Occitanie : Parfois réticents, les soignants appelés à se montrer « exemplaires » en se faisant vacciner contre la grippe
EPIDEMIE•En Occitanie comme dans toute la France, la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière commence ce mardi, en pleine recrudescence du Covid-19Nicolas Stival
L'essentiel
- La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière est lancée ce mardi.
- L’an dernier, moins d’une « personne à risque » sur deux avait fait le vaccin contre la grippe saisonnière, en Occitanie comme ailleurs en France.
- L’Agence régionale de santé espère augmenter la couverture de cette population, mais aussi des personnels soignants, qui rechignent parfois également à se faire vacciner, pour différentes régions.
Omniprésent dans nos vies, le Covid-19 ne doit pas faire oublier la grippe saisonnière. C’est le message que transmettent l’Agence régionale de santé (ARS) Occitanie et ses partenaires au moment de lancer ce mardi la campagne de vaccination contre cette maladie, jusqu’au 31 janvier.
« Cette année, les enjeux sont tout à fait exceptionnels, indique Pierre Ricordeau, directeur de l’ARS Occitanie. Le cumul des deux épidémies peut être très difficile à gérer pour le système sanitaire. Nous voulons améliorer le taux des personnes fragiles et des personnels de santé. »
Ces deux catégories sont invitées à se faire vacciner « le plus tôt possible ». Quelque 1,35 million d’Occitans (et 15,8 millions de Français) ont reçu leur bon de prise en charge à 100 % du vaccin par l’Assurance maladie : les personnes âgées de plus de 65 ans, des gens plus jeunes mais atteints de maladies chroniques (insuffisances respiratoires, diabète…) et des professionnels de santé.
Les femmes enceintes, ainsi que les personnes obèses (dont l’indice de masse corporelle ou IMC dépasse 40), pas forcément identifiées par les autorités sanitaires, sont également ciblées par la campagne et peuvent se voir prescrire un vaccin par des professionnels de santé.
L’Occitanie dans la moyenne française
L’an dernier, moins de la moitié de cette « population à risque » (47,7 % en Occitanie, 47,8 % dans l’ensemble de la France) s’était fait vacciner par un pharmacien, son médecin traitant ou un infirmier. C’est un point de plus qu’en 2018-2019 mais « c’est très éloigné des recommandations de l’OMS [Organisation mondiale de la santé] qui est de 75 % », regrette Philippe Trotabas, coordinateur régional et directeur de l’Assurance Maladie de l’Hérault. « Les personnels de santé doivent être exemplaires », ajoute-t-il.
Or, lors de la dernière campagne, seuls 35 % d’entre eux étaient vaccinés en établissement de santé, et 32 % en Ehpad. Et les différences sont grandes quand on y regarde de plus près : si les médecins se trouvent nettement au-dessus de la moyenne (68 % en établissements de santé et 76 % en Ehpad), infirmier(e) s (36 % et 43 %) et surtout aide-soignant(e) s (21 % et 27 %) sont au-dessous. La marge est grande avant d’atteindre l’objectif fixé par Pierre Ricordeau, qui souhaite que « l’ensemble des professionnels de santé soit vacciné » contre la grippe saisonnière.
« Peut-être un sentiment antivaccins chez certains »
Mais pourquoi de tels chiffres dans des métiers qui doivent être « des relais clés pour convaincre les publics concernés » de l’intérêt de se faire vacciner contre la grippe saisonnière, selon l’ARS et l’Assurance maladie ? Pierre Ricordeau avance plusieurs tentatives d’explications : « peut-être un sentiment antivaccins chez certains », « des personnes jeunes pensent ne pas avoir d’intérêts à se faire vacciner », « la méconnaissance de l’impact que peut avoir le virus sur les personnes avec lesquelles ces personnes vont travailler ».
Président de la conférence régionale de la santé et de l’autonomie (CRSA), le professeur Laurent Schmitt complète : « Il y a deux freins : les doutes sur l’efficacité du vaccin et la crainte des effets secondaires ». D’où l’envoi d’une communication ciblée dans les établissements de santé et médico-sociaux. « En octobre 2019, avec Santé Publique France, on a envoyé au CHU de Toulouse toute une série de documents sous formes de vrai-faux. Par exemple : "y a-t-il des adjuvants problématiques dans les vaccins ?" "Faux". "Est-ce que la vaccination est problématique pour les femmes enceintes ?" "Faux". »
Dans le cadre de la campagne qui débute ce mardi, chaque professionnel de santé vacciné peut aborder un badge individuel, visible par les patients, pour « ouvrir le dialogue avec eux ». Sur le plan collectif, ils sont invités à poster des réseaux sur les réseaux sociaux avec le mot-dièse #EquipeAntiGrippe.
Environ 10.000 morts l'hiver dernier
L’an dernier, près de 10.000 personnes sont mortes de la grippe saisonnière en France, en grande majorité des personnes vulnérables. « Le vaccin contre le coronavirus, on ne l’aura pas tout de suite, en tout cas pas cet hiver, remarque le professeur Jacques Reynes, responsable du service des maladies infectieuses au CHU de Montpellier. Celui contre la grippe, on l’a. Ce serait idiot de ne pas en profiter. Et même s’il n’a pas une efficacité de 100 %, il réduit les formes graves. » Et peut-être permettra-t-il d’éviter un engorgement total des hôpitaux cet hiver, avec le Covid-19 et les autres pathologies de saison.