Coronavirus : Pourquoi la durée d’isolement des personnes testées positives passe-t-elle à dix jours ?
EPIDEMIE•La mesure fait suite à la diffusion du variant britannique sur le territoireJean-Loup Delmas
L'essentiel
- Olivier Véran a annoncé jeudi que la durée de l’isolement des personnes testées positives au coronavirus passait de sept à dix jours.
- Une mesure qui s'explique en particulier par la large proportion du variant britannique dans les tests, désormais à 36 % et en constante augmentation.
- Or, ce variant britannique aurait une contagiosité plus longue que la souche originale du coronavirus.
C’est la principale annonce d' Olivier Véran lors de sa conférence de presse sur l’épidémie de coronavirus, jeudi. Le ministre de la Santé a annoncé que la durée d’isolement, en cas de test positif, passerait de sept à dix jours. La mesure prendra effet dès « à compter de lundi ». 20 Minutes fait un rapide point sur cette nouvelle donne.
Pourquoi un rallongement de la durée d’isolement ?
L’allongement de la durée d’isolement est principalement dû à la circulation des variants en France, et notamment du variant britannique. Olivier Véran l’a justifié ainsi : « Certaines études scientifiques évoquent la possibilité que les variants seraient responsables d’une durée de contagiosité plus longue que le Covid-19 classique. » Publiée il y a quelques jours, une étude de chercheurs de l’université d’Harvard suggère effectivement que, pour des personnes infectées par le variant britannique, la durée moyenne de l’infection serait de 13,3 jours, contre seulement 8,2 jours pour la souche « classique ».
Pour le dire plus vulgairement, les personnes touchées par le variant britannique seraient donc infectées plus longtemps et par conséquent pourraient transmettre le Covid-19 plus longtemps. D’où la nécessité de s’isoler là plus longtemps afin de ne pas transmettre le virus.
Cela, les remontées cliniques en France le montrent également, comme l’indique la docteure Clarisse Audigier-Valette, ayant eu de nombreux patients avec le variant britannique dans le centre hospitalier intercommunal de Toulon-La Seyne-sur-Mer, où elle dirige l’unité Covid-19 : « La charge virale reste beaucoup plus longtemps chez les patients atteints par le variant britannique. Normalement, sur une forme normale, la personne n’est plus positive dix jours maximum après l’apparition des symptômes. Avec le variant britannique, même au dixième jour, la charge virale reste encore très haute, c’est la raison pour laquelle on repousse la durée de l’isolement. »
Pourquoi tous les cas positifs sont-ils concernés, et pas seulement les cas testés au variant anglais ?
Plusieurs raisons à cela. Premièrement, tous les tests ne détectent pas s’il s’agit d’une contamination à un variant ou non. L’indentification n’étant donc pas possible en amont, il s’agirait de brasser large en matière de quarantaine.
D’autant plus que le variant britannique ne cesse de prendre de l’importance dans la proportion totale des cas en France. Représentant 25 % des cas la semaine dernière, il en est aujourd’hui à 36 %, selon les propos d’Olivier Véran jeudi, et devrait devenir majoritaire dans les prochaines semaines, surtout que pendant que lui augmente, la souche classique diminue. De fait, « au vu de sa diffusion et de sa dispersion, un test positif au variant britannique deviendra bientôt la norme en France », note Clarisse Audigier-Valette. Raison de plus de faire de la durée de dix jours d’isolement la norme également.
Plus inquiétant encore, la médecin a constaté, dans les nombreux clusters du Var, « que les formes moyennes ou graves de la maladie, celles nécessitant notamment une oxygénation, dure plus longtemps et nécessite des hospitalisations et des prises en charge plus longues, notamment chez de jeunes patients (30-45 ans) ». Un patient serait hospitalisé environ deux fois plus longtemps s’il a le variant britannique, a également pu constater la praticienne. De quoi inquiéter sur une éventuelle saturation des hôpitaux, effet le plus redoutable du coronavirus sur le système de santé. Et donc nécessitant des mesures pour essayer d’endiguer un peu la diffusion de ce variant.
Qui est concerné ?
Comme indiqué, seul les personnes « dont un test diagnostic est positif » sont concernées par cette durée d’isolement de dix jours. Les personnes cas contacts doivent, elles, rester isoler sept jours pour le moment.