Coronavirus : Spray nasal, bain de bouche, masque virucide… De nouveaux produits pour de nouveaux gestes barrières
ANTIVIRUS•De nouveaux produits promettant de réduire la charge virale voient le jour pour compléter les gestes barrières « classiques » anti-CovidAnissa Boumediene
L'essentiel
- Alors que les variants, qui rendent le coronavirus plus contagieux, circulent dans l’Hexagone, de nouveaux produits anti-Covid voient le jour.
- Spray nasal et bain de bouche capables de réduire la charge virale, ou encore masques imprégnés de virucides font leur apparition sur le marché.
- Leur vocation : compléter l’éventail des gestes barrières quotidiens contre le coronavirus.
Gel hydroalcoolique, masque, lingettes désinfectantes. Depuis le début de la pandémie, les objets indispensables au bon respect des gestes barrières, on les connaît, et on les a tous. Mais sur ce terrain-là aussi, la technologie évolue, et nombre d’entreprises françaises et étrangères tentent de développer l’offre de produits censés nous aider à tenir le coronavirus à bonne distance.
Spray nasal et bain de bouche anti-Covid, ou encore masques aux propriétés virucides ont ainsi vu le jour, et pourraient bien intégrer notre routine de gestes barrières.
Pour réduire la charge virale, un spray nasal…
Quand on sort d’un bus ou d’un métro bien rempli, ou encore d’un magasin, dégainer son flacon de gel hydroalcoolique est devenu un réflexe. Et puisque le Covid-19 est principalement transmis par les gouttelettes de salive ou les écoulements nasaux lorsqu’une personne infectée tousse ou éternue, certains ont eu l’idée de développer des produits agissant à la source, pour « désactiver » ces gouttelettes. C’est ce que promet de faire le spray nasal développé par le groupe français Pharma & Beauty (P & B). Un dispositif médical de classe 1 qui devrait obtenir prochainement son marquage CE en vue de sa commercialisation dans les pharmacies d’Europe dès février.
Ce produit à base d’eau ionisée, aux propriétés antimicrobiennes, « permet de réduire la charge virale de 99 % » en délogeant et en désactivant les agents infectieux situés dans les fosses nasales, assure Laurent Dodet, président fondateur du groupe P & B. Et a vocation à « compléter les gestes barrières », en ayant un effet préventif « après une prise de risque par exemple, quand on sort des transports ou d’un déjeuner », détaille Laurent Dodet. Mais aussi « en réduisant la charge virale » des personnes infectées. Un procédé intéressant « si on fait une inhalation juste après avoir été infecté », avant que le virus ne pénètre les voies respiratoires, estime le Dr Pierre-Jacques Raybaud, médecin généraliste diplômé en immunologie.
… ou un bain de bouche
Et pourquoi pas un dispositif aux effets similaires pour une hygiène buccale anti-Covid ? Un bain de bouche – lui aussi capable de réduire la charge virale – a été mis au point, cette fois-ci par le géant Unilever. Le groupe néerlando-britannique a commandé une étude indépendante menée in vitro sur l’efficacité virucide de son produit à base de chlorure de cétylpyridinium (CPC), connu pour ses propriétés antivirales et antibactériennes. « Les résultats préliminaires de ces essais montrent qu’une utilisation appropriée d’un bain de bouche contenant la technologie CPC pourrait jouer un rôle important en tant que mesure d’hygiène préventive supplémentaire pour réduire la transmission virale du Covid-19 », indique Unilever. Tout en précisant que son produit « réduit de 99,9 % la charge virale du SARS-CoV-2, après 30 secondes de rinçage ».
Ainsi, « même s’il est évident qu’il ne s’agit ni d’un traitement curatif, ni d’un moyen totalement éprouvé de prévenir la transmission du SARS-CoV-2, les résultats obtenus sont très prometteurs, se réjouit Glyn Roberts, responsable de la R & D en soins bucco-dentaires du groupe, puisque la charge virale pourrait être réduite dans la bouche sur une durée allant jusqu’à 6 heures ».
Des masques virucides
Et l’innovation concerne aussi les masques. Face à l’arrivée de variants qui rendent le coronavirus beaucoup plus contagieux, la doctrine pour contenir l’épidémie vient d’évoluer : désormais, les masques faits maison en tissu sont déconseillés par le gouvernement. Leur fabrication artisanale, en dehors des normes sanitaires, les rend aujourd’hui insuffisamment fiables. En revanche, plusieurs entreprises françaises ont créé des modèles enrichis en virucide (anti-virus), pour une efficacité anti-Covid renforcée. C’est le cas de la marque Serge Ferrari, en Isère, qui a conçu un tissu anti-Covid à base de particules d’argent. Ou encore de l’entreprise montpelliéraine Pharma Nature, qui vend des masques contenant du cuivre.
Une piste également explorée par la société ProNeem, à Marseille, qui a conçu un masque « intelligent ». Imprégné d’un virucide à base de chlorure d’argent, il élimine 99,9 % du virus en quelques minutes en détruisant sa membrane, selon l’expertise réalisée par un laboratoire indépendant sur le Covid-19. Le dispositif repose sur une micro-encapsulation des actifs, qui permet au produit de pénétrer durablement les fibres textiles. Baptisé « Viral Stop », ce masque de catégorie 1 a passé tous les tests d’innocuité et d’efficacité imposés par la réglementation française et sera vendu dès la fin janvier dans les bureaux de tabac. La dirigeante de ProNeem et docteure en biologie moléculaire, Nathalie Hagège, vante un produit « économique et écologique, puisqu’il suffit de le laver une fois par semaine, quand il est sale ». Un produit pratique et « intéressant parce que, quand on le touche, on évite la contamination par manipulation qu’on peut avoir avec un masque classique », juge le Dr Raybaud. Pour le médecin généraliste, la certification « virucide » obtenue par ProNeem prouve que son masque « détruit le virus, comme le fait un masque au cuivre ». Toutefois, « le taux de fuite de ce masque [l’air exhalé qui sort du masque sans être filtré] restera toujours plus important que celui d’un masque FFP2 ou FFP3 », prévient-il.
Autant de dispositifs anti-Covid qui pourraient rapidement trouver leur public alors que la circulation des nouveaux variants fait peser la menace d’une flambée épidémique et d’un troisième confinement.