Marseille : Les vaccinations contre le pneumocoque ont débuté, l’ARS écarte tout risque d’épidémie
PNEUMOCOQUE•Alors que les vaccinations des ouvriers d’un chantier naval de Marseille ont débuté ce lundi matin contre le pneumocoque, l’ARS indique qu’il n’y a « pas de risque d’épidémie »Adrien Max
L'essentiel
- Seize cas de pneumocoques ont été détectés sur un chantier naval de Marseille, dont un cas en réanimation.
- Des mesures d’hygiènes et une campagne de vaccination ont été lancées dès ce lundi matin.
- L’ARS écarte tout risque d’épidémie, le pneumocoque étant très peu contagieux.
Les vaccinations ont débuté ce lundi matin. Une épidémie de pneumocoque a été détectée à Marseille, sur un chantier de réparation naval. 16 cas ont été confirmés ce lundi matin par l’Agence Régionale de Santé (ARS), de la région Provence Alpes-Côte d’Azur, qui écarte tout risque « d'épidémie ». 20 Minutes fait le point sur cette infection au pneumocoque.
C’est quoi cette infection au pneumocoque ?
L’ARS Paca a été mise au courant par l’Institut Hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille, de l’infection par pneumocoque d’ouvriers sur un chantier naval de Marseille. « 16 cas ont été confirmés, dont un cas se trouve toujours en réanimation », a précisé le professeur Philippe Malfait de Santé publique France, lors d’un point presse organisé ce lundi au sein de l’ARS. Le premier a été décelé le 9 janvier, le dernier cas remonte au 31 janvier. « Ils ont tous été traités et vaccinés », a déclaré Laurence Pascale, médecin épidémiologiste en charge des investigations sur cette infection. La moyenne d’âge des personnes infectée est de 42 ans. Le pneumocoque est une bactérie qui se transmet d’homme à homme par des sécrétions, lors d’un contact rapproché et assez long, d’au moins une heure. « Elle ne peut pas être transmise par l’eau ou par l’air ». « Cette maladie peut être sévère si elle n’est pas décelée tôt, mais elle n’est pas exceptionnelle », selon Philippe Malfait.
Quelles mesures ont été prises ?
Une campagne de vaccinations de 4.000 ouvriers a débuté ce lundi matin, « sur la base du volontariat », explique Christiane Brunel, médecin au sein de l’ARS. Des équipes de l’ARS, des hôpitaux de Marseille, et des marins-pompiers se relaieront sur le chantier naval de 9 heures à 22 heures, jusqu’à mardi soir. Le coût des vaccinations sera à la charge de l’armateur. Cette campagne s’ajoute à des « mesures barrières, avec la distribution de 3.000 masques et de gels hydroalcooliques ». La bactérie n’est que très peu contagieuse, il n’y a pas besoin de mise en quarantaine.
Les vaccins sont-ils efficaces ?
La souche de ce pneumocoque n’a pas encore pu être isolée. « La transmission aux laboratoires a été retardée en raison du Coronavirus, ce qui explique que l’étude de la souche a été un peu différée. Mais les deux thématiques sont traitées parallèlement au sein de l’ARS », assure Christiane Bruel. Elle ne devrait être connue qu’en fin de semaine, alors que les ouvriers de 13 nationalités différentes doivent repartir vendredi en bateau. Mais le vaccin qui sera administré aux ouvriers « couvre un grand nombre de souches, il y a 80 à 90 % de chance qu’il soit efficace avec une immunité qui se fait en 10 à 15 jours ». Si le premier cas a été détecté le 9 janvier, l’alerte à l’ARS n’a été transmise que le « 28 janvier », assure-t-elle car il ne s’agit pas de « maladie à déclaration obligatoire ».
Y a-t-il un risque d’épidémie ?
L’ARS écarte « tout risque d’épidémie » de pneumocoque. « Le pneumocoque est une bactérie très fragile qui n’est pas facile à attraper. Il faudrait rester au moins une heure avec la personne et se faire postillonner dessus. Si une personne venait sur le chantier naval, elle aurait aussi peu de risque d’attraper un pneumocoque que lorsque vous prenez le métro ou vous faites les soldes », a voulu rassurer Christiane Bruel.
Comment est apparue cette bactérie de pneumocoque ?
Les personnes contaminées travaillent tous sur le Norwegian Cruise Line, un bateau de croisière norvégien. Certains sont logés sur ce paquebot, d’autres sur deux navires « hôtels ». D’où une certaine promiscuité qui a favorisé la transmission de la bactérie. « On s’interroge sur un facteur favorisant la transmission de cette bactérie : les conditions de travail. Ces ouvriers travaillent dans beaucoup de poussières, avec des solvants. Ils doivent porter des masques, mais ne le font pas toujours, ce qui peut altérer leur immunité pulmonaire », avance le professeur Philippe Malfait. Mais sur les 4.000 personnes du chantier « on ne saura pas d’où elle vient précisément, ces personnes sont trop itinérantes ».
Y a-t-il déjà eu d’autres cas ?
D’autres cas d’infections de pneumocoques ont été répertoriés en Finlande, en Norvège et en Irlande, à chaque fois sur des chantiers navals d’où l’hypothèse évoquée ci-dessus. « Une trentaine de personnes ont été infectées en Finlande et en Norvège, neuf en Irlande. Sans aucun décès », a détaillé Laurence Pascale. « Nous sommes en contact avec les armateurs et les responsables de chantiers afin de mettre en place des opérations de coordination européennes », a assuré Christiane Bruel. Une nécessité d’autant plus importante alors que les ouvriers doivent quitter Marseille vendredi en bateau, pour une destination inconnue pour l’ARS.