Déconfinement à Mougins : « J’en avais marre d’être enfermée », dans les Ehpad, les mesures sanitaires vont être allégées
REPORTAGE•« 20 Minutes » s’est rendu dans un établissement du groupe Korian à Mougins, à quelques kilomètres de la maison de retraite La Riviera où la maladie a fait 40 mortsFabien Binacchi
L'essentiel
- Le ministre de la Santé a demandé aux maisons de retraite « qui ne déclarent plus de cas de Covid-19 » de préparer un plan de retour à la normale pour lundi.
- Pour 20 Minutes, le groupe Korian a ouvert les portes d’un de ses établissements à Mougins où les activités et les visites reprennent progressivement pour les pensionnaires.
Visites sans rendez-vous, accès à nouveau autorisé des familles dans les chambres… 20 Minutes a voulu savoir comment Korian, au cœur de la tempête au plus fort de la pandémie de coronavirus, préparait son « plan de retour progressif à la normale » comme demandé par le gouvernement dans les maisons de retraite « qui ne déclarent plus de cas de Covid-19 ».
Une visite à l’Ehpad La Riviera à Mougins, qui a dû faire face à 40 décès liés à la maladie et où l’épidémie a été déclarée stoppée, a été refusée. « Les équipes sur place ne le souhaitent pas, face à la pression médiatique », a indiqué un porte-parole du groupe Korian. Des familles ont déposé plainte et une enquête est ouverte.
Des parcours différents pour éviter les croisements
Un rendez-vous nous a été en revanche accordé à quelques kilomètres de là, dans l’Ehpad Parc de Mougins. Où la situation a été bien plus apaisée. Aucun cas n’y a été recensé, ni parmi la centaine de résidents, ni parmi les 53 salariés, confirme l’Agence régionale de santé Paca.
Avant l’explosion de l’épidémie, « un cas de grippe nous avait déjà fait restreindre les visites », expliquait sur place, mercredi après-midi, Hafid Belhocine, le directeur des lieux.
Depuis cette alerte, les proches ne sont autorisées à venir que sur inscription, en attendant effectivement un assouplissement des règles dès lundi. « Les familles seront accueillies sans rendez-vous entre 14 h et 17 h 30, détaille le responsable. Nous conserverons tout de même un nombre maximum de visiteurs en simultanée, à hauteur de dix personnes, avec des parcours différents pour éviter les croisements. »
Les visites dans les chambres seront permises dans certains cas, mais les rencontres en extérieur restent privilégiées. Les mesures à l’entrée seront préservées. Contrôle de la température, masque et surchaussures obligatoires. Claude, elle, porte aussi des gants pour passer un moment avec son mari de 92 ans « aux multiples pathologies ». « On va continuer à rester prudent », dit-elle, attablée dans le jardin.
Les activités reprennent
Parallèlement, les activités reprennent et montent en puissance. Mercredi, un animateur faisait des crêpes pour le goûter des pensionnaires. Vendredi, un chanteur doit venir célébrer les centenaires de l’établissement.
La tête penchée en arrière dans un bac, Solange, 93 ans, attend que la coiffeuse, qui intervient à nouveau une fois par semaine dans cet Ehpad, termine sa permanente. « Ce n’est pas les visites qui me manquaient, je n’en reçois pratiquement pas. J’en avais surtout marre d’être enfermée dans ma chambre », explique la nonagénaire là depuis trois ans pour rester avec sa fille handicapée.
« Les pensionnaires sont heureux de pouvoir à nouveau partager des activités en petits groupes », avance l’ergothérapeute Aline Nerrière, qui a interrompu un atelier pour pourvoir répondre à 20 Minutes. « Vous avez bientôt fini ? On s’ennuie nous », interpelle une dame de 80 ans. Preuve que la vie reprend.