres personnes. Le problème du Covid-19, c’est qu’on compte entre 20 à 60 % de personnes asymptomatiques. Il faut tester tout le monde. »

Mais ils risquent d’avoir une utilité limitée dans la nouvelle phase épidémique que nous traversons. Connaître le variant d’un test positif est en effet primordial actuellement. Or, ces autotests ne rentrent pas dans ce détail et doivent donc nécessairement être confirmés par un PCR.