Coronavirus en Bretagne : Ehpad et hôpitaux en opération séduction face à la pénurie de main-d’œuvre
SANTE•Les métiers d’aide-soignants et d’agents des services hospitaliers sont en grande tensionCamille Allain
L'essentiel
- Un « job dating » s’est déroulé dans une agence Pôle emploi de Rennes ce mardi.
- L’objectif est de mettre en relation les établissements de santé et les demandeurs d’emploi pour des métiers d’aides-soignants et d’agents hospitaliers.
- Les Ehpad et hôpitaux français manquent cruellement de candidats pour ces postes paramédicaux.
La pénurie de main-d’œuvre dans les établissements de santé ne date pas d’hier et il serait illusoire de penser que l’épidémie de Covid-19 y est pour quelque chose. Cette crise sanitaire aussi inattendue que soudaine a cependant révélé les manques criants du secteur. Alors qu' une seconde vague semble se former au-dessus de la France, les établissements de santé tentent désespérément de mener des campagnes de recrutement. Le temps pressant, il est évident que le pays ne va pas sortir de son chapeau une baguette magique formant médecins et infirmiers en quelques mois. Mais pour certains postes moins qualifiés, la solution d’une formation accélérée est envisagée. C’est le cas pour les métiers d’aides-soignants et d’agents des services hospitaliers, qui font cruellement défaut depuis des années, tant dans les Ehpad que dans les hôpitaux.
En Bretagne, l’Agence régionale de santé s’est rapprochée de Pôle emploi pour organiser une semaine dédié aux métiers de la santé et des soins. L’objectif : inciter les demandeurs d’emploi à embrasser une carrière paramédicale. Mais aussi inviter les établissements à s’ouvrir à des profils atypiques. « Ces secteurs étaient déjà en tension. Mais cette crise a amené des entreprises à regarder les compétences des candidats, davantage que leurs diplômes », assure Frédéric Sévignon.
Le directeur régional de Pôle emploi reconnaît que ses 37 agences ne sont pas toujours sollicitées par les professionnels de la santé. « On vit une situation exceptionnelle, difficile. Mais on peut trouver des bénéfices à cette crise. Elle permet de nouer des partenariats entre les institutions. Et elle peut susciter des vocations », estime le directeur de l’ARS Stéphane Mulliez.
« Je ne voulais plus d’un job alimentaire »
Mardi, un premier job dating a été organisé dans les locaux de l’agence Pôle emploi de la rue de Redon à Rennes. Johnny, demandeur d’emploi depuis un an, y a décroché un ticket pour un contrat de qualification au sein d’un groupe d’établissement de la région de Fougères. « Je travaillais dans le bâtiment mais je ne voulais plus d’un job alimentaire. Je voulais retrouver des valeurs humaines ». Conseillé par des amis infirmiers, le trentenaire a voulu s’inscrire en formation d’aide-soignant mais le confinement est venu tout enrayer. « Je voulais me former comme ambulancier quand ma conseillère Pôle emploi m’a parlé de ce job dating ». Au total, douze candidats intégreront cette formation.
Face à lui, le jeune homme a trouvé Gilles Denis, directeur d’établissements regroupés au sein de l’association Le Parc. « Chez nous, on recrute une personnalité, une appétence pour un métier. Avec ces contrats pros, on peut avoir des emplois durables dans la structure. On offre des garanties aux candidats », assure le directeur de la structure basée à Fougères.
En Bretagne, plusieurs milliers de postes d’aides-soignants et d’agents des services hospitaliers sont actuellement à pourvoir. Dans le même temps, la région compte 270.000 demandeurs d’emploi, toutes catégories confondues. « La population vieillit, il nous faudra de plus en plus de monde dans les Ehpad et dans les résidences », prévient le directeur de l’ARS. Reste à convaincre. Les questions de salaires, des horaires décalés et des conditions de travail parfois indignes décrites ici et là n’en demeurent pas moins cruciales dans l’attractivité du métier.