Cancers d’enfants autour de Sainte-Pazanne : « Il n’y a pas de cluster avéré », affirme désormais l’ARS
LOIRE-ATLANTIQUE•Les autorités sanitaires concluent finalement qu’il n’y a pas davantage de cancers pédiatriques autour de Sainte-Pazanne que dans le reste de la Loire-Atlantique
Frédéric Brenon
L'essentiel
- Au regard des dernières données statistiques recueillies, l’ARS et Santé publique France réfutent l’existence d’un nombre anormalement élevé de cancers d’enfants dans les environs de Sainte-Pazanne.
- Les études épidémiologiques concluent également à l’absence d’explication commune pour ces cancers dans le secteur, selon l’ARS.
Plus d’un an et demi après la révélation d’un nombre élevé de cancers pédiatriques dans le secteur de Sainte-Pazanne, au sud-ouest de Nantes, l'agence régionale de santé (ARS) et Santé publique France ont fait le point, ce mercredi matin, sur les différentes investigations menées ces derniers mois pour comprendre quel est le problème. Une étude épidémiologique et une comparaison avec le volume de cancers pédiatriques enregistrés en Loire-Atlantique entre 2005 et 2018 ont, notamment, été effectuées.
Principale conclusion des autorités sanitaires : « il n’y a pas de situation singulière de fréquence de cancers sur le secteur étudié » au regard des données recueillies dans l’ensemble du département. En clair, il n’y aurait pas plus de cancers d’enfants autour de Sainte-Pazanne que dans le reste de la Loire-Atlantique. « Il n’y a pas de cluster avéré », confirme Jean-Jacques Coiplet, directeur de l’ARS des Pays-de-la-Loire.
« Nous comprenons la difficulté pour les familles »
L’agence régionale de santé affirmait pourtant en novembre 2019 que le nombre de cancers pédiatriques sur le secteur de Sainte-Pazanne était « plus important que ce que l’on observe en moyenne en France ». Mais ce résultat était à l’époque « statistiquement fragile », justifie aujourd’hui l’ARS. « Nous n’avions pas toutes les données à jour du Registre des cancers de Loire-Atlantique. Et lorsque l’on croise toutes les informations du département, on obtient des résultats beaucoup plus fiables », explique-t-elle.
« Cette conclusion [absence d’un cluster avéré] a un côté rassurant pour les Ligériens. Mais nous comprenons évidemment la difficulté pour les familles concernées. Un cancer touchant un enfant reste toujours un cancer de trop », ajoute Jean-Jacques Coiplet.
Sur le volet épidémiologique, l’ARS et Santé publique France réaffirment, après de nouvelles mesures d’analyses et de « levées de doute » (logements, école, ancien site industriel…) sur le secteur de Sainte-Pazanne, qu’il n’a « pas été possible d’identifier de cause commune pouvant expliquer la survenue de cancers pédiatriques ». Les autorités et les services de l’Etat indiquent toutefois qu’ils maintiennent une « surveillance active » de la situation.
22 cas pour le collectif, 16 cas pour les autorités
Le collectif « Stop aux cancers de nos enfants », qui regroupe des parents et riverains inquiets, comptabilise 22 cas de cancers pédiatriques entre 2015 et 2020 dans un rayon de 15 km autour de la commune de Sainte-Pazanne. L’ARS, de son côté, ne retient que 16 cas, excluant certaines communes jugées trop éloignées et les patients âgés de plus de 18 ans. « Même en retenant le chiffre de 22 cas, ça ne signifierait pas forcément qu’il y aurait la présence d’un regroupement statistique puisqu’on intégrerait de nouvelles populations » dans le calcul, précise l’ARS.
Les conclusions de ce mercredi provoquent en tout cas l’incrédulité et la colère du collectif de familles. « Les autorités jouent avec les chiffres, ça ne tient pas debout, dénonce Marie Thibaud, porte-parole du collectif. Cluster ou pas cluster, on ne sait toujours pas pourquoi autant de cancers sont survenus autour de chez nous depuis 2015! On est face à de la manipulation caractérisée pour montrer qu’il n’y a rien à craindre et ne pas pousser plus loin les recherches. Tant pis, nous ne lâcherons pas. Nous poursuivons le travail de notre côté. Des enfants sont toujours malades et nous craignons qu’il y en aura d’autres. »