Lyon : Ouverture du premier centre de France dédié au diabète de type 1, hors hôpital
INNOVATION•Ce centre est le seul de France à permettre le suivi des patients, de l'enfance à l'âge adulte, sans passage à l'hôpitalElisa Frisullo
L'essentiel
- Depuis quelques semaines, un centre exclusivement dédié au diabète de type 1 a ouvert à Lyon.
- Cet établissement est le seul en France à prendre en charge les patients, hors hôpital, et à assurer leur suivi.
- L’objectif est notamment de ramener vers les soins les diabétiques en rupture avec la médecine et d’améliorer et simplifier le suivi des malades.
Si sur le papier, il ne s’agit que d’un changement d’adresse, pour les patients, c’est le jour et la nuit. Depuis quelques semaines, le centre Diab-eCare a ouvert ses portes au sein de la maison de santé Medicina Rockfeller, dans le 8e arrondissement de Lyon. Géré par les Hospices civils de Lyon, ce centre est le premier de France consacré au diabète de type 1 à accueillir des malades hors les murs de l’hôpital. Une nouveauté destinée à améliorer la prise en charge de cette pathologie, qui concerne 10 % des personnes diabétiques et dont l’incidence a doublé en vingt ans en France.
Pour les patients, qui du fait d’une déficience pancréatique sécrètent peu ou pas d’insuline, l’ouverture d’une telle structure dédiée à une seule maladie chronique est une réelle avancée. Les malades, qui habituellement doivent passer entre un et cinq jours à l’hôpital pour se faire poser une pompe à insuline, n’ont plus besoin de se rendre en établissement hospitalier. Pas plus que pour leurs consultations médicales habituelles de suivi. Quelques heures au centre suffisent désormais grâce à une dérogation obtenue auprès des autorités de santé.
« C’est une chose positive de sortir de l’hôpital et d’être en ville », confie l’une des patientes, qui pour faire baisser son taux de glucose dans le sang doit s’administrer chaque jour et à vie de l’insuline. Pour la plupart des diabétiques de ce type, la maladie est survenue pendant l’enfance ou au début de l’âge adulte et nécessite un suivi journalier. « C’est une pathologie chronique qui pèse au quotidien », souligne l’endocrinologue et directeur du centre, Charles Thivolet, soucieux que la nouvelle prise en charge proposée à Lyon facilite un peu plus la vie de ces personnes.
Ramener les patients en rupture thérapeutique vers les soins
Pour toute l’équipe médicale, composée de médecins, d’infirmières, d’une diététicienne, d’une psychologue et d’un enseignant en activité physique adaptée, la prise en charge hors les murs laisse également espérer un retour progressif vers les soins des patients perdus de vue depuis des années. Selon les HCL, « 20 % des diabétiques de type 1 n’ont pas consulté de spécialistes au cours des cinq dernières années », s’exposant ainsi à un risque plus important de complications du diabète.
Pour ramener ces patients en rupture thérapeutique, l’équipe compte sur l’accompagnement renforcé du malade. « Nous avons une équipe multiprofessionnelle dont le savoir-faire est concentré sur une seule pathologie. Forcément, cela permet un suivi plus régulier et personnalisé du patient, souligne le professeur Charles Thivolet. Nous nous organisons par exemple pour que ce soit la même personne qui pose la pompe à insuline puis assure par la suite le suivi du patient ». Une organisation impossible dans les structures hospitalières actuelles où les personnels passent, dans les différents services, d’une pathologie à une autre, d’un malade à un autre.
Des technologies de pointe pour le suivi des malades
L’ouverture d’un centre dédié devrait également accroître le développement des nouvelles technologies, testées puis déployées ces dernières années au sein des HCL, à l’instar du pancréas artificiel pour suivre à distance et en temps réel les patients diabétiques de type 1. La start-up Diabnext, qui développe et commercialise une plateforme de télésurveillance et des outils connectés pour le suivi et la prise en charge simplifiée du diabète, est d’ailleurs associée au centre. Un plus, là encore, pour les diabétiques dont le quotidien s’améliore avec les nouvelles technologies.
La création de ce centre dédié devrait d’ailleurs s’accompagner de nouveaux projets de recherche incluant une nouvelle cohorte de patients, autour du pancréas artificiel et d’outils connectés tels que les stylos à insuline, la télémédecine ou les indicateurs de variabilité glycémique.