SANTEA Bordeaux, pas de psychose mais beaucoup d’inquiétudes sur le coronavirus

Réunion publique sur le Coronavirus à Bordeaux : Pas de psychose mais beaucoup de questions et d’inquiétudes

SANTECe mardi soir, le CHU de Bordeaux et le journal Sud-Ouest ont organisé la première réunion publique d’information en France sur le coronavirus au pôle juridique et judiciaire de l’Université de Bordeaux. Les questions ont fusé dans l’assistance
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Le CHU de Bordeaux et le journal Sud-Ouest ont organisé la première réunion publique d’information sur le coronavirus en France à Bordeaux, ce mardi soir.
  • De nombreux habitants ont participé et ont posé des questions sur les risques encourus notamment en partant en voyage.
  • Les professionnels de santé se sont inquiétés des moyens à disposition pour faire face à une éventuelle épidémie.

L’amphithéâtre du pôle juridique et judiciaire de l’université de Bordeaux est plein à craquer ce mardi soir pour la première réunion publique d’information en France sur le coronavirus.

L'événement organisé par le CHU de Bordeaux et le journal Sud-Ouest s’appuyait sur l’expertise du professeur Denis Malvy, qui dirige le service des maladies tropicales, infectieuses et émergentes du CHU de Bordeaux. C’est son équipe qui a pris en charge le premier patient infecté par le Covid 2019, le coronavirus chinois, en France, et celui-ci a pu sortir guéri de l'hôpital le 13 février dernier.

Peut-on voyager au Cambodge ? à Singapour ?

Quand le temps d’échange arrive, les questions fusent. « Mon fils organise son mariage le 30 mai et sa future femme est cambodgienne, une cinquantaine d’invités viendront du Cambodge, faut-il prévoir des annulations ? » interroge un homme dans l’assistance. « Le Cambodge, pour le moment, ne fait pas partie des zones épidémiques il faut surveiller mais ne décommandez pas vos invités », répond le professeur Denis Malvy. L’homme soupire de soulagement sur son siège. Une école d’hôtellerie et de restauration qui accueille des étudiants étrangers s’interroge sur la marche à suivre par exemple pour l’une d’elle qui arrive de Milan. Le directeur de l’agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine Michel Laforcade répond qu’il est préférable d’observer 14 jours de télétravail si possible, par précaution. « Et si elle a des symptômes, il faut qu’elle appelle le 15 », précise le professeur Denis Malvy.

Un autre bordelais prend la parole dans la salle et s’interroge sur son voyage programmé à Singapour pour rendre visite à sa fille. Le professeur est plus réservé dans sa réponse : « il y a des chaînes de transmission actives, elles sont contrôlées c’est-à-dire qu’on repère à chaque fois le patient source mais il y a en quand même beaucoup pour considérer que ce pays n’est pas à risque pour produire de nouveaux patients sources ». S’il décide de se rendre dans ce pays considéré comme épidémique, en rentrant, il devra adopter des mesures de précaution pendant quatorze jours et surveiller sa température.

Est-on prêt pour faire face à une épidémie ?

Plusieurs soignants ont aussi pris la parole dans la salle. Une infirmière anesthésiste s’inquiète de la capacité d’accueil de patients infectés par le coronavirus au CHU de Bordeaux et de la capacité d’un personnel, déjà à flux tendus, à faire face à une crise. « Nous avons 25 lits pour les cas confirmés et ils peuvent être multipliés par trois », répond le professeur Denis Malvy. Il ajoute que les hôpitaux de second niveau et la filière ambulatoire peuvent également être mobilisés. « On connaît les plans blancs, on est bien préparés, surenchérit Yann Bubien, directeur du CHU de Bordeaux. Et on est loin d’en être là puisque actuellement on a zéro patient avéré hospitalisé ».

Une infirmière libérale a interpellé les autorités sur l’accès des soignants aux masques et gants, mentionnant qu’un patient avait demandé récemment à un de ses confrères à ce qu’on entre chez lui masqué et ganté. « Nos agences vont prodiguer des quantités adaptées, réagit le professeur Denis Malvy mais dans la situation que vous décrivez c’est à votre patient de se protéger. »

Le spécialiste a aussi saisi l’occasion pour délivrer quelques messages à la population. Il a expliqué que le vaccin contre la grippe saisonnière aide à lutter contre le Covid 2019 car comme une épidémie est en cours pour cette pathologie hivernale, on peut ainsi éviter de se retrouver « cas possible » en en présentant les symptômes (qui ressemblent à ceux du Covid 2019).

Il ajoute que le recours à des masques chirurgicaux en cas de toux et le lavage régulier de mains à l’aide d’une solution hydroalcoolique restent les moyens de prévention les plus efficaces contre le Covid 2019. Si on revient d’une zone épidémique, il faut appeler le 15 et ne pas aller aux urgences. Ces derniers temps, une dizaine de cas potentiels ont été soumis quotidiennement au test de dépistage au CHU de Bordeaux et à chaque fois ils se sont révélés négatifs.