Coronavirus : Hausse des cas et des décès, santé mentale… Le bilan hebdomadaire confirme la gravité de la situation
EPIDEMIE•Le dernier bilan épidémiologique de Santé Publique France dévoile que le nombre d’hospitalisations a augmenté de 62 % et celui des décès de 51 % en une semaineOihana Gabriel
L'essentiel
- Santé Publique France publie chaque jeudi soir un bilan épidémiologique hebdomadaire, que les experts de l’agence décryptent le vendredi matin à la presse.
- Le bilan de cette semaine montre une augmentation très importante à la fois de l’incidence, du nombre d’hospitalisations et des décès.
- Des données supplémentaires pour montrer que le couvre-feu n’aurait pas suffi pour stopper cette deuxième vague.
Pourquoi ce nouveau confinement ? Le couvre-feu n’aurait-il pas suffi pour freiner la deuxième vague de Covid-19 ? Si certains Français se posent encore la question de l’utilité des nouvelles mesures restrictives, les chiffres du dernier point épidémiologique de Santé Publique France laissent peu de doute sur la gravité de la situation.
Le nombre de nouveaux malades s’envole, notamment chez les plus de 65 ans, il y a 3.000 patients en réanimation, 1.300 décès en une semaine… Petit tour d’horizon des principaux enseignements de ce nouveau bilan, avec des données plus significatives que les points quotidiens, mais pas tellement plus rassurantes.
Forte hausse des cas malgré le couvre-feu
En tout, sur cette dernière semaine (du 19 au 25 octobre 2020), 263.143 nouveaux cas confirmés de COVID-19 ont été enregistrés en France métropolitaine. Soit une hausse de 54 % en sept jours. On est passé d’un taux d’incidence de 259 cas/100.000 habitants à 399/100.000. Autre donnée inquiétante : le taux de positivité était de 18,8 % le 25 octobre, il est de 19,4 % aujourd’hui, en forte progression par rapport à la semaine précédente (13,9 %).
Un signe que le couvre-feu, imposé depuis deux semaines dans certaines villes et régions, n’a pas permis de freiner la course effrénée de l’épidémie ? « Il est encore un peu tôt pour conclure à l’efficacité ou l’inefficacité du couvre-feu, nuance Daniel Lévy-Bruhl, épidémiologiste chez Santé Publique France. Car il faut tenir compte du délai d’incubation de la maladie, qui peut aller jusqu’à quatorze jours, précise-t-il. Et le délai entre le moment où la personne devient symptomatique, quand elle reçoit le résultat de son test, et quand l’agence le comptabilise, ce qui peut prendre deux semaines. Il va être compliqué d’analyser le bilan de ce couvre-feu, car il y a eu les vacances et les nouvelles mesures de confinement. »
+ 62 % d’hospitalisations pour Covid
« Le 27 octobre 2020, 18.978 cas de COVID-19 étaient hospitalisés en France, dont 2.918 en réanimation », précise le dernier point épidémiologique. Soit un niveau inédit depuis début mai. « Le nombre de nouvelles hospitalisations a fait un bond de 62 % en une semaine, précise Christine Campèse, épidémiologiste à Santé Publique France. On a 8 fois plus d’hospitalisations depuis septembre chez les + de 65 ans, ce qui fait craindre une augmentation des décès dans les semaines suivantes. »
L’inquiétude est donc de mise pour les hôpitaux, où les soignants tirent la sonnette d'alarme depuis des semaines. Le point hebdomadaire conclut même : « l’augmentation du nombre de cas, du nombre de personnes nouvellement hospitalisées, du nombre de personnes nouvellement admises en réanimation dans toutes les régions de France métropolitaine annonce des tensions hospitalières dans l’ensemble des régions. Les prochaines semaines seront décisives quant à l’impact de l’épidémie sur le système de santé, dans l’attente d’observer les premiers effets sur l’évolution de l’épidémie des mesures de gestion les plus fortes (confinement) annoncées cette semaine. »
Près de 3.000 patients hospitalisés en réanimation
Ce qui inquiète le plus, c’est bien sûr la situation des services de réanimation. Où les admissions augmentent nettement : 1.816 en une semaine, soit une hausse de 35 %. « Les trois régions les plus touchées par ces prises en charge en réanimation sont l’Auvergne-Rhône-Alpes, l’Ile-de-France et les Hauts-de-France, poursuit Christine Campèse. Si la dynamique se poursuit, les admissions en réanimation doubleront dans les 14 jours. On est vraiment sur une forte dynamique de l’épidémie. »
Rappelons que nous avons pour le moment 5.800 places dans ces services et que les malades du Covid y restent souvent très longtemps, jusqu’à trois semaines. Dans son allocution mercredi soir, Emmanuel Macron a assuré que la France pouvait arriver à 9.000 lits de réanimation en tout. Et a prévenu que « quoi que nous fassions, près de 9.000 patients seront en réanimation à la mi-novembre, soit la quasi-totalité des capacités françaises ».
Sans surprise, ces chiffres alarmants d’incidence et d’hospitalisations sont complétés par une nette augmentation des décès. On est en effet passé de 872 décès à 1.318 en une semaine, soit + 51 %.
La santé mentale mise à mal
Ce point hebdomadaire s’attarde sur un nouveau thème, exploré par l’étude Covid-Prev (réalisée chaque mois, et cette fois du 19 au 21 octobre) : les conséquences psychiques du Covid-19 et des mesures restrictives (en l’occurrence le couvre-feu, puisque l’étude a été réalisée avant l’annonce du reconfinement). « La santé mentale des Français, dégradée en début de confinement, s’était ensuite significativement améliorée pour tous les indicateurs (états anxieux, dépressifs et satisfaction de vie) à l’exception des problèmes de sommeil, qui se maintenaient à des niveaux élevés, conclut l’étude. Dans la dernière enquête réalisée fin octobre, une augmentation significative des troubles dépressifs a été observée en comparaison de l’enquête fin septembre. »
Qui sont les personnes les plus concernées par ces troubles de la santé psychique ? « Les personnes déclarant des antécédents de trouble psychologique, celles déclarant une situation financière très difficile, les femmes et les 25-34 ans », précise l’étude CoviPrev d’octobre.
Les gestes barrières mieux respectés
Seule bonne nouvelle de ce bilan hebdomadaire : les Français semblent de mieux en mieux respecter les mesures barrières. Avec quelques différences. En effet, l’adoption systématique des mesures d’hygiène (lavage de mains, utiliser un mouchoir à usage unique) est restée stable depuis juin.
En revanche, les mesures en lien avec la limitation de l’interaction sociale ont augmenté et ce, pour la première fois depuis l’arrêt du confinement. Ainsi, les personnes interrogées qui assurent avoir évité les rassemblements sont passées de 48 % en septembre à 57 % en octobre. Quant au port du masque en public, il poursuit son augmentation : 74 % des Français interrogés le portaient en septembre, et près de 79 % en octobre.