Vaccination à Toulouse : C’est le rush à la plateforme d’appels pour la prise de rendez-vous
REPORTAGE•Depuis jeudi, une plate-forme installée sur le site de l’hôpital Purpan prend en charge les appels des patients pouvant prétendre à un rendez-vous pour se faire vaccinerBéatrice Colin
L'essentiel
- Dans le cadre du déploiement de la vaccination contre le Covid-19, une plateforme d’appels pour la prise de rendez-vous a été mise en place à Toulouse.
- Depuis jeudi, les étudiants en médecine qui répondent croulent sous les appels.
- Elle a été installée dans les locaux du SAMU et est joignable au 0 809 54 19 19.
Alix se lève de son fauteuil, trépignant de joie. Cet étudiant toulousain en médecine vient de remporter une petite victoire, l’appel qu’il vient de prendre n’a duré que douze minutes. Et pour la toute nouvelle plateforme de prise de rendez-vous téléphonique pour la vaccination anti- Covid, cela tient presque du miracle. Entre les bugs informatiques, la lenteur des plateformes d’inscription en ligne et le temps de poser les questions à leurs interlocuteurs, les répondants sont contents lorsque leur coup de fil arrive à leur terme en moins d’un quart d’heure.
Le temps de se réjouir est de courte durée, le téléphone sonne à nouveau. Cette fois, c’est un monsieur qui se présente, le rendez-vous est pour sa maman de 88 ans. « Elle a déjà vu le médecin ce matin », explique-t-il de l’autre côté du combiné. Pour le faire patienter pendant que le logiciel se met à jour, Alix pose des questions sur l’état de santé, sur d’éventuels signes cliniques du Covid-19 ou des allergies.
Sous l’œil bienveillant de Julie Oudet, médecin du SAMU, chargée en début de semaine de créer de toutes pièces et en moins de quatre jours une plateforme pour l’ensemble de la Haute-Garonne. Ni une, ni deux, l’urgentiste a pris son portable et fait appel à ses « piou-pious », cette cohorte d’étudiants en médecine déjà sur le pont au printemps dernier, lorsque les appels sur le coronavirus encombraient les lignes du 15. En deux heures, 250 d’entre eux s’étaient portés volontaires, malgré les partiels.
Un numéro dédié
« Je n’ai pas hésité une seule seconde, on veut se rendre utile », assure Inés, une étudiante en médecine en 3e année qui vient de passer une demi-heure au téléphone avec une personne âgée de plus de 75 ans qui voulait prendre rendez-vous pour elle, son conjoint et sa belle-sœur. « Ils étaient soulagés d’être arrivés à nous joindre, ils n’étaient pas inquiets et n’avaient aucun doute sur la vaccination », assure la jeune femme entre deux sonneries. Pour l’instant, aucun resquilleur au bout du fil, juste des gens pressés de se faire vacciner.
Jeudi, en fin de journée, les autorités ont mis en place un numéro dédié (0809 54 19 19), histoire que le 15, consacré à l’urgence, la vraie, ne soit pas en PLS ou saturé. Car le rythme est incessant dans cette salle de dix postes déployés dans un coin du bâtiment du SAMU, sur le site de l’hôpital Purpan. « Nous allons passer à quinze postes, le temps de configurer et équiper la pièce d’à côté. Hier, en 1 h 30 d’activités nous avons reçu 92 appels sur huit postes et nous n’avions accès qu’aux sites de vaccination internes du CHU de Toulouse. Aujourd’hui, cela s’est élargi, et c’est l’engorgement au niveau des appels », reconnaît Julie Oudet.
Impossible de connaître les délais d’attente, mais une fois l’appel pris, les personnes au bout du fil sont plutôt conciliantes, même si les créneaux de rendez-vous se remplissent à vitesse grand V. Certains ont d’abord essayé de se connecter au site Internet, sans succès. D’autres n’ont tout simplement pas Internet.
« A partir du moment où vous élargissez la vaccination à certaines catégories de population, c’est cohérent d’avoir des pics d’appels », poursuit l’urgentiste qui sait qu’il y a aussi une phase de rodage. En Haute-Garonne, potentiellement, 107.000 personnes de plus de 75 ans peuvent désormais avoir accès à leur dose anti-Covid. Sur la plate-forme, on s’attend à nouveau à voir chauffer le standard dès que le gouvernement donnera son feu vert pour d’autres catégories de population. En attendant, Julie Oudet est sur le pont, comme tous ses collègues depuis maintenant plus de neuf mois… Sans véritable interruption.