Lille : Bientôt, une prothèse intestinale qui tient dans la ceinture ?
INNOVATION•Une start-up d’Eurasanté Lille expérimente une nouvelle prothèse intestinale qui doit permettre de continuer à s’alimenter normalement après une opération chirurgicaleGilles Durand
L'essentiel
- Une société lilloise travaille sur un projet de prothèse intestinale entièrement automatisée et ambulatoire, qui pourrait tenir dans une ceinture.
- Une innovation attendue par les victimes, de plus en plus nombreuses, du cancer colorectal ou des Mici (maladies inflammatoires chroniques de l’intestin).
- Les premiers essais cliniques de sécurité doivent commencer en fin d’année sur neuf patients volontaires au CHU de Lille.
On pouvait déjà avoir l’estomac dans les talons. Il faut se préparer à mettre, un jour, les intestins dans la ceinture. C’est le projet auquel s’attelle la société lilloise ReverTech. Basée à Eurasanté, elle travaille sur un projet de prothèse intestinale entièrement automatisée et ambulatoire, capable de se substituer aux parties défaillantes de ce tube digestif.
Une innovation attendue par les victimes, de plus en plus nombreuses, du cancer colorectal ou des Mici (maladies inflammatoires chroniques de l’intestin). « Ce sont des maladies qui progressent de 7 % par an parce qu’on mange mal », souligne Jinghang Li, responsable scientifique du projet chez ReverTech.
Sauvegarder le microbiote
Cette prothèse aura donc pour mission de faciliter la vie de nombreux patients, en permettant de maintenir une digestion complète sans avoir recours à une stomie (c’est-à-dire un anus artificiel). En préservant artificiellement la fonction digestive, l’appareil pourra aussi sauvegarder le microbiote (appelé autrefois flore intestinale). « Cela évitera les risques de dénutrition et autres complications médicales et chirurgicales associées », assure Jinghang Li.
Mais la principale révolution de cette prothèse sera sa taille. Rien à voir avec les appareils utilisés aujourd’hui en milieu hospitaliers. Pas plus grosse qu’un téléphone portable, la prothèse pourra se glisser dans une ceinture. Un confort qui devrait être apprécié des convalescents.
Premiers tests en fin d’année
Huit ans de travail, notamment du chirurgien du CHU de Lille, Jean-Robert Nzamushe, ont été nécessaires pour élaborer un premier prototype testé actuellement sur des animaux.
Les premiers essais cliniques de sécurité doivent commencer en fin d’année sur neuf patients volontaires au CHU de Lille. « Les derniers essais seront réalisés dans trois ans, après tous les tests réglementaires », indique Jinghang Li. Pour une mise sur le marché programmée en 2024 ou 2025.