Coronavirus : Connaissance de la maladie, respect du confinement, vaccin… Les cinq infos à retenir de notre Baromètre sur le Covid-19
INFO « 20 MINUTES »•Une enquête exclusive YouGov pour « 20 Minutes » et Doctissimo dévoile que les Français connaissent bien la maladie et ont adopté les gestes barrières, mais restent dubitatifs sur un futur vaccinOihana Gabriel
L'essentiel
- Chaque mois, 20 Minutes, en partenariat avec Doctissimo et YouGov, présente son baromètre sur la santé sur les connaissances et les comportements des Français vis-à-vis du coronavirus.
- Leurs connaissances sont très bonnes, aussi bien sur les symptômes que sur les mesures de précaution, et les répondants respectent le confinement. Mais les doutes sur les futurs vaccins et les conséquences de la pandémie sur la santé physique et psychique ont de quoi inquiéter.
Prendre le pouls régulièrement. Les Français sont depuis huit mois plongés dans une crise sanitaire sans précédent et une actualité anxiogène. Qu’ont-ils appris sur le coronavirus ? Ont-ils adopté les gestes barrières ? Respectent-ils le confinement et en souffrent-ils ? Toutes ces questions, et d’autres, ont été abordées par ce premier Baromètre de la santé YouGov* pour 20 Minutes et Doctissimo. Chaque mois, 20 Minutes présentera ce baromètre pour voir l’évolution des comportements et des priorités des Français sur le coronavirus, et se penchera sur d’autres sujets de santé.
Ce premier tour d’horizon montre, entre autres, que les Français connaissent très bien le Covid-19, qu’ils ont adopté les gestes barrières, respecté le deuxième confinement, mais que la sédentarité, les troubles psychiques et les réticences face au vaccin devraient interpeller les décideurs.
Une bonne connaissance de la maladie
Alors que le coronavirus est omniprésent dans les médias et les conversations privées depuis huit mois, il est rassurant de voir que les personnes interrogées sont incollables ou presque sur le Covid-19. Seulement 3 % jugent mauvais leur niveau de connaissance sur les moyens de se protéger de cette maladie. « Globalement, les Français, quelle que soit leur tranche d’âge, la connaissent bien », synthétise Gérald Kierzek, urgentiste et directeur médical de Doctissimo.
Les sondés semblent bien connaître les symptômes, avec quelques variations tout de même : 95 % savent que la perte d’odorat et de goût en font partie, 94 % les difficultés respiratoires, 91 % la fièvre, 83 % pour la toux… En revanche, seulement 75 % savent que la période d’incubation dure entre 3 et 5 jours. Sur les facteurs de risque aussi, les principales comorbidités sont intégrées : l’obésité (pour 88 % d’entre eux), le diabète (87 %), l’hypertension artérielle (81 %) et les maladies respiratoires et pulmonaires (95 %). En revanche, trois facteurs de risque sont moins connus : les cancers (75 %), l’immunodépression (66 %) et les maladies rénales (64 %).
Ce qui, en revanche, a de quoi inquiéter, c’est que 19 % des Français interrogés ont retardé ou annulé un rendez-vous médical par peur du coronavirus. « Les consignes ont pourtant été données sur ce deuxième confinement de ne pas sacrifier le suivi médical, regrette le médecin. Il faut donc repasser des messages : il n’y a aucune raison aujourd’hui d’éviter hôpitaux et cabinets médicaux. Seuls les services de réanimation sont surchargés, des circuits pour les patients Covid ont été mis en place. » Sans compter que, cette fois, soignants comme patients ont des masques et autres matériels de protection.
Respect des gestes barrières…
Non seulement les Français maîtrisent les gestes barrières, mais ils les respectent. En effet, que ça soit le lavage de main (94 %), la toux dans le coude (85 %) ou utiliser un mouchoir à usage unique (88 %), l’immense majorité des répondants ont intégré les différentes mesures de précaution. « Même l’aération de son logement deux fois par jour, sur laquelle on a moins communiqué qu’en Allemagne, ils sont 83 % à la connaître, salue Gérald Kierzek. On est passé de mesures barrières pas connues et pas appliquées à des réflexes, c’est un vrai changement de comportement. » A voir si les prochains baromètres confirmeront que ces mesures sont rentrées dans les mœurs… « Car elles fonctionnent pour tous les virus de l’hiver, grippe comme gastro », rappelle le médecin.
