Coronavirus à Bordeaux : Le CHU démarre la campagne de vaccination de son personnel soignant avec le vaccin AstraZeneca
REPORTAGE•Le personnel soignant de moins de 50 ans du CHU de Bordeaux a commencé à se faire vacciner ce dimanche avec le vaccin AstraZeneca, reçu samediMickaël Bosredon
L'essentiel
- Le vaccin AstraZeneca est le troisième vaccin autorisé en France contre le Covid-19.
- L’arrivée du vaccin AstraZeneca va permettre de vacciner tous les personnels, en particulier ceux de moins de 50 ans.
- Environ 250 vaccinations par jour sont programmées sur le centre de Haut-Lévêque à Pessac.
A peine arrivé, déjà injecté. Après avoir reçu samedi ses premières doses du vaccin AstraZeneca, le CHU de Bordeaux a démarré la campagne de vaccination dès ce dimanche. Une cinquantaine de personnels soignants s’est présentée au centre de vaccination de l’hôpital Haut-Lévêque, à Pessac, dans la banlieue de Bordeaux. Sachant que le CHU dispose en tout de trois sites.
Sur 8.500 soignants que compte en tout le CHU de Bordeaux, 3.500 ont déjà été vaccinés. Mais jusqu'à présent, seuls ceux de plus de 50 ans pouvaient accdéder au vaccin. « Avec l'AstraZeneca, on s’ouvre aux moins de 50 ans, ce qui va permettre aux jeunes soignants qui étaient sur liste d’attente de se faire vacciner, et de fait, on les voit arriver, explique Sophie Zamaron, directeur-adjoint au CHU de Bordeaux. Nous favorisons cependant nos services dits de première ligne, c’est-à-dire ceux qui accueillent beaucoup de Covid-19 : les urgences, la réanimation, les services de maladie infectieuse, seront parmi les premiers à être vaccinés. »
Certains pays dont la France ont préféré recommander ce vaccin uniquement pour les moins de 65 ans, faute de données suffisantes sur les personnes plus âgées. Une étude rendue publique mardi par AstraZeneca et son partenaire, l’université d’Oxford, montre que l’efficacité du vaccin est maximale (82 %) quand on attend 12 semaines entre les deux doses. La transmission du coronavirus serait réduite de 67 % dès la première dose du vaccin d’AstraZeneca, affirme une analyse des essais cliniques en cours de revue.
« On aura moins à craindre qu’auparavant, en rentrant dans une chambre »
Encadrée par des membres de la Protection civile, la campagne de vaccination est réglée comme du papier à musique. Quelques questions sont posées avant de recevoir l’injection, et les personnes vaccinées restent un petit quart-d’heure en observation après. Mais aucune difficulté n’a été relevée ce dimanche matin.
Laure, infirmière à Haut-Lévêque, fait partie des toutes premières à s’être fait vacciner avec l’AstraZeneca, ce dimanche. « On a été prévenu ce matin, on nous a téléphoné pour nous dire que l’on pouvait descendre de notre service de médecine interne à Haut-Lévêque pour se faire vacciner, nous sommes tous venus. Les médecins de notre service nous ont recommandé de le faire et moi je suis favorable à la vaccination. Ce sera plus rassurant de travailler vacciné, même s’il faut encore attendre la deuxième dose. On aura moins à craindre qu’auparavant, en rentrant dans une chambre. »
« Le gros avantage de l’AstraZeneca, c’est qu’il n’y a pas de préparation »
Après ce démarrage au pied levé, la campagne va commencer à réellement s’organiser dès lundi. « Nous programmons environ 250 vaccinations par jour, dès lundi, sur ce site de Haut-Lévêque, explique le Dr Marianne Lafitte, cardiologue au CHU de Bordeaux, et responsable du centre de vaccination de Haut-Lévêque. Nous avons déjà 210 rendez-vous pris de longue date, sur lesquels on rajoute au moins 50 personnes, nous sommes donc prêts à monter à 270 personnes. Notre valeur ajoutée ici, c’est la réactivité, dès que les doses arrivent on peut vacciner du jour au lendemain. »
Outre sa conservation au réfrigérateur, « le gros avantage de l’AstraZeneca, c’est qu’il n’y a pas de préparation, on gagne ainsi un temps fou, enchaîne Loïc Eoche, cadre de santé. On prélève directement dans le flacon les dix doses, que l'on injecte au fur et à mesure [en changeant de seringue]. Alors que pour le Pfizer il y a besoin de faire une dilution avec du sérum physiologique, mélanger en respectant une certaine procédure, préparer les seringues et les mettre de côté. Et cette dilution prend du temps. »
« Il est plus pratique, c’est vrai, confirme le Dr Marianne Lafitte, ce qui fait que la diffusion partout en France va être facilitée, et que les personnes – pas seulement les soignants – y auront accès rapidement. Avec les vaccins à ARN messager, cela offre une gamme de vaccins disponibles qui est de plus en plus complète, ce qui représente un espoir important. »