Notre baromètre reflète également l’adoption toute relative de l’application TousAntiCovid. En effet, seulement 26 % des répondants déclarent l’avoir téléchargeé et 4 % l’ont installée, puis supprimée. Par ailleurs, la moitié de ceux qui utilisent l’application ne l’activent que pour les attestations de déplacement. Seulement 8 % ont signalé un cas contact et 6 % ont reçu une notification pour les avertir qu’ils étaient cas contact.
… Et du confinement
Plus surprenant, 9 répondants sur 10 disent avoir respecté le deuxième confinement (92 %) les deux premières semaines, et ne comptent pas relâcher leurs efforts jusqu’au 1er décembre (90 %). Petite nuance : il y a tout de même 30 % du panel qui répond avoir « plutôt » respecté les consignes. « On a beaucoup entendu dire que les Français respectaient peu ce deuxième confinement, moins que le premier, reprend le directeur médical du site Doctissimo. Or, ces chiffres montrent au contraire une réelle adhésion. On a également stigmatisé les jeunes, soi-disant moins responsables. » Mais ce sondage montre que 93 % des 18-24 ans et 90 % des 25-34 ans évitent les rassemblements festifs. « Cela balaie les idées reçues et les discours culpabilisants », reprend l’urgentiste.
Santé physique et psychique mises à mal
On sait combien l’épidémie et le deuxième confinement ont fragilisé la santé mentale de certains Français. Une détresse qui se lit dans notre Baromètre de la santé : pour 52 % des personnes interrogées, le Covid-19 a un impact négatif sur leur moral. Plus étonnant, 36 % d’entre eux disent que cela n’a eu aucun impact sur leur bien-être.
« Ce qui m’interpelle et m’inquiète, c’est que 54 % des personnes interrogées n’ont pas eu d’activité physique sur les deux dernières semaines, relève Gérald Kierzek. On sait leurs conséquences sur l’obésité, sur la santé physique et psychique. Beaucoup s’inquiètent de l’augmentation des dépressions. Mais limiter les sorties à 1 km et une heure, c’est un frein à l’activité physique. Et cela n’a pas de sens médical, quand on est en extérieur tout seul, quel est le problème ? C’est une crise de long terme et les mesures absurdes ne vont pas tenir. Dans la perspective du discours de Macron, ce verrou pourrait sauter. »
Autre pan de l’étude intéressante à quelques heures des annonces : le baromètre s’arrête sur ce qui manque le plus aux Français. Tout d’abord, le fait de se déplacer librement (65 %), quasiment ex aequo avec voir sa famille (64 %), puis les amis (47 %). Loin derrière, on retrouve aller au restaurant (34 %). Seulement 17 % regrettent de ne pouvoir se rendre dans des commerces de proximité et 11 % dans une salle de sport. Or, selon les dernières rumeurs, le gouvernement semble privilégier un déconfinement très progressif avec une réouverture des commerces de proximité début décembre, mais un prolongement des attestations de déplacement après le 1er décembre… Ce qui devrait continuer à limiter les contacts avec les proches.
Des réticences face au vaccin
Notre Baromètre de la santé rejoint les divers sondages parus ces dernières semaines, qui laissent entrevoir une défiance vis-à-vis du ou des futurs vaccins contre le Covid-19. En effet, si un vaccin était mis sur le marché, 34 % iraient se faire vacciner le plus vite possible. Pour un quart des personnes interrogées, c’est un non définitif, mais 28 % répondent qu’ils n’iraient probablement pas et 14 % ne savent pas. Et parmi ceux qui ont répondu qu’ils ne sauteraient pas sur ce vaccin, 36 % envisagent de l’acheter dans un deuxième temps. Une donnée supplémentaire qui souligne l’importance, dans les prochaines semaines, d' une transparence et d’une information claire sur l’efficacité, l’innocuité et l’intérêt de cette vaccination.
La France est très clivée sur la question de la vaccination. Et pour majeure que soit cette crise, les futurs vaccins contre le Covid-19 ne dérogent pas à cette tendance. Ainsi, pour 43 % des personnes interrogées, le vaccin ne doit pas être obligatoire. « L’enjeu majeur, ça va être sa sécurité, assure Gérald Kierzek. Je le vois quand j’en discute avec mes patients, la course effrénée aux vaccins a galvaudé la notion d’efficacité. »
* Enquête a été réalisée sur 1.015 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France, du 18 au 19 novembre 2020. Veuillez cliquer sur ce lien si vous souhaitez en savoir davantage sur cette étude.